Le conflit du Proche-Orient produit en France la confusion et l’instrumentalisation

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Comprendre les désaccords sur les manifestations contre l’antisémitisme et/ou contre la politique israélienne est d’une difficulté extrême. Beaucoup d’organisations et d’intellectuels instrumentalisent ce conflit en fonction de leurs propres non-dits et organisent les éclairages qu’ils utilisent en fonction d’un positionnement préétabli sans partir de l’ensemble des faits politiques, économiques, historiques, sociologiques, psychologiques, individuels ou collectifs, des événements récents.

Prendre une position en choisissant certains faits et pas d’autres, sans vérification conduit à une instrumentalisation voire à une reconstruction de l’histoire. Cette séquence politique est une mine de travail historique pour les décennies à venir. Nous ne sommes pas en mesure aujourd’hui d’effectuer ce travail de déminage intellectuel et culturel. Nous nous bornerons donc à présenter le paysage tel que nous le jugeons confus et largement instrumentalisé par les uns et par les autres. Nous analyserons d’abord le vécu dans le début de cet article et pour obtenir notre vision du réel, nous nous réserverons en fin d’article, une conclusion provisoire exposant notre point de vue soumis au débat populaire.

Partis politiques : des stratégies huntingtonniennes aux positions électoralistes

Pour la droite installée (LR) et l’extrême droite (RN et reconquête), le soutien au gouvernement d’extrême droite israélien est total parce ce conflit est un exemple du conflit de civilisation, les pays « dits démocratiques » contre le « Sud global » non démocratiques dont la plupart des pays musulmans.

Pour l’extrême centre, le « en même temps » se comprend de la façon suivante, soutien déterminant en dernière instance au gouvernement d’Israël d’extrême droite. Mais en même temps, pour masquer le déclin de la France, il faut vendre nos produits aux pays arabo-musulmans et donc Emmanuel Macron fait des déclarations qui invitent le gouvernement israélien à la modération. Son influence est minime en sorte. Emmanuel Macron est en plein naufrage. Il est une sorte de « syndic liquidateur de la France. Ses revirements d’un jour sur l’autre sur le conflit du Proche-Orient, mais aussi sur la scène internationale donnent le tournis. Il a abandonné le « patriotisme français » pour tenter de jouer au « président européen » sans avoir l’accord des autres pays. En fait, L’Allemagne et ses soutiens nord et est européens ont fait de l’Union européenne (UE) un vassal de l’Otan et donc des Etats-Unis. La conséquence est que l’UE soutient de plus en plus le gouvernement israélien actuel (voir les votes du Parlement européen). De ce fait, on comprend mieux sa virevolte critique déclenchée lors d’une interview en anglais à la télévision britannique pour « rééquilibrer » la position française, car ce sont les exportations dans les pays arables qui tentent de masquer le déficit grandissant du commerce extérieur français.

La médiatisation israélo-allemande du cas de Shani Louk, une israélo-allemande, kidnappée, dénudée, violée et décapitée le 7 octobre 2023, documentée par le Hamas lui-même, a entraîné une mobilisation exceptionnelle d’Olaf Sholz, chancelier allemand, d’Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères et d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, mais aussi ancienne ministre de la Défense de l’Allemagne dans le gouvernement Merkel. Pendant ce temps-là, le président français gesticule. Les organisations de gauche et d’une façon générale les citoyens de gauche sont de plus en plus divisés pour des raisons diverses. D’abord divisés entre organisations et surtout de plus en plus divisés au sein de chaque organisation. Nous n’analyserons donc ici que les directions des organisations qui ont dû privilégier une position stratégique.

Pour la direction de LFI, les 600 000 voix qui « ont manqué » à l’élection présidentielle de 2017 pour être présente au deuxième tour sont à trouver principalement dans les quartiers populaires des banlieues où les Français d’origine musulmane sont nombreux. Il s’agit donc d’une stratégie électoraliste par catégorie en remplacement d’une stratégie de classe basée sur la question sociale. D’ailleurs, cela a partiellement fonctionné puisque les sondages IFOP-La Croix sur le vote Mélenchon 2017 sont passés de 37 % des suffrages dits exprimés des personnes se déclarant musulmans à un vote Mélenchon 2022 de 69 % des suffrages dits exprimés. Aujourd’hui, Jean-Luc Mélenchon a déclaré (Voir la vidéo « Dialogues avec Cagé et Piketty : Géographie des votes de gauche et stratégie de conquête électorale – YouTube » à 21 min 20) qu’il s’agissait de continuer cette stratégie pour les prochaines élections en augmentant le nombre de votants par une diminution de l’abstention très forte dans cette catégorie (30 %). Cette stratégie populiste de gauche s’appuie sur ce que pense chaque catégorie à un instant donné sans mener à la base une campagne d’éducation populaire refondée. Alors que François Ruffin propose une stratégie visant à porter l’effort sur la classe populaire ouvrière et employée des zones rurales et périurbaines.

