La première référence est celle de la Fédération nationale célébrée au Champ-de-Mars le 14 juillet 1790, avec la « montée » de province des fédérations issues de la « révolution municipale » de la bourgeoisie, alors réservée aux citoyens « actifs ». Car il faut attendre la seconde Fête de la Fédération le 14 juillet 1792, l’arrivée le 30 des fédérés marseillais qui popularisent le « Chant de guerre pour l’Armée du Rhin » (devenu « La Marseillaise », que chanteront les révolutionnaires russes en 1917) pour que la Fédération devienne réellement nationale et populaire, celle du peuple venu en armes (les gardes nationales) défendre la révolution, tout simplement !
Deux nouveaux pouvoirs apparaissent alors à Paris, réunis à l’Hôtel de Ville :
– le Bureau central des sections qui va devenir la Commune insurrectionnelle de Paris,
– le Comité central des Fédérés.
Un groupe autour de Robespierre est en contact permanent avec eux. Les forces de la seconde Révolution française sont prêtes. Leur mot d’ordre résume leur état d’esprit : « La liberté ou la mort ». Objectif la journée du 10 août 1792 puis le renversement de la Monarchie et l’instauration de la Ière République.
Seconde référence, les Fédérés de la Commune. Pendant le siège de Paris de 1870, les gardes nationaux – réactivant l’idée de la Révolution et redonnant une force politique à une forme d’organisation en sommeil depuis lors – décident de se fédérer, organisés en bataillons issus des quartiers à prédominance ouvrière et artisanale. Adeptes de la démocratie directe, ils mettent en place des organismes où les représentants sont élus et révocables, en particulier le Comité central de la Fédération qui organise les élections du 26 avril 1871. Une vingtaine de candidats « modérés » représentent les classes aisées dans les Ier, IIe, IXe et XVIe arrondissements. Plus des trois quarts des électeurs votent en faveur des Fédérés dans les IIIe, IVe, Ve, VIe, VIIe, Xe, XIe, XIIe, XIIIe, XIVe et XVe arrondissements, avec environ 70 représentants.
Le Conseil est représentatif des classes populaires et de la petite bourgeoisie parisiennes. On y trouve 25 ouvriers, 12 artisans, 4 employés, 6 commerçants, 3 avocats, 3 médecins, 1 pharmacien, 1 vétérinaire, 1 ingénieur, 1 architecte, 2 artistes peintres, 12 journalistes : voilà l’expression et la représentation d’un bloc historique au sens de Gramsci !
La suite de leur œuvre et du combat contre les Versaillais est connue. Elle se termine au Mur des Fédérés du Père-Lachaise.
Lire aussi le texte d’Evariste : https://www.gaucherepublicaine.org/chronique-devariste/federer-le-peuple/7400967