ReSPUBLICA au seuil d’une année charnière

2015 aura marqué un nouveau tournant pour le pays. La naissance du non de gauche le 29 mai 2005 , la crise de 2007-2008 qui laisse cette gauche sans réponse, les grandes mobilisations de 2010 sur les retraites qui n’ont pas arrêté le mouvement réformateur néolibéral, la bonne surprise des 11 % du Front de gauche à la présidentielle de 2012, puis les attentats de 2015 et les élections régionales de décembre 2015 : le point de non-retour de la décomposition de la gauche de la gauche est atteint.

Sans visibilité sur les lignes stratégiques qui seront adoptées pour l’élection présidentielle de 2017, et sauf à sombrer dans le gauchisme, maladie infantile de la transformation culturelle, sociale et politique, ReSPUBLICA va poursuivre avec vous, en 2016, l’analyse des faits, la recherche d’un modèle politique et du discours à porter par une « gauche de gauche ».

La nécessité de la double rupture que votre journal promeut depuis longtemps en politique intérieure comme pour les pays atteints par les intégrismes – rupture anti-capitaliste et rupture anti-communautariste – n’a-t-elle pas progressé auprès des militants et des citoyens, en partie sous l’effet des événements de janvier et novembre ? Nous voyons se renforcer les courants laïques des organisations de l’Autre gauche dont des représentants nous ont contactés pour travailler ensemble : ce n’est pas le moment de suivre les extrémistes de l’extrême centre qui croient encore à la possibilité d’un compromis avec les Indigènes de la République ! Nous ne pouvons plus par ailleurs nous satisfaire du discours antilibéral, c’est bien le discours anticapitaliste qui est nécessaire lorsqu’on porte attention aux lois tendancielles du mode de production. (suite…)

L’approche de Pablo Iglesias sur quelques grandes questions politiques : florilège Choix de textes traduits et présentés par Alberto Serrano

Pablo Iglesias, quelques jours avant le scrutin du 20 décembre, recevait les journalistes du quotidien en ligne « Publico » dans son désormais célèbre mais toujours modeste appartement, hérité de sa grand-mère, dans le quartier populaire madrilène de Vallecas. La forme et le fond Interrogé sur le ton très rude et la…

Combattre efficacement le FN : avec la gauche de gauche… si elle existe !

Ce n’est pas avec le social-libéralisme que le FN sera battu. Car le FN fait son beurre sur les ravages causés par les gestions néo-libérales : insécurités physique, sociale et culturelle, relégations territoriales, dislocation des repères symboliques, absence de perspective politique progressiste. Les promesses économiques du FN sont connues : taxation de 15% des résultats nets des 50 plus fortes capitalisations boursières, nationalisation des banques, création de nouvelles tranches d’impôts sur les hauts revenus, augmentation de 200 euros des salaires inférieurs à 1,4 SMIC, retraite à 60 ans. Ce « programme économique », assorti de l’idée que l’immigration est  l’arme du grand capital  « pour peser à la baisse sur les salaires et les droits sociaux des travailleurs français », ne peut être que populaire. Il a fait partie des munitions dont le FN s’est doté pour récupérer le 6 décembre 2015 des centaines de milliers de votes ouvriers et employés qui allaient naguère à la gauche. Avec sa phraséologie huilée et bien adaptée aux souffrances sociales, il peut aujourd’hui escompter, pour les prochaines échéances électorales, accentuer le passage des couches populaires de la gauche à l’extrême droite, en conquérant les suffrages d’ouvriers et employés qui se sont abstenus le 6 décembre. (1)Voir la chronique d’Evariste dans le n° 798.

C’est pourquoi le premier axe de notre travail d’éducation populaire est de montrer que le programme économique du FN est une immense escroquerie, puisqu’il ignore la réalité de la crise structurelle qui mine le capitalisme et qu’il impute l’austérité aux seuls intérêts du capital et de la finance. Au lieu de proposer une autre politique favorable aux couches populaires, il maintient la croyance fataliste dans la légitimité des possédants.