Pour la direction du PC, il s’agit de reconquérir les catégories populaires qui ont abandonné le vote PC principalement vers l’abstention ou secondairement vers le RN et donc pour cela, revenir sur le primat de la question sociale avec les principes républicains d’où la caractérisation terroriste de l’action du Hamas et la forte critique de l’action du gouvernement israélien d’extrême droite. Le problème pour le PC est que cette stratégie demande de privilégier la bataille pour une nouvelle hégémonie culturelle, bataille qui ne peut porter ses fruits que sur la longue durée et qui demande une action d’éducation populaire refondée qui n’est pas actuellement menée par une majorité des militants communistes.

Pour la direction des Écologistes, il s’agit de continuer sur le primat des batailles écologiques et des questions sociétales sans tenir beaucoup compte des questions de classe. En ce qui concerne le Proche-Orient, proprement dit, elle oscille entre la position de l’extrême centre macroniste et celle du PC.

Pour la direction du PS, il s’agit également de reconquérir les voix de la classe populaire, mais sans faire l’inventaire des politiques socialistes précédentes. Pari impossible. Sur le Proche-Orient, sa position est proche de celle du PC.

Des gauches divisées

Depuis le 7 octobre, date du massacre de masse organisé par l’organisation terroriste Hamas, puis lors de la riposte de l’armée israélienne contre le Hamas, mais qui tue en même temps des milliers de civils palestiniens,la gauche réagit de façon éclatée.

Déjà, le tweet du 7 octobre du groupe parlementaire de LFI : « L’offensive armée de forces palestiniennes menée par le Hamas intervient dans un contexte d’intensification de la politique d’occupation israélienne à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem Est. Nous déplorons les morts israéliens et palestiniens. Nos pensées vont à toutes les victimes. L’escalade actuelle risque d’entraîner un cycle de violences infernales. La France, l’Union européenne et la communauté internationale doivent agir sans délai pour empêcher cet engrenage. Dans l’immédiat, il faut obtenir un cessez-le-feu et la protection des populations. Toutes les parties doivent revenir à la table des négociations. Pour qu’une paix juste et durable voie le jour, les résolutions de l’ONU, à commencer par la fin de la colonisation, doivent être activement mises en œuvre. Nous devons tous et toutes œuvrer dans ce sens. »

Ce tweet déplore des morts comme s’il s’agissait d’une catastrophe naturelle. Devant le tollé, Jean-Luc Mélenchon organise un rétropédalage en plusieurs tweets pour incorporer la notion de crimes de guerre alors que c’est de fait un crime contre l’humanité vu la sauvagerie montrée par les images que le Hamas lui-même a mises sur les réseaux sociaux. Et en refusant définitivement la notion de terrorisme pour des raisons essentiellement électoralistes notées ci-dessus. Danièle Obono traitera même le Hamas de « mouvement de résistance », étonnamment sans aucune critique de la direction de la LFI et Mathilde Panot reprenant les informations fausses du Hamas sur le bombardement de l’Hôpital de Gaza City alors que c’était imputable au Jihad islamique. Les écologistes, le PC et le PS ont acté quant à eux le caractère terroriste de l’action du Hamas.

Une victoire militaire peut être une défaite médiatique et une impasse politique.

De fait, l’armée israélienne peut gagner la guerre sur le plan militaire, mais risque définitivement de perdre la bataille politique comme la France qui a gagné la bataille militaire en 1961 en Algérie, mais a perdu la bataille politique. C’est pourquoi devient patente l’action criminelle de l’équipe d’extrême droite de Benyamin Netanyahu qui a fait dégarnir la protection des populations israéliennes en bordure de Gaza pour concentrer les actions militaires de soutien aux colons d’extrême droite de Cisjordanie.

