Les conditions de la révolution citoyenne

Comprendre la complexité et les contradictions du réel politique, être capable de les clarifier sans tenter l’impossible simplification, définir son but politique (le bout du chemin), penser la stratégie agonistique (avec ses principes constitutifs, ses ruptures nécessaires et ses exigences indispensables) pour y parvenir (le chemin lui-même), et engager la transformation du réel dans un processus de transition (1)Il faut placer cette terminologie dans la perspective de constitution d’un « bloc historique » – au sens de Gramsci – de différentes classes sociales (dont les couches sociales mobilisées lors du mouvement des gilets jaunes : ouvriers et employés et les couches moyennes en voie de paupérisation) rassemblées pour la transformation sociale et politique. Comme dans toutes les révolutions, cette stratégie exige que triomphe une nouvelle hégémonie culturelle. Mais quand le bloc historique prendra le pouvoir, il y aura une période de transition durant laquelle il faudra renforcer ce bloc historique alors que nos adversaires essayeront de le fissurer. Si la stratégie agonistique doit permettre la constitution d’un bloc historique culturellement majoritaire au moment de la prise du pouvoir, la lutte des classes et les tendances à l’élargissement ou au rétrécissement du bloc historique continueront lors de la période de transition. Il n’y aura jamais de fin de la lutte car le paradis n’existe pas., voilà l’ensemble du travail politique à effectuer si l’on ne veut pas être un simple spectateur du moment qui passe.

Mais tout cela répond d’abord aux contradictions inhérentes du réel (objectives et subjectives) déterminantes en dernière instance, puis aux conditions qui, elles, sont à travailler par les militants politiques, syndicaux et de l’éducation populaire refondée. Encore faut-il ne pas se contenter d’un simple programme politique, somme toute nécessaire mais pas suffisant pour « renverser la table ».

Ces conditions doivent répondre aux questions politiques de la période concrète (liste non exhaustive):

  • Pourquoi l’intensification des politiques néolibérales a-t-elle suscité un mouvement social important (les gilets jaunes) surgissant hors du mouvement syndical et politique ?
  • Pourquoi cette intensification des politiques anti-sociales a-t-elle entraîné un recul de la mobilisation politique et syndicale dans la séquence 2017-2019 ? Période qui a consacré le passage de la CFDT comme premier syndicat public et privé confondus et qui a vu un développement des forces “autonomes” de la jeunesse dans le carré de tête des manifestations, carré de tête situé devant la manifestation syndicale !
  • Pourquoi le couple néolibéral (d’une part la stratégie macroniste et d’autre part la stratégie de l’union des droites avec le RN), est-il toujours, et de loin, en tête des élections malgré un soutien faible parmi les électeurs inscrits? ce qui en creux en dit long sur l’analyse que nous pouvons faire du camp progressiste (voir pour cela notre analyse des élections du 26 mai 2019).

Nous avons esquissé une première liste des conditions de la révolution citoyenne dans notre précédente chronique du début juillet. Cette liste n’est pas plus exhaustive que la liste des questions ci-dessus, mais nous la soumettons au débat, auprès de vous lecteurs, et lors des réunions populaires organisées ici et là d’ici la fin de l’année 2019.

Nous en reparlerons bien sûr aussi lors de la réunion des correspondants de l’Appel « Combat laïque – Combat social – Fédérer le peuple » du 12 octobre à Paris (l’adresse exacte sera transmise à tous ceux qui se seront inscrits préalablement sur combatlaiquecombatsocial@gmail.com ou sur evariste@gaucherepublicaine.org).

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Il faut placer cette terminologie dans la perspective de constitution d’un « bloc historique » – au sens de Gramsci – de différentes classes sociales (dont les couches sociales mobilisées lors du mouvement des gilets jaunes : ouvriers et employés et les couches moyennes en voie de paupérisation) rassemblées pour la transformation sociale et politique. Comme dans toutes les révolutions, cette stratégie exige que triomphe une nouvelle hégémonie culturelle. Mais quand le bloc historique prendra le pouvoir, il y aura une période de transition durant laquelle il faudra renforcer ce bloc historique alors que nos adversaires essayeront de le fissurer. Si la stratégie agonistique doit permettre la constitution d’un bloc historique culturellement majoritaire au moment de la prise du pouvoir, la lutte des classes et les tendances à l’élargissement ou au rétrécissement du bloc historique continueront lors de la période de transition. Il n’y aura jamais de fin de la lutte car le paradis n’existe pas.