« Guerre contre les peuples – Réflexions politiques d’un mouvement citoyen »

« Guerre contre les peuples – Réflexions politiques d’un mouvement citoyen » Ouvrage autoédité par le Collectif du Mouvement pour un Socialisme du 21e siècle (MS21), 181 pages, 5 €.

C’est un recueil de textes parus sur le blog du MS21 mais publiés par thèmes. L’intérêt de ce classement par thèmes est de permettre au lecteur de voir l’évolution de la pensée sur un thème donné d’un collectif citoyen au fur et à mesure du développement de l’actualité, évolution plus difficile à voir sur un blog. Par exemple sur la Grèce de la victoire électorale de Syriza en janvier 2015, puis du référendum jusqu’à la signature du mémorandum du 13 juillet 2015.

Différents sujets sont évoqués : la souveraineté et l’UE, les politiques d’austérité, la dette et l’euro, la désindustrialisation, la question écologique, le terrorisme, les attentats de 2015,la laïcité et la démocratie, la question internationale, le FN, l’éducation. A noter que le texte sur la COP 21 a déjà été publié dans notre journal Respublica car nous avions estimé alors que le satisfecit des médias néolibéraux étaient scandaleux. Partageant globalement la ligne directrice de l’ouvrage, nous n’utiliserons pas cette recension pour débattre sur les thèmes évoqués. Nous aurons l’occasion d’y revenir ensemble si le collectif le souhaite car ce livre est excellent pour lancer un débat profond sur ces sujets.
Nous pensons franchement que ce sont de bons textes pour l’éducation populaire et qu’il faut savoir les utiliser. Disons simplement que nous avons particulièrement apprécié la partie sur la désindustrialisation travaillé au sein de l’énigmatique « groupe Babeuf », bien que nous connaissions bien Jean-Pierre Escaffre. Et l’affirmation que « la laïcité et la justice sociale vont de pair. L’ultralibéralisme et la mondialisation s’attaquent à l’un et à l’autre » ou encore celle-ci « l’éloge de la consommation favorise la frustration. La frustration engendre la haine qui engendre la violence. C’est un autre projet de société qui doit être envisagé pour prévenir les dérives que nous constatons avec effroi. »
Nous partageons également l’idée de Joxe et de Badinter défendue dans l’ouvrage qu’il est préférable pour respecter les principes de la République sociale de capturer les terroristes et les juger comme cela s’est fait en Norvège avec l’attentat terroriste d’Anders Breivik (77 morts et 150 blessés) plutôt que d’éliminer et liquider les terroristes sans jugement. L’ouvrage note cependant que ce n’est toujours possible mais se demande si ce point ne devrait pas être étudié pour que cela soit possible.
Nous partageons aussi l’idée que « croire que l’exercice démocratique suffit à imposer la volonté populaire contre l’intérêt de l’oligarchie financière internationale pourrait bien relever d’une douce illusion. »

Nous souhaitons cependant de relever dans cette recension ce qui semble manquer dans ce livre. D’ailleurs, les auteurs sont convaincus de certains manques car ils écrivent qu’ils ne prétendent pas à l’exhaustivité en déclarant qu’ils n’ont pas abordés de nombreux sujets : « culture, féminisme, protection sociale, agriculture » (p. 8). Mais sans précision, on peut craindre que ces domaines, non étudiés à l’heure où nous écrivons, puissent être considérés par les auteurs comme secondaires. Ce point reste donc en question pour nous.

D’autres points n’apparaissent pas dans l’ouvrage. Par exemple, y-a-t-il une sortie de droite (comme le Brexit) et une sortie de gauche à l’UE et à la zone euro ? Pour nous, seule une sortie de gauche peut retrouver le chemin de l’émancipation.

Ou comme l’analyse du capitalisme et de ses lois tendancielles. Sans cette analyse fine, on risque de faire croire que seul le volontarisme politique suffirait pour réaliser l’alternative. Alors que nous croyons que, comme le montrent 2 500 d’histoire, les bifurcations économiques et politiques n’ont eu lieu que lors des crises paroxystiques qu’il convenait d’anticiper.

Ou comme la stratégie nécessaire pour parvenir à l’alternative. Nous avons compris que les auteurs refusent la stratégie du club « Terra Nova », estiment que la stratégie du « Front de gauche » qui a perdu près de deux millions d’électeurs par rapport à l’espoir du résultat de 2012 a conduit à son implosion. Mais les auteurs ne disent pas quelle est leur perspective stratégique pour s’engager sur le chemin de l’émancipation. Que pensent-ils des propositions d’Ernesto Laclau et de Chantal Mouffe, de la stratégie de Podemos, de celle de la France insoumise ou d’anciennes stratégies réactualisées pour le XXIe siècle?

En conclusion, c’est un livre à lire comme préalable à des débats indispensables. Par exemple, sur l’analyse du capitalisme et de ses lois tendancielles