Le gouvernement d’extrême droite a donné à l’armée israélienne la mission d’éradiquer le Hamas. Mais comme le Hamas se sert des civils, des hôpitaux et des écoles, comme boucliers humains (un dirigeant du Hamas a même dit que la protection des civils n’était pas de leur responsabilité puisque c’était celle d’Israël et de l’ONU !), la riposte de l’armée israélienne entraîne ipso facto des morts civils par milliers avec la possibilité d’incrimination pour crimes de guerre.

L’extrême droite et LR étant en soutien inconditionnel de l’action du gouvernement israélien d’extrême droite. L’extrême centre macroniste eut la même position jusqu’à son revirement pour cause du volume d’exportation dans les pays arabes et/ou musulmans dans la balance du commerce extérieur.

Quant à la gauche, elle opère de façon dispersée. Le 9 novembre, un premier rassemblement de gauche eut lieu jeudi soir lors du rassemblement organisé chaque année par l’association Mémorial 98 et le Réseau d’action contre l’antisémitisme et tous les racismes (Raar) pour rendre hommage aux victimes des attaques nazies de la nuit de Cristal du 9 novembre 1938 et à celles de tous les génocides. Beaucoup de syndicalistes de la CGT et de la FSU étaient présents et un discours de Sophie Binet secrétaire général de la CGT fut prononcé.

Albert Herszkowicz, président de Mémorial 98, et Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. (Capture d’écran humanite.fr)

Extrait du discours de Sophie Binet, secrétaire général de la CGT :

« Nous tenons à exprimer toute la solidarité de la CGT avec la communauté juive de France victime d’actes antisémites en forte augmentation, ayant parfois de la famille en Israël victime des attaques du Hamas, et ne se sentant pour finir en sécurité nulle part. 

  • Non, la communauté juive n’est pas responsable de la politique de l’État d’Israël
  • Non, rien ne justifie ou n’excuse jamais l’antisémitisme
  • Non, critiquer la politique de l’État d’Israël, défendre les droits des Palestiniens ce n’est pas être antisémite
  • Oui, il est nécessaire d’identifier l’antisémitisme, cette forme particulière de racisme et de mener des actions spécifiques pour la dénoncer. 
  • Oui, nous avons beaucoup à progresser sur le sujet, y compris au sein du mouvement ouvrier qui a lui aussi longtemps – et encore aujourd’hui – toléré ou minimisé l’antisémitisme…L’histoire de l’antisémitisme est intimement liée à l’histoire de France et à l’histoire de l’occident.Cette histoire, elle coule aussi en partie dans les veines de la CGT qui a été dirigée pendant 40 ans par d’anciens déportés, de Georges Séguy à Henri Krasucki, juif, polonais, résistant, déporté à 18 ans à Auschwitz. En disant que cette histoire est liée à l’histoire de France, c’est parce que nous avons d’abord, nous, française et français, à faire notre autocritique sur cette question alors que la Shoah a été amplifiée par la collaboration de la France… Henri Krasucki mettait en garde et enjoignait à « ne pas jouer à des jeux politiciens autour de la grave question du racisme et de l’antisémitisme ». Et c’est exactement le problème aujourd’hui. Ce message simple semble pourtant malheureusement si compliqué aujourd’hui.

Nous avons besoin d’avoir une classe politique qui soit capable de ; 

  • Condamner clairement le terrorisme du Hamas, l’assassinat de 1400 civils israéliens et appeler à la libération immédiate des 220 otages.
  • Condamner tout aussi clairement les bombardements de Gaza qui ont déjà fait 10 000 morts palestiniens dont 5000 enfants et demander un cesser le feu immédiat sans condition.
  • Condamner avec autant de force l’antisémitisme en cessant de le justifier par la question du conflit israélo palestinien, le racisme et l’islamophobie en rappelant sans cesse que ces questions sont au cœur des idéologies d’extrême droite et qu’il est donc de notre responsabilité de maintenir et renforcer un cordon sanitaire Républicain pour empêcher le gravissime processus de banalisation du rassemblement national qui est à l’œuvre. »

Par ailleurs, de nombreuses réunions publiques propalestiniennes ont été tenues en cette fin de semaine dont plusieurs ont été attaquées par des commandos d’extrême droite comme à Lyon où plusieurs blessés sont à déplorer.

À Chacun sa manifestation !

