Qui était Gerda Taro ?

Cette année 2019 est devenue aussi, rappelons-le, celle de la Retirada : la célébration du 80e anniversaire de l’exil républicain espagnol de 1939. Il est bon de souligner dans cette guerre révolutionnaire, le rôle des femmes qui pour certaines se prolongera même, en France, dans la Résistance. Alors, reparlons de l’une d’entre elles, trop souvent restée dans l’ombre, Gerda Taro.
Certes, il y eut ce parcours émouvant racontée pour la première fois par Irme Shraber qui recevra en 2006 le prix Kodak pour sa biographie : « Gerda Taro : Une photographe révolutionnaire dans la guerre d’Espagne ». Certes il y eu aussi en 2006  le splendide ouvrage de François Maspero, « L’ombre d’une photographe ».  Et puis en 2018, le prix Strega, l’équivalent italien du Goncourt en France, qui a été décerné à une femme (une première attendue depuis quinze ans), Helena Janeczek, pour son  roman, « La ragazza con la Leica » . Mais donnons aujourd’hui la parole à une amie écrivaine, Nane Vézinet, pour redonner vie à Gerda Taro :

«  …. Née, d’une famille juive en Galicie en 1910, elle ressent très tôt l’antisémitisme, rejoint Paris en 1934, fréquente les écrivains antifascistes exilés, y fait la rencontre d’un très jeune photographe, André Friedmann, juif comme elle. Particulièrement douée, elle apprend avec lui la photographie, et lui trouve le pseudonyme de Robert Capa. Tous deux couvrent les manifestations qui donneront naissance au Front Populaire.1936 : Guerre d’Espagne; leurs photographies les font connaître dans le monde entier, mais toutes sont signées d’un seul nom : Capa. Or Gerda, jeune femme indépendante, talentueuse autant que courageuse, est la première femme reporter de guerre : Madrid, Malaga, Valence, Cordoue, elle photographie la guerre dans toute son horreur, le peuple souffrant, la mort.Pour témoigner, elle affronte tous les dangers. Au front, elle prendra tous les risques et mourra à Brunete, écrasée sous les chenilles d’un char de combat, en juillet 37. Toutes ses photos  seront mélangées à celles de Capa, qui en 1940 fuit à son tour le fascisme ; 3 000 négatifs sont abandonnés dans son atelier, puis transportés dans une valise au Mexique, retrouvées  60 ans plus tard mais toutes signées de Capa. Irme Schaber, la biographe de Gerda Taro, a exhumé et identifié quelques 300 photographies où éclate le talent de Gerda Taro, enfin réhabilitée. »

D’après : « Rebelles » de Nane Vézinet et Rolande Causse, paru aux éditions du Rocher en 2012 (portraits de 16 femmes ou groupes de femmes, rebelles et militantes pour plus de justice et de liberté, notamment en tant que femmes).

 

Deux vidéos :

https://www.youtube.com/watch?v=Cf9weX4m3h (en langue castillane)

https://www.youtube.com/watch?v=rCEznE3Esmk