Un nouveau traité européen en 2013 ou 2014… pour sauver les banques d’un krach au premier trimestre 2012 !

Comment peuvent-ils y croire ? Comment peuvent-ils même garder leur sérieux ?
La énième réunion de « la dernière chance » pour soi-disant sauver l’euro — en vérité le système bancaire européen ! — a débouché sur une décision ubuesque : changer les traités européens dans un à deux ans pour résoudre une crise de liquidité terrible et sauver les banques à horizon d’un ou trois mois.
Sur le fond, il va sans dire dans nos colonnes que cette proposition de soumission et de subsidiarité des politiques économiques et budgétaires des États au conseil des chefs d’états européens et à la Cour de justice de l’Europe sonne comme la destruction définitive des restes de démocratie politique sur notre continent. À quoi vont donc pouvoir servir les parlements nationaux en dehors de la figuration ?
Mais, et nous pesons nos mots, ce problème est peut-être en fait accessoire, car il est bien possible que ce nouveau traité ne voie tout simplement jamais le jour… faute de temps. En effet, le problème de la dette des États est secondaire par rapport au sujet principal : la nécrose du système bancaire en Europe. La preuve ? Jeudi 8 décembre, la BCE a engagé un sauvetage grand format du système bancaire européen. Elle a pris trois mesures destinées à aider celui-ci à sortir d’une crise de liquidité annoncée qui allait faire obstacle à ses opérations de refinancement : l’ouverture de deux guichets pour des crédits à 36 mois, à taux fixe de 1 %, et en quantité illimitée, un fort assouplissement des règles d’éligibilité du collatéral apporté en garantie, et une diminution du pourcentage des réserves obligatoires.
Posons-nous la simple question suivant : où en sera l’Europe, où en sera l’euro en 2013 ou 2014 ? Bien malin qui peut le dire aujourd’hui. Mais surtout où en sera le système bancaire européen à cette date ? Car ne nous y trompons pas et n’écoutons pas passivement les communiqués quasi quotidiens de la Merkozy : ce sont bien les banques que les « politiques » tentent fébrilement de sauver une fois de plus. Comme nous le disions dans nos colonnes, les banques européennes, et françaises en particulier, sont engagées sur le « marché gris », ou le shadow banking, pour des centaines de milliards sur des CDS (Credit Default Swap, des sortes d’assurances crédits garantissant un investissement en actions, en obligations ou en tous autres produits financiers), sur les dettes grecques, italiennes, espagnoles ou portugaises. Notons surtout que quelques banques, en particulier françaises, sont dans la nasse à cause des CDS qu’elles ont émises sur les taux des obligations d’État. Chaque augmentation des taux d’emprunts fait perdre des sommes considérables, notamment à la Société Générale ou à la BNP… Jouer au casino de la finance globale n’est pas sans risque ! Si un autre pays fait défaut, y compris à l’est comme la Hongrie par exemple, c’est la faillite assurée pour de nombreuses banques dans plusieurs pays.
Ce sommet de la soi-disant « dernière chance » est mis en scène pour tenter de faire passer un seul message : « financiers et banquiers de la planète, rassurez-vous, les États ne feront plus défaut et donc les CDS ne se déclencheront plus ! » Sauf que personne n’y croit. J’entends par « personne » : ni Wall Street à New York, ni la City à Londres… ceci explique la position du premier ministre britannique qui, réaliste, n’adhère pas au conte de fée du couple infernal franco-allemand.
Les prochains épisodes de cette saga tragi-comique risquent de tourner d’ici peu au drame pour les peuples d’Europe. Car le titre du prochain épisode est déjà connu : « le renflouement des banques par les trésors publics des nations à coup de centaines de milliards d’euros ! »
Pour qu’une force politique se lève sur le continent contre l’austérité et la paupérisation des couches populaires, la condition sine qua non est d’avoir au minimum conscience de l’imminence du choc bancaire qui est l’Alpha et l’Oméga de cette crise de fin d’époque. Il appartient donc à chacun d’entre nous d’en tirer les conséquences et de s’engager pour changer le rapport de force : l’indignation ne suffira pas !