Ce livre (14 euros, 120 pages) est publié par l’Harmattan. Salika Amara, de son nom de plume Salih Mara, fut la cofondatrice de la “Marche de l’égalité des droits et contre le racisme” de 1983. Cette marche historique fut bâtie sur une dynamique laïque. Comment se fait-il que, 32 ans plus tard, Salika Amara appose sa signature via les « Fils et filles de la République » qu’elle préside à un appel pour un meeting contre “l’islamophobie” le 6 mars dernier aux côtés des obscurantistes néolibéraux de l’UOIF, des associés de l’extrême droite catholique dans la Manif pour tous comme PSM et des ultra-communautaristes favorables à une ségrégation “racialisée” comme les Indigènes de la république? Il a vraiment fallu l’incapacité du corps social français à répondre positivement à ce que fut cette marche remarquable de dignité de 1983 pour en arriver là. Mais c’est une autre histoire.
Revenons au recueil des nouvelles renvoyant à la situation des femmes algériennes des années 80. L’image des pères et des frères en Algérie n’est pas reluisante. Sauf dans une des nouvelles où le frère sauve la mise, ces histoires vécues de la domination paternelle, et de celle du frère qui veut ressembler au père, explicitent de façon émotionnelle la situation de dominées des femmes de la maison, dont la reproduction est assurée par les mères qui en assurent la transmission.
Inceste par le frère, mariages forcés, viols légalisés, fugues pour sortir de l’enfer, tout est présenté dans ce recueil de nouvelles tant en France qu’en Algérie.
Ce sont des fictions, mais elles relatent mieux la réalité que nombre d’ ouvrages de sociologues français. Comme la lecture de Balzac éclaire mieux sur la réalité de la bourgeoisie française au XIXe siècle que nombre d’articles d’historiens.
A lire seul, à lire en atelier de lecture, et surtout à débattre…