Les enjeux de l’enseignement professionnel en France

Alors qu'un lycéen sur trois est aujourd'hui scolarisé dans l'enseignement professionnel et qu'environ 30 % des bacs délivrés sont des bacs professionnels, cette voie de formation est la plus mal connue du système scolaire français. Un détour par son histoire nous permettra de comprendre en quoi la volonté du tout-apprentissage…

Point d’étape sur la présidentielle de 2017 : Jean-Luc Mélenchon entre en lice

Le 10 février dernier, Jean-Luc Mélenchon propose sa candidature. Depuis, le débat fait rage autour de cette proposition. Nous proposons aujourd’hui, d’abord d’analyser le réel, puis de mieux comprendre les analyses des protagonistes de ce débat, et enfin, à partir des conditions du soutien populaire, de situer la place de la présidentielle dans le combat général pour l’émancipation.

Quel est le réel populaire aujourd’hui ?

60 % des ouvriers et des employés s’abstiennent, ce qui empêche tout rassemblement populaire propulsif. Dans la minorité qui vote, le FN est largement en tête. La gauche de la gauche est bonne dernière. Normal, elle est en en voie de décomposition avancée après avoir perdu en quelques années, une bonne partie des voix qui se sont portées sur le candidat Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2012. Depuis, le fossé s’est creusé entre cette gauche de la gauche et le peuple. D’abord, parce que les discours, les pratiques et la stratégie de la gauche de la gauche sont plus en phase avec les demandes des couches moyennes radicalisées qu’avec celles des intérêts des ouvriers et des employés. Dommage, les ouvriers et les employés représentent objectivement 53 % de la population et les couches moyennes salariés seulement 39 % (24 % pour les couches intermédiaires et 15 % pour les couches moyennes supérieures).

Par ailleurs, la gauche de la gauche s’est largement vautrée dans le sillage d’une politique visant tout au plus à un gauchissement du communautarisme anglo-saxon contre le principe d’organisation sociale de la République sociale qu’est la laïcité. (suite…)

Que s’est-il dit au Sommet pour un plan B (Paris, 23-24 janvier 2016) ? Une synthèse

Lire le document complet, établi sur la base d'une prise de notes par Y. Thiébaut et qui porte sur les séances plénières et les tables rondes : « L’euro à quelles conditions », « Pour reconquérir une souveraineté économique », « Audit, moratoire, défaut : pour maîtriser les outils », « Pour reconquérir une souveraineté économique ». En voici un…

Des pratiques novatrices au sein du Collectif départemental de défense du service public postal de l’Isère Retour sur expérience

Le Collectif départemental de défense du service public postal créé en 2008 regroupe des comités citoyens d'usagers, des syndicalistes, des élus locaux et régionaux. Retour sur l'expérience du Collectif départemental : 4 cas d'étude 1) Le référendum citoyen d'octobre 2009 L'idée est venue du comité citoyen du Pin en mai…

« Je suis le peuple » et « L’errance moderne »

En collaboration avec l'association 0 de Conduite « Je suis le peuple », d'Anna Roussillon Agréables ces moments passés en compagnie d'une famille paysanne égyptienne Nous découvrons une campagne paisible aux gens très attentifs au destin de leur pays. Ils lisent la presse, regardent la télé et parlent beaucoup entre eux des…

Comment rédiger une (bonne) note pour France Stratégie ?

Quelques conseils pour rédiger une (bonne) note pour France Stratégie ((« France Stratégie » a succédé au « Commissariat Général au Plan ».)) : Trouver un titre « accrocheur ». A l’abri d’un appareil statistique complexe se livrer à quelques bricolages approximatifs. Glisser sous le tapis quelques questions importantes. Aider la montagne à accoucher d’une souris.…

Néolibéralisation de l’école

Dans la bataille pour l’hégémonie culturelle indispensable pour se mettre à la hauteur des enjeux de l’émancipation humaine, il est crucial de mettre en lumière les conséquences sur l’école du mouvement réformateur néolibéral. Les citoyens et les familles attachent à l’école une grande importance car la qualité de l’enseignement qui est dispensé et le niveau que l’élève qui la fréquente peut atteindre, déterminent pour une grande part le passage des droits formels aux droits réels dans la vraie vie. Que la gauche de la gauche ne s’en préoccupe pas beaucoup est une des raisons de sa décomposition actuelle.