(suite…)

Notes de bas de page

« A demain Gramsci », de Gaël Brustier

En cette fin d'année morose pour les républicains en général et la gauche en particulier, voila un livre à recommander pour ceux qui croient encore en la possibilité d'une gauche des idées tournée vers l'action. Avec A demain Gramsci (édition du Cerf, 2015), Gaël Brustier nous livre une analyse aussi…

Venezuela : la défaite bolivarienne aux élections législatives

Le président Chavez avait largement remporté les élections d’octobre 2012, avec environ 8,2 millions de voix contre un peu moins de 6,6 millions pour l’opposition. L’élection de son successeur Maduro avait été gagnée avec environ 7,6 millions de voix contre un pu moins de 7,4 millions de voix. À la…

Élements de géopolitique pétrolière

Nous savons depuis longtemps que, dans notre formation sociale capitaliste, les guerres impérialistes en Irak, en Libye, en Syrie sont principalement dues aux nécessités de contrôle de la production énergétique par les multinationales pétrolières et gazières. Voilà pourquoi les États-Unis ont engagé ces guerres, avec des soutiens de la plupart…

Réapprendre à lire. De la querelle des méthodes à l’action pédagogique, de S. Garcia et A.-C. Oller

Tout le monde est aujourd'hui obligé d'admettre que notre système éducatif connaît de graves difficultés. Très médiatisées, les enquêtes internationales montrent en effet sans conteste (malgré tous leurs défauts) que ses résultats d'ensemble sont très médiocres et qu'il contribue à aggraver, au lieu de les atténuer, les inégalités scolaires d'origine…

Fonds de pension et démographie

Les partisans des fonds de pension répètent que la « Répartition » dépend de la démographie en oubliant que la « retraite par capitalisation » en dépend tout autant. Sans citer à ce propos toutes les bourdes de Mme Parisot ou de M. Gattaz, du Medef, sur le sujet, celle…

Régionales 2015 : le processus de décomposition de la gauche de la gauche est engagé

Deux dates ont marqué positivement l’histoire de l’Autre gauche en notre siècle. Les 31,3 % du non de gauche le 29 mai 2005 et les 11,1 % du score de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2012. Dans le premier cas, les pitreries des comités anti-libéraux ont anéanti cette inédite massification, supérieure au non de droite et d’extrême droite, au oui de gauche ou au oui de droite. Dans le deuxième cas, l’anéantissement eut des causes multiples : les pitreries du gauchisme, maladie infantile de la transformation culturelle, sociale et politique, la confusion savamment entretenue entre la nécessité de lutter contre tous les racismes (dont celui qui est anti-musulman) et la soumission idéologique d’une partie de la gauche de la gauche au communautarisme des Indigènes de la république et aux positions réactionnaires des Frères musulmans, la prolifération des projets magiques irrationnels des Yaka et des Faukon censés nous donner les clés du paradis, la schizophrénie d’une partie des élus communistes qui critiquent avec vigueur le gouvernement mais qui acceptent une solidarité de gestion sans faille avec les socialistes tant décriés.

Résultat : toute la « gauche » (y compris les socialistes) représente aujourd’hui autour de 30 % des électeurs inscrits. Le Front de gauche a perdu plus de la moitié des électeurs de 2012. C’est donc une bérézina. La décomposition de la gauche de la gauche est largement engagée. Cette gauche de la gauche ne s’en relèvera pas tant la refondation nécessaire demanderait d’inversions des priorités, de nouvelles stratégies et pratiques sociales. Nous y reviendrons en fin d’article.

