Que s’est-il dit au Sommet pour un plan B (Paris, 23-24 janvier 2016) ? Une synthèse

Nous avons déjà indiqué dans ReSPUBLICA pourquoi à notre sens ni le plan A ni le plan B ne permettent  la transformation sociale et politique. Voir en particulier Zone euro : le plan C entre dans le débat
La Rédaction

Lire le document complet, établi sur la base d’une prise de notes par Y. Thiébaut et qui porte sur les séances plénières et les tables rondes : « L’euro à quelles conditions », « Pour reconquérir une souveraineté économique », « Audit, moratoire, défaut : pour maîtriser les outils », « Pour reconquérir une souveraineté économique ».
En voici un brève synthèse opérationnelle :

On peut voir en Grèce mais aussi en Tunisie l’ordo-libéralisme à l’œuvre sans frein. Comme l’avait prédit Mendès-France, ces dérives sont inscrites dans le Traité de Rome et sont parachevées par les traités de libre échange type TAFTA. C’est le tableau futur de la France et de toute l’Europe si on laisse faire.
La souveraineté est incompatible avec l’ordo-libéralisme. Les peuples doivent redonner la suprématie du politique sur l’économie, c’est le fond du plan B. Il faut donc sortir de cette Europe, mais par l’Internationalisme car le capitalisme est organisé mondialement, même si le cadre de l’État-nation peut favoriser cette transition, ou qu’il s’avère point de passage obligé. Il s’agit de souveraineté populaire et non de souveraineté nationale, elle n’est pas de droite. Toutefois cela ne signifie pas qu’il faille attendre que tous les pays soient synchrones, mais toutes les forces de gauche devront soutenir les pays qui rentrent en rupture. L’objectif d’une nouvelle Europe est largement partagé, mais son degré d’intégration n’était pas au menu de ces tables rondes.

Unanimité pour dénoncer les traités et pour penser qu’une rupture préalable est nécessaire, qui passe par la reprise de souveraineté sur les banques centrales, le moratoire du service de la Dette et le lancement de son audit. Les citoyens doivent contrôler en permanence la formation de la dette publique qui n’est pas nécessairement souscrite auprès des marchés à condition de recouvrer souveraineté monétaire et souveraineté des choix politiques.

De façon unanime, l’audit citoyen apparaît comme un droit de même que la protection des droits de l’homme. Les gouvernements de tous les pays sont actuellement tenus de veiller à ce que les mesures économiques ne contreviennent pas aux droits de l’homme dans le pays sur lequel ces mesures portent. Le dossier est solide sur le plan juridique et sera une arme dans la confrontation à venir.

La question de l’euro est totalement seconde par rapport à ces enjeux, sa disparition est sans doute nécessaire en tant que verrou des traités mais absolument pas suffisante.
D’aucuns approuvent le principe de la monnaie commune comme objectif plus ou moins lointain et se partagent en deux groupes.
Le premier groupe (J. Généreux, E. Brancaccio, M. Albiol Guzman, JLM) penche vers la réforme fondamentale des traités dans le sens de la solidarité, revenir sur la libre circulation des capitaux et des biens, appliquer en gros les objectifs de programme du PG…On cherche une autre UE, la question de l’euro est seconde sans être secondaire.
Le deuxième groupe (O. Lafontaine, M. Amato, M. Höpner, S. Fassina) préconise de changer le fonctionnement de l’UE sans qu’il soit forcément nécessaire de passer par une phase de modification formelle des traités : ré équilibrer les échanges intra-européens en faisant porter l’effort autant sur les pays excédentaires que sur les autres, par divers moyens techniques, dé financiariser l’économie, prévoir des transferts, niveler les taux d’intérêt…On cherche à corriger les défauts rédhibitoires et génétiques de l’UE.

D’autres (N. Willumsen, F. Lordon et E.Toussaint) semblent penser que l’euro n’est même plus possible, alors que F. Lordon avait popularisé la notion de monnaie commune dans son livre « La malfaçon ». L’euro est incompatible avec une démocratie solidaire. Ce serait stop à l’euro, en finir au plus vite avec ce qui a été une erreur, appliquer les mesures de souveraineté populaire et ensuite réfléchir aux formes de coopérations européennes possibles.

La contribution du PG au sommet est dans la logique du premier groupe. Elle table que le rapport de force permettra de s’affranchir des contraintes actuelles symbolisées par l’euro le temps de bâtir une autre UE quitte à adapter l’euro en monnaie commune. Les pistes éco-techniques évoquées par le groupe 2, peuvent représenter des étapes utiles vers cette autre UE, mais ne suffiront pas. Il faut se préparer à l’éventualité évidente aux yeux du troisième groupe de revenir à une monnaie nationale, ce qui n’est pas un but en soi mais la conséquence du choix de la démocratie dans le contexte actuel. C’est l’ensemble de la démarche qu’on appelle maintenant plan B.
Dans ce cadre, le plan A recouvre des aménagements possibles sur le chemin d’une autre UE totalement à redéfinir, des éléments de confrontation, mais n’est pas, n’est plus depuis la crise grecque, une heureuse alternative au plan B.

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