Laïcité : l’enlisement communautaire du pluralisme scolaire

Faut-il s’interdire de poser la question du pluralisme scolaire financé par la puissance publique et se résigner ainsi à ne plus aborder et ses conséquences sur le démantèlement de l’Education nationale et la laïcité de l’Etat ?
Exclure, aujourd’hui, le pluralisme scolaire de la laïcité est un piège pour l’Ecole, pour la République et les institutions de la République.
Il y a comme une incohérence à prétendre défendre les principes de la loi de séparation en faisant silence sur le pluralisme scolaire. Et, il y a cohérence entre la promotion, dès 1986, de  la « laïcité plurielle » et la revendication du pluralisme scolaire.
La laïcité est un principe constitutionnel, on ne peut la cantonner à gérer exclusivement des questions de société, dont la place de l’islam dans l’espace public, et nier les questions institutionnelles posées par le financement public de réseaux scolaires confessionnels.

Le dogme contre la liberté de conscience, former pour conformer

Au nom d’une dénaturation du principe de la laïcité, certaines organisations revendiquent la prééminence de l’appartenance religieuse sur les principes de citoyenneté et de liberté de conscience des jeunes. Au nom de leur logique communautaire, ils se sont évertués à réécrire la charte officielle de la laïcité à l’Ecole du Ministère de l’Education nationale en y supprimant 12 fois le terme « laïcité » pour lui substituer 7 fois dans la « La charte de la laïcité expliquée aux enfants » les termes « religion » ou « religieux » ; Le vocable laïcité est seulement maintenu, bien évidemment, dans le titre de la charte revue et les deux sous-titres. Il eût été difficile de les supprimer dans les intitulés ce document destiné à expliciter la laïcité.
Ne surfent-ils-pas sur l’approche consumériste de l’école enfermée, depuis 1984, dans une stratégie politique du « libre choix » revendiqué par les tenants de l’enseignement privé ? Depuis lors certains se sont évertués à faire silence sur les conséquences institutionnelles, économiques et sociales de la question du pluralisme scolaire financé par la puissance publique.

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Tenir la ligne contre les manipulations diverses

En deux mois, nous avons vécu l’élimination des principaux représentants politiques de l’oligarchie française : Sarkozy (loi HPST, européisme, augmentation du chômage, de la pauvreté et de la précarité, etc.) ; Juppé (attaque massive contre la Sécu en 1995, alignement sur les EU, etc.) ; Hollande (traité budgétaire, européisme, cadeaux au patronat, augmentation du chômage, de la pauvreté et de la précarité, attaques contre l’école, les services publics et la protection sociale, etc.) et son premier ministre Valls. Sans oublier Fillon, allié avec l’extrême droite catholique, qui est pris dans la tourmente.

Le simple rappel de leurs « exploits » néo-libéraux fait clairement apparaître que le problème n’est pas de changer les hommes, mais le système lui-même qui produit ce genre de personnages. Sinon les mêmes causes produiront les mêmes effets.

Carambouilles et carabistouilles en tous genres

La primaire socialiste a désigné Hamon et, immédiatement, fleurissent les carambouilles et les carabistouilles en tous genres. Oubliés son aval au Traité budgétaire de l’UE, son refus de voter la censure du gouvernement, son européisme béat, son communautarisme débridé, etc. Quant à la potion magique du revenu universel qui passe pour une mesure de gauche, oublié le fait qu’en un mois il a changé trois fois de position sur cette mesure dont il a fini par avouer qu’il ne s’agissait en réalité que de faire du RSA une allocation universelle, toujours en dessous du seuil de pauvreté, étendue aux jeunes de 18 à 25 ans et distribuée à tous les ayants droit et non seulement à ceux qui la demandent.

Et Hamon ne dit rien sur les conditions de financement d’un tel revenu réellement universel, qui ne pourra que se réduire à une forme d’application de la proposition d’origine de Milton Friedman, l’impôt négatif, qui visait à tuer à terme l’extension des conquis sociaux de type Sécurité sociale.

Tout ce que l’on peut dire est que l’enthousiasme subjectif des masses pour cette fausse bonne idée est compréhensible en regard du mal-vivre grandissant, mais qu’il ne fait que traduire l’incapacité des organisations du mouvement syndical revendicatif et des partis et mouvements politiques de gauche à être à la hauteur des enjeux en termes d’éducation populaire et de lutte pour une nouvelle hégémonie culturelle.

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Régression catastrophique pour le peuple… Spectacle médiatique insensé… Une alternative, vite !