Le samedi 11 novembre fut une manifestation de gauche de tous ceux qui ne voulaient pas appeler à la manifestation du lendemain à 15 h aux Invalides organisée par les présidents des deux assemblées parlementaires pour cause de participation de l’extrême droite. Ces manifestations ont regroupé en France entière quelques petites dizaines de milliers de manifestants. Mais en général, ces manifestations étaient des manifestations à charge contre la politique israélienne, mais sans mention des actions terroristes du Hamas dont l’intentionnalité manifeste d’effectuer un massacre de masse (à la simple vue des images fournies par le Hamas lui-même et des images prises après le massacre de masse) devraient être incriminées comme crimes contre l’humanité.

Le dimanche 12 novembre au matin, une manifestation est appelée sur les lieux de la rafle du Vél-d’Hiv par des organisations de jeunes proches de la LFI (Union étudiante, Union syndicale lycéenne, organisations de jeunesse de la LFI, de générations et du NPA) et par la LFI elle-même. Outre le fait que ces organisations ont déclaré la manifestation hors délai permettant à la Préfecture d’interdire la manifestation tout en permettant le dépôt de gerbe de la LFI, le rassemblement de quelques centaines de personnes a été perturbé par des militants juifs critiquant la venue de la LFI à cet endroit-là.

Puis vint la grande manifestation « Pour la République et contre l’antisémitisme » à 15H aux Invalides appelée par les deux présidents des assemblées parlementaires. Ce fut et de loin la manifestation la plus importante de la semaine (plus de 100 000 personnes à Paris d’une part et environ 90 000 personnes dans le cumul des villes de province. Cette manifestation est la plus importante manifestation de la séquence et regroupera un arc large allant des deux organisations d’extrême droite, Reconquête et le Rassemblement national, LR, l’extrême centre macroniste, des organisations de gauche, PS, PC, les Écologistes (les élus de ces trois organisations étaient dans un cortège derrière une banderole sans logos partisans), diverses organisations associatives et le Grand orient de France.

Retours d’expérience de participants à la manifestation du 12 novembre à 15h.

Les remontées que nous avons eues de militants des différents partis de la Nupes (y compris de la LFI) et de Générations’s qui ont participé à cette manifestation font état d’une satisfaction de la forme « originale » de cette manifestation avec peu de banderoles, peu de slogans. Un groupe militant de gauche qui a vu passer toute la manifestation n’a pas entendu de propos antimusulmans contrairement aux dires de certains responsables de la France insoumise.

Une réaction d’une militante de Génération.s : « Je suis arrivé tard et j’ai été agréablement surprise par la diversité relative et le calme de cette manif loin des rassemblements habituels avec drapeaux israéliens et cris d’ « Israël vaincra ». À l’arrivée, l’extrême droite formait un petit cortège d’élus précédé par un service d’ordre de la Ligue de défense juive (organisation d’extrême droite). Cela faisait peur. Par contre, j’ai croisé un jeune avec une pancarte Golem (organisation juive de gauche) que j’ai pu féliciter. Un autre manifestant de gauche : « Beaucoup de monde. La France de la diversité peu représentée (à part quelques drapeaux berbères). Participation discrète en dehors du carré des personnalités, bien  joué ! NDLR : il fait référence au ministre Attal anonyme dans la foule, qu’il a pris en photo). »

Un autre manifestant de gauche a noté la présence de drapeaux iraniens d’avant la prise du pouvoir de Khomeiny. Un électeur de Fabien Roussel dit qu’il a rencontré plusieurs camarades de sa sensibilité. Deux militantes de la France insoumise : » Nous sommes satisfaites de notre participation même si la présence de l’extrême droite la gêne un peu. Mais l’ambiance de fraternité était perceptible. Cela faisait moins loin que d’aller à Strasbourg ! » (NDLR : elles faisaient allusion aux députés de LFI qui ont manifesté à Strasbourg, car il n’y avait pas de présence visible de l’extrême-droite). Tous ces participants parlent de la dignité du cortège et de la non-violence de la manif pour une fois! Tous pensent qu’ils n’ont pas eu l’impression d’être « récupérés » par des organisations avec camions sonos et des slogans partisans.

Et enfin, une prise de position d’ « Une autre voix juive » (Voir l’article « À propos des manifestations prévues le 11 et 12 novembre 2023 ! » de Mediapart) disant qu’ils ne participeront pas aux manifestations du 11 et 12 novembre parce que les deux premières ne qualifient pas l’action terroriste du Hamas et celle appelée par les deux présidents des assemblées parlementaires ne critique pas l’action colonialiste d’Israël alors qu’ils demandent la libération des otages. On retrouve dans les signatures du manifeste constitutif de cette association (Les Signataires (free.fr) Jérôme Guedj, Raymond Aubrac (décédé en 2012) et de nombreux intellectuels, chercheurs et résistants et enfants de résistants.

