La gauche face au durcissement de toutes les droites (TLD)

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Contrairement aux mensonges des médias dominants, le couple Macron-Lecornu prépare un durcissement austéritaire derrière le paravent mensonger d’un accord avec le PS. Conformément aux prévisions des éditos précédents de ReSPUBLICA, le Sénat détricote le pseudo-accord Lecornu-PS pour que le solde budgétaire 2026 se retrouve aux alentours du montant proposé par Bercy (avec un déficit de 17,5 milliards d’euros pour les prévisions 2026), que le tandem Macron-Lecornu avait présenté avant la première lecture à l’Assemblée nationale.

Aggravation austéritaire par le Sénat

Notons que l’Assemblée nationale a transmis au Sénat un solde budgétaire avec un déficit d’environ 24 milliards d’euros pour les prévisions 2026. Pour y arriver tout en protégeant la croissance exponentielle des inégalités sociales, le Sénat a organisé un forcing austéritaire de grande ampleur. À noter que cette séquence ne peut s’expliquer que par la conjonction de deux armes essentielles toujours dans les mains de l’extrême centre, gérant de l’oligarchie capitalistique : la maîtrise de l’ordre du jour du Parlement et la Constitution anti-démocratique de la 5e République.

La prochaine séquence sera donc le passage à une commission mixte paritaire (CMP) de 7 députés et de 7 sénateurs dans laquelle la gauche sera largement minoritaire. Deux cas peuvent se présenter : soit cette CMP prend une position majoritaire hyper austéritaire, soit elle n’y arrive pas. Dans les deux cas possibles : soit une austérité +++, soit une loi spéciale reprenant pour 2026 le budget austéritaire de 2025, soit le binôme Macron-Lecornu revient sur ses promesses de ne pas utiliser les articles 47 (pour les ordonnances) et 49 (alinéa 3), car le RN refusera, lors du retour du vote à l’Assemblée nationale, les budgets afin d’obliger le retour aux urnes pour des législatives anticipées. Avec une censure toujours possible.

Le tandem Macron-Lecornu prépare un projet de loi sur une allocation sociale unique dès le mois de décembre 2025. Un scandale pur !

Et voilà le retour du serpent de mer : l’allocation sociale unique, qui n’est que le nouveau nom du revenu universel de base. Il s’agit pour le Premier ministre de rassembler le RSA, la prime d’activité et les aides au logement de la Sécurité sociale. Avec une règle de base : le total ne pourra pas dépasser 70 % du SMIC. L’objectif, dans un deuxième temps, est de rajouter la prestation adulte handicapé (AAH), la prestation de solidarité des personnes âgées (ASPA) et l’allocation de soutien familial (ASF). Et ainsi de suite !

Et oui, tout cela n’est que la version concrète du « revenu de base » tant vendu par une partie de la gauche ! Allez, 1 000 euros pour tous les Français, soit 816 milliards d’euros par an non financés sauf par la planche à billets ! Tout élève de première année en économie sait que cela procèdera alors d’une hyperinflation. Sauf dans un cas, que le monétariste Milton Friedman a prévu dans Capitalisme et Liberté en 1962, c’est-à-dire pour solde de tout compte en finançant par la fusion des aides déjà fournies ! En un mot en remplaçant, petit à petit, la Sécurité sociale par une allocation sociale unique qui pourra alors baisser d’une année sur l’autre en baissant le plafond de celle-ci !

Après la croissance de la pauvreté, voilà la montée de l’extrême pauvreté

Le nombre de ménages en extrême pauvreté aurait augmenté, passant de 2,3 % en 2002 à 3,5 % en 2017, puis à 4,1 % en 2023 !

Après les statistiques de l’Insee qui ont montré la croissance de la pauvreté (15,4 % de la population sous le seuil de 60 % du niveau de vie médian), voilà le document du Secours catholique publié le 20 novembre 2025(1)https://www.secours-catholique.org/m-informer/nos-positions/notre-etat-de-la-pauvrete-en-france-2025. qui montre la montée de l’extrême pauvreté (soit en dessous du seuil de 40 % du niveau de vie médian). On remarque dans ce dossier la tendance selon laquelle les pauvres s’appauvrissent de plus en plus depuis une dizaine d’années (une centaine d’euros en moyenne, inflation déduite, de baisse en dix ans). Le nombre de ménages en extrême pauvreté aurait augmenté, passant de 2,3 % en 2002 à 3,5 % en 2017, puis à 4,1 % en 2023 !

Pour le Secours catholique, le traitement de plus en plus lent des demandeurs d’asile, la restriction des régularisations, la croissance du nombre de sans-papiers, l’augmentation des taux de non-recours aux droits, les réformes de l’assurance-chômage et du RSA en sont la cause. L’augmentation de la pauvreté est surtout sensible chez les femmes (16,1 %), majoritaires chez les pauvres, ajoute le Secours catholique. Pour l’association, cela est dû à la précarité importante du travail féminin et du coût de la séparation et de la charge des enfants.