Antonio Gramsci voyait le processus révolutionnaire comme la succession de guerres de position et de guerres de mouvement. Or la guerre de position pour lui est aussi une guerre culturelle. Ainsi, lorsque notre adversaire – l’oligarchie capitaliste – met en cause un fondement conquis par nos anciens, il faut au minimum être présent pour mener la résistance mais il faut aussi mener le combat pour une nouvelle hégémonie. Ce n’est qu’ensuite qu’il est possible de passer à l’offensive.
La résistance contre la loi El Khomri a été au rendez-vous face à la mise en cause des conquis sociaux d’hier, mais la contestation culturelle n’a pas suivi cette mobilisation. C’est là que réside une faiblesse majeure du mouvement social et politique français.

La nouvelle séquence de la période néolibérale

L’extrême droite a recentré son discours sur une ligne nationale-populiste (tout à fait compatible avec le mouvement réformateur néolibéral) pour tenter de bénéficier des voix des couches populaires délaissées par les néolibéraux de droite et de gauche, mais aussi par la gauche de la gauche.

La droite de Fillon a passé un accord avec l’extrême droite catholique de la Manif pour tous et de son parti politique « Sens commun », seule possibilité pour elle de gagner la primaire de droite.

La décomposition de l’appareil solférinien devient patente. La stratégie de type Terra nova qui vise à abandonner les couches populaires et à tenter une majorité avec les couches moyennes minoritaires et les groupes discriminés a fait faillite.

Les tenants de la maison solférinienne tentent de façon pathétique d’éviter la décomposition de leur parti en jouant la carte des frondeurs socialistes avec des idées solubles dans le système, comme cette fausse bonne idée de revenu universel dont les néolibéraux sont en train de se saisir. Il est cependant probable qu’ils subiront malgré tout la même vague de recul que leurs congénères européens. Car les mêmes causes produisent les mêmes effets. Les deux primaires de gauche, celle des socialistes et celle d’EELV, ne sont-elles pas les primaires pour choisir ceux qui seront en 5e et 6e position du premier tour de la présidentielle ?

Emmanuel Macron quant à lui tente, avec un discours contestataire de façade contre les « élites », un syncrétisme entre les gagnants de la mondialisation néolibérale et tous ceux qui en restent à une indignation tout hesselienne et qui croient encore à un altercapitalisme plus moral. Son discours européiste lui permet conjoncturellement de rassembler  d’anciens électeurs socialistes, pseudo-centristes à la Bayrou et même d’anciens électeurs de droite plus favorables à Juppé.

La décomposition de l’extrême gauche, de la gauche de la gauche (altermondialistes et altercapitalistes keynésiens, ex-comités anti-libéraux, ex-Front de gauche appareil du PCF compris, trop compromis soit dans des alliances avec les solfériniens soit avec les communautarismes réactionnaires locaux) que nous avons largement analysée dans ReSPUBLICA s’est accélérée. (suite…)

Candidat du Peuple, candidat du 11 janvier Lettre ouverte à Jean-Luc Mélenchon

M. Mélenchon, vous avez engagé la bataille de l’élection présidentielle de 2017, exceptionnelle par les possibilités historiques qui s’y présentent. Le système politique s’écroule dans toute l’Europe, par l’effet de souffle de l’effondrement de la social-démocratie. Effondrement mérité : de Tony Blair à François Hollande en passant par Schröder, Gonzalez, Renzi,…

« Rue Barbès – Banlieue sud », par Jean Estivill

Au sirop de la rue Barbès d'Ivry, à ses mômes et leurs parents, à ce qu'elle était, à ce qu'elle est encore dans la mémoire de ceux qui y ont lampé leurs jeunesse, l'auteur de cet opus ne rend pas seulement hommage, il en rallume les feux. Manu, le narrateur,…

Petites Poucettes et mineurs isolés

Je vais vous raconter une petite histoire, celle du Pays où j'ai vécu et travaillé. Il était une fois… des enfants. Pas de bol, peu de temps après leur naissance on les avait affublé du doux non de Cas Sociaux (pour les meilleurs) ou d’Inclassables (pour les pires). Allez savoir…

Fidel est mort, pas la Révolution

Texte publié sur le blog de Jacques Sapir. Jérôme Leleu, doctorant au CEMI-EHESS, écrit sa thèse sur Cuba et a eu l’occasion d'y faire plusieurs missions d’étude. Le décès de Fidel Castro le 25 novembre 2016 marque la fin d’un personnage politique majeur de la seconde moitié du XXe siècle. Que…

Révolution !