L’école est l’un des marqueurs de la république. Il y a un lien dialectique entre le niveau émancipateur de la république et le niveau d’autonomie de pensée et de formation critique donné à l’ensemble de la population par l’école. On peut même considérer que l’école n’est pas un simple service public mais un organe central du dispositif républicain. C’est encore plus vrai si on souhaite monter d’un cran et promouvoir la République sociale. Nous en sommes loin aujourd’hui.

Nous savons tous que les républiques populaires n’étaient en rien républicaines et qu’il en est de même aujourd’hui de la République islamique d’Iran. Mais qu’en est-il de notre Ve République ? (suite…)

La laïcité n’existera que refondée dans une République sociale

Vous connaissez l’arbre qui cache la forêt ? Le voici : fabriquez une contradiction Valls-Bianco autour d’un observatoire solférinien et le tour est joué. Vous aurez d’un côté la majorité du camp dit « laïque » qui soutiendra le solférinien Valls soutenu par François Hollande et de l’autre la majorité de la gauche de la gauche qui soutiendra le solférinien Bianco également soutenu par François Hollande mais aussi par les adeptes du communautarisme anglo-saxon. C’est la « société du spectacle » de Guy Debord. Elle n’est pas belle l’histoire ? Eh oui, quand vous interrogez les responsables de la gauche de la gauche à Attac, Copernic, au PCF, à Ensemble, et bien au-delà, les voilà en soutien inconditionnel à Bianco, représentant de la droite du PS et du président Hollande.

Pour comprendre les choses, il suffit effectivement de relire  La société du spectacle  de Debord. Bien évidemment,Valls, qui peut remplacer Bianco par sa simple décision de Premier ministre, ne le fera pas car tout cela permet de cacher la forêt. La forêt, dans un moment de crise, est constituée de politiques d’austérité, de reculs des conquis sociaux d’hier, d’augmentation de la misère, de la pauvreté, de la précarité, des inégalités sociales. Jamais autant d’argent n’a alimenté le communautarisme et l’intégrisme religieux. Même la majorité de la gauche de la gauche feint de ne pas le voir, elle qui croit encore en la possibilité d’une alliance électorale de type clientéliste avec le communautarisme religieux (1)Cette croyance s’exprime dans une partie de la gauche de la gauche par le fait que dans son discours elle remplace le rôle que la théorie marxiste donne à la classe ouvrière exploitée, qui doit devenir consciente et mobilisée, par celui de l’islam censé être la religion des pauvres avec qui il faut s’allier contre l’impérialisme américain et occidental.
Cette triple incohérence (remplacement théorique des « exploités » par les « pauvres », vouloir combattre l’impérialisme en s’associant à l’un de ses alliés, abandon de la classe populaire ouvrière et employée non islamisée qui se réfugie pour l’instant dans l’abstention) en crée une nouvelle, accepter le relativisme culturel du néolibéralisme qui veut que l’obscurantisme soit placé pour le peuple au même niveau que la vérité scientifique et en tout cas prime sur l’émancipation des femmes.
. (suite…)

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Cette croyance s’exprime dans une partie de la gauche de la gauche par le fait que dans son discours elle remplace le rôle que la théorie marxiste donne à la classe ouvrière exploitée, qui doit devenir consciente et mobilisée, par celui de l’islam censé être la religion des pauvres avec qui il faut s’allier contre l’impérialisme américain et occidental.
Cette triple incohérence (remplacement théorique des « exploités » par les « pauvres », vouloir combattre l’impérialisme en s’associant à l’un de ses alliés, abandon de la classe populaire ouvrière et employée non islamisée qui se réfugie pour l’instant dans l’abstention) en crée une nouvelle, accepter le relativisme culturel du néolibéralisme qui veut que l’obscurantisme soit placé pour le peuple au même niveau que la vérité scientifique et en tout cas prime sur l’émancipation des femmes.

