Ne pas laisser l’oligarchie imposer l’austérité et la récession aux peuples : comment être à la hauteur ?

La menace se précise à court terme. Mais avec plus de 60.000 manifestants (comptage effectué par lignes par Respublica avec trois points fixes) à Paris contre le traité, nous avons vu les effets d’une grande détermination. Nous avons également eu des remontées sur de nombreuses réunions en province qui n’ont pu monter à Paris (faute d’une organisation de type de celle utilisée le 16 janvier 1994 – où nous étions environ 1 million contre la volonté de Bayrou et Balladur de renforcer l’inique loi Falloux de 1850 – avec la location de trains entiers organisée par les structures nationales syndicales et une mobilisation sur plusieurs mois !)

Il faut en finir avec l’idée des socialistes grecs, portugais, espagnols, italiens et français selon laquelle on peut lutter contre l’austérité et la récession avec le processus européen actuel. Mais il ne suffit pas de se plaindre sur un mur des Lamentations virtuel pour changer les choses. Nous rappelons l’analyse que vous avez pu lire dans les éditos de Respublica du printemps dernier, à savoir que les élections montraient tout d’abord que la droite et l’extrême droite se sont renforcées et que François Hollande ne devait le succès qu’à la division de la droite qui n’a pu être rassemblée par Nicolas Sarkozy. Telle est la réalité des abstentions au deuxième tour de la présidentielle. Nous avons aussi souligné à propos de ces élections les phénomènes de gentrification (exode des couches populaires vers les zones périurbaines et rurales principalement, venant des villes-centres, mais aussi de la banlieue) et d’homogénéisation des quartiers, qui n’ont été pris en compte ni par la gauche ordolibérale ni par la gauche de gauche.
Ces élections montrent aussi que la gauche de gauche n’a que timidement démarré sa reconquête des couches populaires (53 % de la population active) alors que c’est sa seule possibilité de développement. Mais aussi que la capacité d’influence des responsables et militants de la gauche de gauche auprès de leur environnement de proximité est faible, ce qui explique la faiblesse du ratio législative/présidentielle et la déception au vu des résultats comparés aux rassemblements en meetings. Tout cela, nous l’avons déjà écrit, mais il faut se le rappeler sans cesse !
Les conférenciers du Réseau Education Populaire (REP, 200 conférences par an) sont en mesure de montrer à l’aide de graphiques :

  • que la récession se développe de plus en plus et que si l’Allemagne est la seule à y échapper aujourd’hui, eu égard à l’interdépendance des pays de la zone euro, tout porte à croire qu’elle entrera en récession ;
  • que le recul du PIB se développe très vite dans toute la zone euro,
  • que la production industrielle recule dans toute l’Europe y compris en Allemagne,
  • qu’il y a un effet domino des plans d’austérité en Europe,
  • que les ventes au détail s’effondrent,
  • que le chômage s’envole.

Par ailleurs, tant les spécificités de l’ordolibéralisme européen [variante du néolibéralisme mondial] caractéristique d’un développement capitaliste de plus en plus inégal, que toutes les mesures de type « fédéraliste par le haut » [en tuant la démocratie] se heurtent à une construction européenne d’essence confédérale, sont un carcan pour l’Union européenne.
Si on ajoute la faiblesse de l’Europe en termes de ressources énergétiques et le fait que l’Union européenne tente de nier les identités nationales européennes et le besoin de démocratie, on obtient un cocktail qui nous entraîne à penser que nous allons aller, au bout de la seringue, vers un clash européen d’abord dans la zone euro puis dans l’Union européenne.
On ne peut pas constamment défendre l’idée que tout est possible à tout moment. L’état du rapport des forces ne permet pas comme certains le croient de faire une sortie à froid de la zone euro ou de l’Union européenne, car ceux qui s’engageraient dans cette voie seraient dans les conditions actuelles de la lutte responsables d’un accroissement encore plus rapide de l’implosion. Le plus probable est donc que nous allons vers un état de crise majeure encore plus inégalitaire, avec une intensification des politiques anti-salariales, anti-sociales, anti-démocratiques, anti-laïques et anti-écologiques.
Notre seule arme reste l’armement idéologique et politique du peuple pour que ce dernier puisse prendre les décisions qui s’imposeront à une date que nous ne connaissons pas encore. La période de la démocratie délégataire touche à sa fin. L’idée du dépassement du capitalisme doit être travaillée. Le changement de paradigme culturel est à l’ordre du jour. La difficulté réside aujourd’hui dans la nécessité de rompre avec les prééminences surplombantes [selon lesquelles une seule idée peut tout résoudre] et de penser la globalisation des combats économiques, industriels, démocratiques et institutionnels, laïques, sociaux, féministes et écologiques pour le moins.
Engager le travail culturel vers une transformation sociale et politique, voilà la priorité de l’heure ! N’attendez pas les consignes, prenez les décisions et engagez-vous pour aller au plus près des citoyens et engager un débat démocratique, proposez-leur diverses initiatives : conférences publiques, réunions d’appartements de type tupperware, stages de formation, actions cinématographiques, utilisation des formes théâtrales, conférences gesticulées, ateliers de lecture, débats initiés par des vidéos courtes, etc.
Vous voulez en savoir plus, vous ne connaissez pas toutes ses formes d’éducation populaire, contactez-nous !