(suite…)

« Un partenariat indigne des valeurs affichées par l’Éducation nationale »

Lundi 30 novembre 2015, la ministre de l'Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la recherche Najat Vallaud-Belkacem a annoncé la signature d'un partenariat entre Microsoft et son ministère. Les organisations signatrices [sic] de ce communiqué dénoncent une collusion d'intérêts : ce partenariat prévoit de présenter une fois de plus aux élèves…

Daech, état d’urgence, mouvements sociaux : la grande confusion

Il y aura d’autres morts, d’autres carnages, d’autres exterminations, en France et ailleurs. Pourquoi ? Parce qu’il est fort difficile de lutter contre ce nouvel adversaire, étant données les méthodes qu’il emploie et les caractéristiques de nos sociétés. L’absence totale de scrupule est une arme particulièrement sophistiquée. Certains d’avoir absolument raison,…

COP 21 : tout cela pour ça ?

La COP 21 fut un énorme succès de communication des médias néolibéraux et une gigantesque victoire diplomatique du gouvernement français qui a fait signer un texte à 195 États du monde. Pour arriver à quoi ? A rien ou pas grand-chose. Jamais on n'a eu un battage médiatique d’une telle vigueur.…

Les attentats du 13 novembre à Paris : la terreur de l’Etat islamique, l’état d’urgence en France, nos responsabilités

NDLR - Pierre Rousset et François Sabado​ sont membres de la 4e Internationale. Nous signalons leur texte car il se démarque des positions privilégiant un certain anti-impérialisme, récemment affichées par la direction du NPA. Solidarité avec les victimes ! Les 13 novembre constitue un changement dans la situation politique nationale et…

Oui, Daesh a à voir avec l’islam

Laissons d’abord la parole à Abdellah Tourabi, directeur de publication du journal marocain Tel quel : « Oui, ça a à voir avec l’islam ». À chaque fois que se produit un attentat ou que le monde découvre une atrocité commise par Daech, on entend immédiatement des affirmations du genre “ça n’a rien…

Attentats 2015 : la gauche de la gauche à la peine

Paradoxalement, la succession des attentats a fourni des réactions habituelles et prévisibles de la part du gouvernement solférinien, de la droite néolibérale et du FN. Le gouvernement solférinien a été capable en quelques heures de prendre le contre-pied d’une partie de sa ligne stratégique erronée antérieure au 13 novembre (nouvelle alliance avec la Russie après les pitreries françaises en Libye, en Ukraine et en Syrie, début de prise de conscience de la guerre nécessaire au total-terrorisme islamiste, etc.). Mais elle continue à intégrer cette prise de conscience à l’intérieur du mouvement réformateur néolibéral qui va l’empêcher de lutter contre toutes les causes multiples de cette crise globale. On ne le dira jamais assez, nous vivons, au sein de notre formation sociale capitaliste, plusieurs crises siamoises complémentaires dans la crise globale : la crise du profit capitaliste, la crise des impérialismes et la crise du mode d’organisation culturelle, sociale et politique.

La droite néolibérale est sur la même position que le gouvernement solférinien, mais fait de la surenchère. Du classique cousu main. Quant au FN, il bétonne sur son credo anti-républicain, contre l’immigration et contre les musulmans. Tout cela est huilé. Mais le plus triste est que c’est la gauche de la gauche qui est le plus à la peine. Incroyable. Tout simplement parce qu’elle est prise à contre-pied sur son compromis avec les adeptes du gauchissement du communautarisme anglo-saxon (contre le principe de la laïcité comme principe d’organisation sociale) qui sont en son sein. On ne peut pas impunément participer aux initiatives ultra-communautaristes et réactionnaires des Indigènes de la République, en meeting le 6 mars dernier à Saint-Denis ou en manifestation le 31 octobre à Paris, et être capable de faire face sérieusement après les attentats du 13 novembre.

(suite…)

La gauche face au terrorisme

Massacres. Epouvante. Corps déchiquetés, cœurs brisés. En plein cœur de Paris, capitale des libertés. Le terrorisme islamiste, une nouvelle fois, et à une échelle sans précédent pour la France, a blessé gravement la République. Ah ! nous voudrions bien mener d’autres guerres, à la pauvreté, l’inégalité, l’indifférence écologique, au train fou…