Appel pour lier le combat laïque au combat social et pour fédérer le peuple

Ce texte collectif est né de la réflexion de militants associatifs et syndicaux ou d’élus dont la plupart ont participé en 2015 et 2016 à des rencontres en Ile-de-France, avec la participation notamment du Réseau Education Populaire et de l’Union des Familles Laïques. La Rédaction de ReSPUBLICA en est partie prenante et on retrouvera dans les lignes qui suivent des idées développées depuis longtemps dans le journal. Nous le livrons à nos lecteurs comme un élément discriminant en cette période électorale mais aussi, sur la durée, comme un argumentaire dont peuvent se saisir les camarades oeuvrant au sein d’organisations qui ne perçoivent pas toujours la nécessaire alliance du combat social et du combat laïque. Nous restons prêts, bien sûr, à poursuivre le débat argumenté avec vous sur cette question de fond, par écrit ou à l’occasion d’interventions publiques. Contact combatlaiquecombatsocial@gmail.com

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Aujourd’hui, le renouveau du combat laïque est une nécessité universelle. La laïcité est pour nous le plus haut niveau de liberté individuelle et culturelle pour tous. La laïcité permet de faire vivre un projet humaniste, c’est-à-dire une égale dignité entre les êtres humains.

Ce combat laïque est la “marque de fabrique” des forces d’émancipation sociale, féministe, antiraciste, écologiste, depuis la Révolution française. L’unité du peuple souverain dans une République indivisible est la matrice politique de notre pays.

Sans la laïcité, il sera impossible demain de fédérer le peuple pour surmonter la période de décomposition politique et idéologique qui s’annonce. La laïcité est la première des conditions à une riposte d’envergure face à la paupérisation d’une large fraction de la population, en particulier celle de la jeunesse.

Car la crise économique que nous traversons depuis 2007-2008 nous entraîne, toujours plus, vers des conflits sociaux et politiques. Il est clair que les fausses oppositions ourdies par les communautaristes sont des machines de guerre pour diviser le peuple afin de le neutraliser.

En effet, nous sommes dans une conjoncture particulière caractérisée par la récession comme dispositif de pouvoir. Le combat social et le combat laïque doivent former un seul bloc pour résister. Combattre sur le front social sans lutter sur le front laïque, et vice et versa, est voué à l’échec. La laïcité est notre outil pour fédérer les luttes sociales et lutter pour la justice sociale, la citoyenneté et la véritable égalité qui caractérisent la République sociale.Car les communautaristes, vieilles marionnettes des oligarchies financières, se servent en particulier de l’appauvrissement des quartiers populaires et des discriminations qui y sont subies pour justifier le fait politico-religieux (Manif pour tous, intégristes chrétiens, islamistes, etc.), et détourner les citoyens de ces quartiers du combat social et citoyen.

Nous ne sommes pas hors du temps. 2017 marque, après la crise financière puis économique de cette décennie, le début d’une crise politique qui oppose deux tendances au sein du camp de l’oligarchie : celle de Trump ou du Brexit qui a tout à perdre de la dissolution des Nations (bourgeoisie du patrimoine), et qui s’affronte à celle de Wall Street et de la City (oligarchie  financière) qui veut globaliser et détruire tout ce qui pourrait entraver la “libre-circulation” du Capital.

Dans cette situation de tension, le peuple doit garder son autonomie et lutter pour ses propres intérêts, sinon il sera instrumentalisé et servira la cause d’une ou l’autre fraction de  la bourgeoisie. Pour cela, le combat laïque et social doit servir de levier pour l’émancipation, en appuyant et en développant l’unité des salarié-e-s, des chômeurs/chômeuses, des précaires, etc. Il faut donc lutter pour ce qui nous unit et combattre ce qui nous divise artificiellement.Cette volonté d’unité démasquera ceux qui détournent et falsifient la laïcité afin de stigmatiser les seuls musulmans, ou encore ceux qui rêvent d’un « Concordat » avec les autorités religieuses islamiques comme sous Napoléon ou en Alsace-Moselle encore aujourd’hui.

Ainsi, pour unifier le peuple et le mettre en mouvement comme acteur politique, faisons respecter partout et toujours la séparation des Eglises et de l’Etat. Favorisons la gestion citoyenne de l’action culturelle pour plus de justice, de solidarité, de dignité et d’universalisme.

Ne laissons pas les communautaristes et les partisans du relativisme culturel nous diviser.

Tout candidat à l’élection présidentielle qui se réclame du combat social doit affirmer clairement son soutien à la laïcité, sinon toute « fédération du peuple » est une illusion.