Conclusion provisoire : la gauche politique incapable de lancer une campagne massive contre tous les racismes en France

La gauche politique est en train de se marginaliser puisque la direction de son parti dominant (la LFI) refuse de caractériser le Hamas et le gouvernement d’extrême droite d’Israël d’associés – rivaux et se trouve dans l’incapacité de lancer une campagne massive contre tous les racismes.

Et les directions des autres partis de la Nupes n’ont pas engagé leur organisation dans une campagne pour une nouvelle hégémonie culturelle via une éducation populaire refondée. Chaque parti de gauche se satisfait d’être à l’initiative d’une manifestation à Paris de quelques centaines de manifestants ou de quelques milliers voire pour la plus importante de quelques toutes petites dizaines de milliers de participants.

Tout cela fait moins que les manifestations de l’extrême gauche seule de la grande époque ! Tout cela fait le miel de l’extrême centre, de la droite installée et de l’extrême-droite (il suffisait de voir la banderole de tête avec uniquement les leaders de l’extrême centre macroniste et de la droite installée goguenards). De plus, la gauche sous-estime le fait que les délits anti-juifs sont les plus nombreux, suivis des délits anti-chrétiens, suivis de très loin par les délits antimusulmans. Même si cela va à contre-courant de la vox populi de gauche, cela est la vérité des faits. Et le fait que la gauche politique n’ait pas pris avant les droites, la décision d’enclencher elle-même une campagne contre tous les racismes en dit long sur son inadéquation pour prendre le pouvoir dans ce pays. Et pour la gauche syndicale pour reprendre la tête du mouvement syndical et pour rassembler et unifier le monde du travail pour vaincre.

Cela dit, prétendre comme le fait l’extrême centre que la manifestation du 12 novembre après-midi à l’appel des deux présidences de l’Assemblée Nationale et du Sénat est « sans rapport avec la situation au Moyen-Orient » comme l’a déclaré Catherine Colonna ministre des Affaires étrangères, est un enfumage pour noyer le poisson sur les objectifs politiques des appelants, qui de fait est un soutien déguisé sous la nécessaire lutte contre l’antisémitisme à la politique d’ultra droite de Netanyahu. Cette déclaration est une absurdité, contraire à toutes les évidences, car l’augmentation des actes racistes et antisémites est bien la suite de cette situation, les chiffres le démontrent. La condamnation de ces actes est bien évidemment indispensable, mais il ne faut pas en créer les conditions. La propagande du gouvernement, de la presse aux ordres pour dépolitiser la manif afin d’en camoufler le soutien à la politique du gouvernement Netanyahu touche à de la vulgaire propagande et n’aura à terme que peu de conséquences positives.

Le grand gagnant de cette séquence est le processus de l’union de toutes les droites qui est en train de se constituer en France à l’instar de ce qui se passe dans toute l’Europe.

Le rôle d’une gauche de gauche est de constituer un bloc historique populaire avec la classe populaire ouvrière et employée et les couches moyennes intermédiaires. Pour cela, il faut d’abord unifier la classe populaire ouvrière et employée d’où la nécessité de lancer une grande campagne contre tous les racismes, mais aussi d’assurer le primat du combat social seul capable d’unifier le prolétariat. Il faut en finir avec une gauche politique qui se contente d’être un associé-rival de l’extrême droite en suivant principalement un seul électorat (l’électorat musulman pour la direction de la LFI, et l’électorat antimusulman pour l’extrême centre macroniste, la droite installée et l’extrême droite). Et que les trois autres directions de la Nupes sachent que l’on ne peut pas devenir une gauche de gauche uniquement en critiquant la direction de la LFI.

Le débat doit avoir lieu autour de propositions concrètes. À ce jeu, c’est l’union de toutes les droites qui va gagner ! Mais qu’est-ce qu’ils attendent les directions des gauches politiques et syndicales pour lancer une grande campagne contre tous les racismes et en unifiant un bloc populaire historique autour du primat de la question sociale. Toute la gauche française doit devenir une gauche de gauche ou elle suivra une italianisation de la politique française.