2008, puis crise de la dette des États et maintenant faillite de DEXIA, et… que faire demain ?

Cette triple crise (économique, financière et de la dette publique) alimente les discours des uns et des autres. De nouveau, une banque importante, DEXIA (banque des collectivités locales), est en situation de faillite (voir l’article de Daniel Munevar du CADTM dans ce même numéro).

Pratiquement tous les discours font comme si la situation était grave, mais que l’on va pouvoir colmater la brèche et maintenir le Système.
L’extrême droite développe l’idée d’une sortie nationale dans un seul pays tout en souhaitant maintenir les politiques néolibérales et exhalant leur corpus de haine de l’humanité.
La droite ordolibérale continue à dire que tous ses choix politiques anciens sont bons et que sans ceux-ci, cela serait encore pire alors que ce sont leurs choix anciens (et notamment le oui au traité au Lisbonne) qui sont directement responsables de la catastrophe en dominos qui s’annonce.
La gauche ordolibérale (PRG, majorité du PS,Europe Écologie les Verts inclus) continue elle aussi à défendre, comme la droite, les choix qui sont la cause du désastre qui s’annonce. Ils ont plutôt le vent en poupe surfant sur l’anti-sarkozisme qui se développe, mais ils ne prennent pas les enjeux à leur véritable hauteur qui demanderaient qu’ils reviennent sur leurs dogmes anciens. Ils se distinguent de la droite en souhaitant étendre le jeu de la cavalerie de la « patate chaude ». Explicitons ce nouveau jeu de l’ordolibéralisme:à chaque fois qu’une dette est trop grande et menace le système lui-même, on fait financer cette dette par un autre acteur. En 2008, on sauve de la faillite les banques spéculatrices en y injectant l’argent des États (qui n’est que l’argent qui sort du travail des salariés citoyens). Quand les États ont des dettes trop importantes, on fait financer ces dettes par les banques. Quand ce petit jeu ne marche plus par ce que les États développent de plus en plus des risques d’insolvabilité, les apprentis sorciers de la gauche ordolibérale continuent à croire que la « cavalerie de la patate chaude » va les sauver. Ils proposent de faire racheter les dettes des États par une mutualisation européenne (les fameux eurobonds). Et quand la mutualisation européenne ne pourra plus rembourser ses dettes, est-ce qu’ils proposeront de faire racheter la dette européenne par les étoiles du cosmos ?
Quant aux extrémistes de l’extrême centre, ceux qui ne sont ni de droite ni de gauche (qui sont donc de droite !), mais qui veulent travailler avec l’ensemble des ordolibéraux de droite et de gauche, ils ont pris une position encore plus anti-sociale que les autres en souhaitant la « règle d’or », la poursuite de l’européisme aveugle et le retour à l’équilibre budgétaire plus rapidement que les autres (ce qui veut dire encore plus d’austérité que les autres).
Ils nous restent les amis de Montebourg, du Front de gauche, des petits groupes avec peu d’influence, du mouvement social et politique des indignés et bien sûr de la base des luttes : le mouvement social et syndical. Même si d’aucuns peuvent estimer que, sur certains points, chez nos amis, il y a loin de la coupe aux lèvres.

Que faire alors ?

Travailler à comprendre le monde qui nous entoure, soutenir et développer les résistances au turbocapitalisme, travailler au modèle politique de dépassement du turbocapitalisme, travailler les alternatives, travailler à leur cohérence, ne pas se laisser distraire par la société du spectacle qui nous est offerte par les élites politiques, intellectuelles, médiatiques du moment.
Pour cela, il convient de ne pas rechercher la facilité. Pour cela, plusieurs points sont prioritaires :
1) Continuer à dire que le vote du 29 mai 2005 est structurant pour l’avenir même si les élites politiques, intellectuelles et médiatiques ne le disent pas. La quasi-unanimité des abonnés de ReSPUBLICA sait très bien que la solution aux problèmes économiques et politiques passe par un refus du cadre institutionnel et juridique installé par les soldats du turbocapitalisme. Il n’y a point de salut hors du choix effectué le 29 mai 2005 par 31,3 % des votants : le non de gauche au traité. Ce point doit être bien sûr lié à tous les autres combats nécessaires.
Ce point est incontournable. Les partisans du oui qui souhaitent vraiment le changement doivent admettre qu’ils se sont trompés ou qu’ils ont été trompés.
2) Combattre toute solution qui estime qu’une seule idée surplombante peut résoudre ou entraîner la résolution de l’ensemble des problèmes. Cette stratégie est vaine. La conséquence de cette stratégie et que seule la globalisation des combats permet de nous sortir de cette impasse. Donc ne nous laissons pas subjuguer par le primat de l’égalité hommes-femmes, ou le primat de la sortie de l’euro,ou le primat de la dépendance de la Banque centrale européenne par rapport au politique, ou le primat de la sortie du nucléaire, ou le primat des droits sociaux, ou le primat du montant du SMIC, ou le primat du candidat à la présidence de la République,ou le primat des luttes de base, ou le primat des luttes institutionnelles, ou le primat de la laïcité, ou le primat de la démocratie, ou le primat du pouvoir dans l’entreprise, le primat du respect et de la tolérance,ou le primat de la souveraineté, etc. En fait, la période demande de globaliser et de lier tous ses combats à la fois et surtout de ne pas les isoler. Si nous entrons dans une période de préparation au nouveau pli historique (qui ferait suite au précédent au 16e siècle), c’est bien la globalisation des combats qui est nécessaire aujourd’hui. Là est sans doute une grande part du chemin que doivent entreprendre nos amis. Il faudra arrêter d’être écartelé entre les alliances contradictoires conséquentes à chaque idée surplombante. Chevènement est tombé avec l’idée surplombante de la souveraineté. Beaucoup d’illusions continuent de se déployer aujourd’hui ici et là.
3) Déployer une stratégie, qui fasse le contraire de Terra Nova, le club de réflexion de l’ordo-libéralisme, à savoir, qui inclus la classe populaire (ouvriers, employés, représentant 53 % de la population française) dans l’alliance de classes nécessaire à la transformation sociale et politique. Pour cela, il faut tenir compte de la nouvelle géosociologie des territoires qui voient cette classe prendre toute sa place dans les zones rurales et périurbaines et décroitre fortement dans les villes-centres et faiblement dans les banlieues.
4) Il est nécessaire de soutenir les luttes sociales tant de la classe populaire que celles qui développent la volonté générale des citoyens.
5) Prioriser les initiatives d’éducation populaire tournées vers l’action comme tente de le faire le tout nouveau Réseau Éducation Populaire (REP) dont le site sera public dans quelques semaines.