Travail productif : Jean-Marie Harribey révise Marx Version courte

Dans son commentaire de ma réaction à la réponse de C. Arambourou, mon ami et néanmoins ancien collègue Jean-Marie Harribey (JMH) réitère une argumentation qu’il m’a déjà opposée, quant à mon point de vue, que je crois marxiste, sur l’improductivité du travail dans les services ((Dans la Lettre d’Espaces Marx…

Encore un retour sur le travail productif

Permettez-moi de m’immiscer très brièvement dans la discussion théorique sur laquelle mon ami et ancien collègue Michel Zerbato (MZ) revient régulièrement, notamment ces derniers temps en réponse à Charles Arambourou. Je souscris à de nombreux points que soulève MZ (distinction entre travail et force de travail, distinction entre production et…

Jaurès, Boudiaf, Rabin : comprendre les stratégies de l’extrême droite Et ne pas être complice de la décomposition des gauches

31 juillet 1914, 29 juin 1992, 4 novembre 1995 : Jean Jaurès, Mohamed Boudiaf, Yitzak Rabin, que de similitudes dans la stratégie de tension de l’extrême droite à trois moments paroxystiques en France, en Algérie, en Israël, avec le meurtre d'hommes-clés pour figer la situation au profit des extrêmes nationaliste, islamiste,…

Comment combattre l’islamisme jihadiste ?

Il est évidemment impossible de ne pas chercher à répondre à cette question. Si beaucoup de citoyens acceptent l’état d’urgence, c’est parce qu’ils y voient une désagréable nécessité qui nous a été imposée par les « fous de Dieu ». Et si la fonction première de l’État est la protection des citoyens,…

Les retards de la gauche de la gauche en matière d’analyse et de nouvelles pratiques sociales

Comme déjà indiqué dans une précédente chronique (1)https://www.gaucherepublicaine.org/chronique-devariste/regionales-2015-le-processus-de-decomposition-de-la-gauche-de-la-gauche-est-engage/7397189, la gauche de la gauche voit reculer son influence en milieu populaire (53 % de la population). Elle semble incapable de penser la fracture sociale qui s’est opérée. Mais cela ne suffit pas à comprendre la mutation en cours dans les recompositions politiques. Car la mutation sociale des partis s’accompagne d’une nouvelle ségrégation spatiale. C’est la fracture spatiale. Cet autre phénomène qui accompagne le précédent est le phénomène de gentrification en cours depuis plusieurs décennies largement soutenu par le mouvement réformateur néolibéral. La cécité de la gauche de la gauche a été également encouragée par les élus de toutes les gauches (y compris le PC) et par leurs conseillers, urbanistes et architectes, bureaucrates de la politique de la ville, qui ont accompagné ce mouvement dont la cause principale est la dynamique intrinsèque de la formation sociale capitaliste en crise du profit.

Fractures spatiale et sociale

Ce phénomène montre qu’il y a trois dynamiques principales dont le fil conducteur à l’œuvre est de voir, petit à petit, les couches populaires partir vers la périphérie et les classes bourgeoises reconquérir les villes centre et même certaines banlieues. Bien évidemment, tout cela a été accéléré par la volonté de désindustrialisation de l’oligarchie capitaliste, par la suppression progressive des grandes concentrations ouvrières, et par la dissuasion du marché immobilier en forte hausse lié au fait que les le mouvement réformateur néolibéral a toujours favorisé la rente.

D’abord la dynamique des métropoles, regroupant de plus en plus les gagnants de la mondialisation (ou qui se considèrent comme en faisant partie), soit la majorité des couches moyennes supérieures, une partie des non-salariés aisés et une partie des couches moyennes intermédiaires. C’est l’une des conséquences des actes I, II, III de la décentralisation qui s’est concrétisée récemment avec la loi Notre et la loi Mapam. De ce point de vue, chaque gouvernement a fait pire que le précédent. C’est aussi là que se crée l’emploi. A noter que c’est la première fois dans le capitalisme que la majorité des salariés ne vivent pas là où sont créés les emplois !

Puis, la France périphérique, composée des zones péri-urbaines (regroupant les villes qui ne sont pas des métropoles) et rurales, qui font vivre 60 % de la population française. C’est cette France qui voit augmenter fortement les couches populaires abandonnées par les dirigeants nationaux des partis néolibéraux de droite et de gauche mais aussi de la gauche de la gauche. Malgré beaucoup de publicité, cette France ne crée que peu d’emplois par rapport aux métropoles. Le fait que de nombreux endroits de cette France périphérique sont des zones dortoirs de plus en plus éloignées des métropoles où se trouvent le plus d’emplois, modifie bien plus l’aménagement du territoire que d’autres sujets dont on parle beaucoup plus.

(suite…)