Voilà un mot qui avait une signification précise pendant deux siècles : celle d’un changement radical de système politique. Aujourd’hui, c’est le titre du dernier livre d’Emmanuel Macron qui propose des changements pour que rien ne change. Pourquoi cette transformation radicale du sens d’un mot ? Y-a-t-il d’autres mots qui ont subi cette mutation ? Peut-on mener une transformation sociale et politique conséquente sans réfléchir sur les causes de ces changements de signification ? N’y-a-t-il pas un lien entre ces changements de signification des mots et la succession d’indignations sélectives sans suite qui traverse l’opinion publique aujourd’hui ?

Que sont devenus les mots forgés par le mouvement ouvrier et par la dynamique républicaine ?

Remarquons que tous les mots tels que révolution, république, démocratie, laïcité, solidarité, liberté, etc., ont subi ces mêmes changements sémantiques.

Ce qu’on appelle aujourd’hui démocratie est ce qu’on appelait pendant la Révolution française le gouvernement représentatif anti-démocratique. Sieyès, Mounier, les chantres de cette dernière définition s’opposaient alors à Condorcet qui lui définissait la démocratie sous ses quatre conditions révolutionnaires. Des élections, sans les trois autres conditions, ne constituaient pas pour lui la démocratie. Eh bien aujourd’hui, c’est la définition de Sieyès et Mounier qui devient la norme de la démocratie. Ce qui a permis à Charles Pasqua de dire en substance que les promesses des « politiques » pour se faire élire n’engagent que ceux qui y croient. Et les croyants sont aujourd’hui légion !

Idem avec « la solidarité » que beaucoup ne différencient plus de la charité des doctrines sociales des églises. (suite…)

La COP22 et l’alibi « Trump » pour masquer l’absence de résultats probants sur les politiques climatiques

La COP22 de Marrakech devait trouver les moyens d'appliquer le programme de la COP21 de Paris qui a vu la signature d’un accord international non contraignant adopté à l’unanimité. Une étape qui s’est avéré bien laborieuse, alors que les prévisions de dérèglement climatique dépassent déjà ce qui était attendu ((La…

Lu pour vous : intrusion des entreprises au collège, niveau en maths et sciences

1/ Quand les multinationales forcent la porte des collèges Des professeurs d'un collège du Tarn dénoncent les intrusions des entreprises telles que Nestlé, Total ou Microsoft sous la forme de « kits pédagogiques ». Avec l'idée d'inculquer des comportements de consommateur aux individus dès leur plus jeune âge. Lire : http://www.liberation.fr/debats/2016/11/30/quand-les-multinationales-forcent-la-porte-des-colleges_1531992 2/…

Comprendre la « rupture Fillon » dans la nouvelle donne capitaliste

Nous avons largement présenté, dans les colonnes de ReSPUBLICA, l’enchaînement de la période néolibérale : la forte baisse des taux de profit dans l’économie réelle à la fin des années 60 et au début des années 70, l’incapacité des nouvelles technologies à y faire face contrairement aux séquences précédentes, l’éclosion de la financiarisation mondialisée comme seul remède permettant la croissance forte des taux de profit, le processus de gonflement et d’éclatement des bulles financières privées, l’utilisation de l’argent public pour combler des dettes privées impossibles à rembourser, le développement des dettes publiques, le renforcement obligatoire des politiques d’austérité pour financer les dettes publiques, la nécessité pour le capitalisme et son oligarchie de comprimer de plus en plus la masse des salaires, donc d’entrer dans le cercle vicieux de remplacement des fonctionnaires par des CDI, de remplacement des CDI par des CDD, de remplacement des CDD par des contrats de plus en plus précaires (par l’uberisation entre autres).

Outre les reculs sociaux, l’entrée dans le processus de recul continu de la démocratie – lire et relire la fin de l’intervention de Pierre Mendès-France du 18 janvier 1957 (1)«…  L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement « une politique », au sens le plus large du mot, nationale et internationale… » – est une nécessité pour le capitalisme. (suite…)

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 «…  L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement « une politique », au sens le plus large du mot, nationale et internationale… »

Pour les prolos : Uber, pour les bourgeois : les grandes écoles

Les deux textes suivants sont dus à des militants syndicalistes SUD. Passe ton bac… après ? faudra des sous…. Quand on parle de la reproduction des inégalités sociales, les commentateurs ciblent souvent l’école primaire, le collège, le lycée. Il y a sans doute beaucoup à dire et à lutter à ces…

« De la nation et de sa prise en charge et de sa déprise, d’une révolution l’autre », par Bernard Peloille

Bernard Peloille signe là un livre ((chez Inclinaison, 20 rue du Dr Blanchard 30700 Uzès ou www.inclinaison.fr)) qui intéressera tous ceux qui veulent connaître les soubassements théoriques de l’utilisation du concept de nation dans une théorie marxiste, c’est-à-dire en articulation avec celui des classes sociales. Le premier grand intérêt du…