La Troisième moitié de soi, de Mustapha Bouchareb

Mustapha Bouchareb vient de publier, aux éditions L’Harmattan (1)Éd. L’Harmattan, Paris, 2011, un recueil de vingt-trois nouvelles intitulé la Troisième moitié de soi.

À quelques exceptions près, les villes où se déroulent ces histoires ne sont guère nommées ou ne disent rien au lecteur. L’auteur tait également la plupart des noms des pays où elles pourraient se trouver. Prénoms et patronymes des protagonistes nous indiquent uniquement qu’il s’agit, pour la plupart, de pays arabes. L’intéressé a sans doute voulu donner un caractère universel à ses histoires, lesquelles pouvant se dérouler sous n’importe quels cieux.

De plus, la totalité des nouvelles de ce recueil connaissent des fins dramatiques, comme si ces dernières étaient inscrites dans le destin de certains de leurs personnages.

Ainsi, dansNuit pourpre,l’auteur nous fait part des graves méfaits  de la prise des psychotropes, ayant mené un groupe de jeunes à commettre un crime horrible  à l’encontre d’un modeste employé d’une station-service.

Dans Pèlerinage, le narrateur nous relate la disparition de sa femme, Sanna, durant leur pèlerinage à la Mecque. Il ne la retrouvera que quinze ans plus tard, grâce à la ténacité d’un jeune officier de la police saoudienne. C’est toutefois une femme que l’âge et les aléas de la vie ont fait autre. Et lui aussi.

Yamra : Le titre de cette nouvelle est la désignation péjorative par laquelle la bourgeoisie arriviste et féroce d’une contrée arabe affuble ses employées de maison. Celles-ci sont surexploitées et maltraitées, jusqu’à atteindre parfois l’irréparable. C’est le cas dans cette histoire où la patronne a battu à mort son employée, malade. Elle apprend, après-coup, que sa souffre-douleur avait été violée par son mari et l’avait mise enceinte.

Dans Loudun, c’est l’histoire d’un lycée de jeunes filles définitivement fermé suite à une crise collective de démence d’un bon nombre d’élèves qui sont allées jusqu’à tuer leur directrice ; le corps ne fut cependant retrouvé que bien des années après, dans des circonstances troublantes.

Dans Feu rouge, le narrateur nous montre comment la bêtise ainsi que le jugement arbitraire des policiers face à une banale infraction au code de la route peuvent entraîner des conséquences tragiques pour Sadek et Salwa, un couple ordinaire : la mort par inanition de leurs deux enfants en bas âges, après être restés seuls pendant plusieurs jours dans leur appartement.

L’enfer annoncé nous conte l’histoire d’une famille bourgeoise algéroise qui s’était soigneusement aménagée une sorte de bunker dans le sous-sol de sa villa, en prévision de bombardements par une puissance étrangère. Ironie du sort, au lieu de la protéger, ce bunker devint son tombeau.

La nouvelle, Une enfant de la guerre, nous révèle la confidence qu’une femme fait à sa voisine, expliquant la blessure toujours béante en elle depuis l’arrestation par l’armée d’occupation  ainsi que la disparition brutale de son père, résistant, alors qu’elle n’était qu’adolescente.

Dans Train de nuit, le lieutenant de marine Safta se procure, par voies détournées, des permissions de sortie de sa caserne et parcoure chaque week-end un millier de kilomètres afin de rencontrer sa fiancée dont il est fortement épris. Au cours d’un de ses voyages, il est confronté à un événement insolite.

Cette recension est loin d’être exhaustive ; les lecteurs auront le plaisir de découvrir plusieurs autres nouvelles.

Mustapha Bouchareb, d’origine algérienne, enseigne depuis longtemps la linguistique appliquée anglaise à l’université de Riadh, en Arabie saoudite. Il a déjà publié deux romans : Fièvre d’été et Ciel de feu ; ainsi qu’un recueil de nouvelles, Ombres dans le désordre de la nuit.

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Éd. L’Harmattan, Paris, 2011