Union européenne : Qatargate et maintenant Ursula van der Pfizer

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Le jeu de mots du titre de cet article est dû au chroniqueur sur Europe 1, Vincent Hervouet… Car il y a un soupçon de corruption entre Albert Bourla, PDG de l’entreprise pharmaceutique Pfizer, et la présidente de la Commission européenne qui se prend, à la faveur de la crise due à la pandémie (Covid-19) et de la guerre en Ukraine déclenchée par l’autocrate Vladimir Poutine, comme la présidente de l’Union européenne – ce qu’elle n’est pas.

Ce soupçon se trouve renforcé par le refus de la Commission de jouer la transparence prétextant du fait que les SMS échangés entre Pfizer et Ursula van der Leyen seraient introuvables. Même la médiatrice européenne, Emily O’Reilly, y va de critiques légitimes : « Cette façon d’agir ne répond pas aux attentes en matière de transparence et de normes administratives au sein de la Commission », après avoir déploré « qu’aucune tentative n’a été faite pour identifier si les textes en question existaient ». C’est une déclaration qui date de juillet 2022,

Le fond de l’affaire, supposément de corruption en attendant confirmation, repose sur l’achat à Pfizer/BioNTech par la Commission de de 1,8 milliard de doses de vaccins contre le Covid-19 au prix surévalué de 19,50 € au lieu des 15,90 € à l’origine. En tout, la Commission a passé commande de 10 doses par Européens. La question se pose : pourquoi autant de doses et à ce prix ? 

L’autre interrogation légitime pour toute personne soucieuse de l’indépendance des médias est de connaître les raisons pour lesquelles, après le site d’investigation Netzpolitik, c’est le journal, New York Times qui, s’appuyant sur l’article 42 du droit européen (1)« Tout citoyen de l’Union ainsi que toute personne physique ou morale résidant ou ayant son siège statutaire dans un État membre a un droit d’accès aux documents des institutions, organes et organismes de l’Union, quel que soit leur support. », exige la transmission des échanges de SMS. Pourquoi aucun des nombreux journalistes européens accrédités à Bruxelles n’a-t-il pas procédé à cette demande ? Pourquoi aucun des nombreux journaux influents des pays membres de l’Union européenne n’a-t-il engagé cette démarche conforme à l’esprit démocratique dont targuent les institutions européennes ? Y aurait-il une sorte d’« intimité incestueuse » (2)Expression utilisée par Vincent Hervouet dans sa chronique éditoriale. entre ces journalistes et ces mêmes institutions, dont la Commission européenne ?

Un autre signe éventuel de corruption révélé par le média allemand Weld.de est le financement de 320 millions de dollars accordé par la Commission au laboratoire Orgenesis, dirigé par Heiko von der Leyen, le mari de la présidente… N’y aurait-il pas là encore une situation de conflit d’intérêts ?

Toutes ces affaires, que la situation de corruption soit avérée ou démentie, montrent qu’à l’échelon national ou européen le système économique ultralibéral porte en lui l’avidité jamais rassasiée de profit maximum sur le dos de l’intérêt général et des peuples. Les profits des compagnies pétrolières – sanctions économiques obligent – qui loin de réduire les capacités économiques russes se retournent contre ses auteurs, et des firmes pharmaceutiques ainsi que des laboratoires n’ont jamais été aussi hauts.

Seules des régulations drastiques, fortes socialement et démocratiquement, sont en mesure de maintenir dans le droit chemin de l’intérêt public les détenteurs de capitaux.

Demander aux grandes entreprises capitalistes de respecter une certaine déontologie, comme aiment à le faire les membres du gouvernement macroniste, relève du vœu pieux. Seules des régulations drastiques, fortes socialement et démocratiquement, sont en mesure de maintenir dans le droit chemin de l’intérêt public les détenteurs de capitaux. Les biens communs, leurs productions et leurs gestions devraient relever de la propriété sociale et nationale sous le contrôle des salariés, des usagers et de la représentation nationale.

L’attitude complaisante de la très grande majorité des médias européens en général et français en particulier est révélatrice de l’état de soumission à l’égard de l’oligarchie financière. Une démocratie vivante devrait se pencher sur cette question primordiale pour les principes républicains. Les journaux sont considérés comme le quatrième pouvoir. Force est de constater que ce n’est plus le cas, inféodés qu’ils sont aux milliardaires ou à l’État qui leur accorde des subventions pour mieux les contrôler et influer sur l’orientation des débats.

Enfin, la Commission européenne devrait balayer devant sa porte. Elle qui est si prompte à dénoncer les atteintes aux valeurs démocratiques chez les autres, n’est pas exempte de défauts, entre le Qatargate et les liens « étranges » entre Mme van der Leyen et le PDG de Pfizer.

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 « Tout citoyen de l’Union ainsi que toute personne physique ou morale résidant ou ayant son siège statutaire dans un État membre a un droit d’accès aux documents des institutions, organes et organismes de l’Union, quel que soit leur support. »
2 Expression utilisée par Vincent Hervouet dans sa chronique éditoriale.