La lecture de cette étude devrait nous révolter ! Quand on voit et entend ceux qui lèvent le ton sur l’assistanat « scandaleux », qui soutiennent les politiques qui ont permis aux plus riches de payer moins d’impôts que les classes populaires et moyennes, qui veulent maintenir ce système immoral et insensible à la pauvreté et à la misère, on est abasourdi d’écouter en même temps sur les chaînes d’information continue la peur de la bourgeoisie d’assister à l’arrivée des chars russes sur les Champs-Élysées alors qu’ils seraient en train de visiter la boutique Vuitton !

Plus vous êtes riches, plus vous vous enrichissez !

Une étude de la banque Postale datée du 27 octobre 2025(2)https://www.labanquepostale.com/content/dam/lbp/documents/etudes/eco/rebond/2025/rebond-octobre-flux-placements-d%C3%A9ciles.pdf. montre la montée exponentielle du patrimoine des ménages riches ; plus on est riche et plus la croissance du patrimoine est forte. Là encore, quand on regarde d’où vient cet enrichissement, la réponse est visible comme le nez au milieu de la figure : cela est dû à « la très forte dynamique du patrimoine professionnel ». Nous décidons de ne mettre dans ce paragraphe aucun chiffre, compte tenu de leur caractère exorbitant, et renvoyons nos lecteurs au document ci-dessus.

Quand on pense aux députés et sénateurs, soit la grande majorité des parlementaires, qui ont voté contre la petite loi dite Zucman ou pour la défense de la loi Chirac-Raffarin-Dutreil, qui a permis la transmission des grands patrimoines familiaux avec 75 % d’impôts en moins, on comprend la colère qui monte et le fait que la probabilité que cela se termine mal augmente.

Quant à l’épargne, l’augmentation des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) depuis 2023 a accéléré la croissance des inégalités : les riches en ont bénéficié alors que les plus modestes ont dû piocher dans leurs économies.

Mais alors, que fait la gauche ? Est-elle à la hauteur des enjeux ?

Après la mort du Nouveau Front Populaire (NFP), la gauche semble depuis cette semaine se diviser en 3.

D’abord, la mise en orbite de la campagne présidentielle du candidat Jean-Luc Mélenchon, soutenu par la France insoumise.

Ensuite, le regroupement de Pontoise avec Place Publique et Raphaël Glucksmann, la Convention et Bernard Cazeneuve, François Hollande et Carole Delga pour regrouper une alliance dite « sociale-démocrate ».

Et enfin, le camp dit « unitaire » préparant un « Front Populaire 2027 » s’est rencontré à Bagneux, puis à Trappes avec le Parti socialiste et Olivier Faure, « Debout ! » et François Ruffin, Les Ecologistes et Marine Tondelier, L’Après avec Clémentine Autain ainsi que l’ex-Première ministre proposée par le NFP, mais jamais nommée, Lucie Castets.

Les premiers font cavaliers seuls pour la présidentielle 2027 (et sont hostiles à toute primaire), mais se présentent également seuls dans la plupart des villes (grandes et moyennes) aux élections municipales avec pour objectif de constituer un groupe au Sénat à la suite des élections dans la chambre haute en septembre 2026. Les deuxièmes sont hostiles à toute primaire pour la présidentielle et comptent se retrouver pour affiner leur stratégie. Les troisièmes préparent une élection primaire qui aura lieu à l’automne 2026.

Concernant les municipales, c’est plutôt la dispersion. Le PS présentera une liste dans toutes les grandes villes et villes moyennes et nouera dans la plupart des cas une alliance avec les communistes. Les écologistes présenteront soit une liste séparée, soit une alliance avec d’autres partis de gauche. Quant aux deux petits partis, ils tenteront de s’allier avec une liste de gauche suivant les contacts pris localement. « Debout ! » souhaite utiliser le critère de la liste la plus unitaire localement.

Déjà des sondages

Mais les organismes de sondage ont déjà entrepris de tester le suivi des sondages sur Raphaël Glucksmann et Jean-Luc Mélenchon, tous deux crédités de scores à deux chiffres, alors que Marine Tondelier est loin derrière. Probablement, dans les semaines qui viennent, François Ruffin sera plus souvent testé. Et l’on verra si cet actuel meilleur candidat de gauche au deuxième tour, selon les sondages, est en mesure de le devenir dès le premier tour. En tout état de cause, nous pensons que la primaire qui sera organisée au mois de décembre 2026, est prévue bien tard… et que trois candidats de gauche au premier tour, cela fait peut-être trop pour être présent au deuxième.