Progressisme sociétal : et si les parlementaires d’EELV pouvaient servir à quelque chose ?

Nous ne devons rien attendre des parlementaires d’EELV sur le terrain de l’écologie politique, eux qui sont tenus d’avaler des couleuvres jusqu’à l’indigestion du fait de l’accord qui les lie au PS contre un nombre substantiel de députés, en tout cas sans commune mesure avec le score de leur championne à la Présidentielle.
Ces libéraux-progressistes pourraient néanmoins jouer un rôle positif. Non pas en ratifiant avec enthousiasme le TSCG, mais en poussant la majorité à tenir ses engagements en matière de progrès sociétal.
On le sait, les élus et militants d’EELV sont sur ce terrain-là en pointe dans le champ politique, avec le renfort de quelques libéraux du PS.
Si l’on ne peut que regretter que le progressisme sociétal émane des mêmes courants qui prônent le libéralisme économique, nous n’allons pas pour autant négliger de suivre leurs propositions, ni même de saluer celles qui nous paraissent aller dans le bon sens.
C’est précisément le cas de la Proposition de Loi sénatoriale n°745 « visant à l’ouverture du mariage aux personnes du même sexe et à l’ordonnancement des conditions de la parentalité ».
Sur la forme, l’exposé des motifs est argumenté et cohérent. Il expose parfaitement la problématique et propose d’y répondre par une Loi précise et exhaustive.
Sur le fond, la direction est claire, c’est celle du mariage pour tous, agrémentée, et c’est à saluer, de propositions d’avancées sur la parentalité (adoption et autorité parentale notamment) et la procréation médicalement assistée (accès aux couples de lesbiennes, mais sans autoriser la gestation pour autrui). Nous avons donc à faire à un texte cohérent et aboutit.
Il convient maintenant d’aborder ce texte d’un point de vue stratégique. En effet, la position républicaine laïque et sociale ne peut être de revendiquer « le mariage pour tous », mais une position universaliste d’égalité en droit de toutes les unions et de tous les enfants. Le mariage est une institution créée par les religions et cultivée par le système patriarcal, l’ouvrir aux couples homosexuels n’est donc pas a priori la manière la plus pertinente de parvenir à l’unification du statut civil, social et fiscal de tous les couples. La question est donc de savoir si cette Proposition de Loi nous en rapproche ou nous en éloigne. Étant donné la forte adhésion de la population au « mariage pour tous » et la montée en puissance du lobby clérical contre lui, cette proposition serait sans conteste une avancée sur laquelle il serait possible de s’appuyer à l’avenir pour aller encore plus loin, c’est-à-dire en finir avec le mariage comme institution. Ouvrir pour mieux détruire, tel est le pari qui s’offre à nous aujourd’hui.
Le Président de la République a montré qu’il ne serait pas très engagé sur les évolutions sociétales, avec un premier signal négatif représenté par la désignation de la mission Sicard sur le droit de mourir dans la dignité. Il convient donc d’être vigilant et offensif pour le rappeler à ses promesses de campagne et aux attentes de ses électeurs. Les parlementaires d’EELV, bâillonnés sur l’écologie, comblés sur le libéralisme économique, seront peut-être l’aiguillon qui permettra à la majorité de tenir ses engagements en matière de progrès sociétaux.
Il faudra pour autant bien sûr être vigilant à ce que le progressisme sociétal ne soit pas le paravent à la poursuite de la régression sociale. Mais le combat pour une législation progressiste qui prenne en compte l’évolution des modes de vie et fasse progresser l’égalité est un combat républicain, et seule une majorité de gauche peut le concrétiser. C’est aussi une nécessité pour notre société !