Nous vivons une séquence formidable !

Quelques jalons en cette rentrée de septembre :

  • Défaite étasunienne en Afghanistan après 20 ans d’alliance du leader économique mondial avec les corrompus, avec les identitaires ethniques, avec les obsessions tribales. Face à eux, une force talibane structurée, centralisée, avec un projet national trans-ethnique, soutenue par les intégristes chiites iraniens et sunnites pakistanais, qui a construit patiemment un autre État parallèle à l’État corrompu soutenu par le leader économique mondial. Et tant pis pour l’émancipation individuelle et collective !
  • La Guadeloupe, déjà championne du monde du cancer de la prostate – ce qui montre que la France n’était déjà plus républicaine avant la crise du Sars-Cov2 -, partage avec la Martinique la mise en place d’un tri des malades du coronavirus par suite de la faillite sociale et sanitaire de la politique néolibérale qui a supprimé la moitié des lits hospitaliers en 40 ans en France. Quant au faible taux de vaccination, il convient de comprendre la souffrance du déni du chlordécone, du retard d’intervention sur le chikungunya, du soutien à la bourgeoisie néolibérale béké, d’un retard de livraison des vaccins de presque 2 mois.
  • Sans compter les dizaines de milliers de décès en trop dans toute la France uniquement dues à la stratégie sanitaire de l’extrême centre macroniste du « vivre avec un virus circulant » alors que de nombreux pays utilisant beaucoup plus la stratégie de « suppression autant que faire se peut de la circulation du coronavirus » ont un ratio par million d’habitants bien meilleur que la France. Et pourtant le positionnement de la gauche sur l’actuelle crise sanitaire permet à l’extrême centre macroniste de se refaire une santé. Et tant pis pour l’émancipation individuelle et collective !
  • Une gauche de plus en plus divisée, archipelisée, sans ligne stratégique offensive et mobilisatrice, qui recule, recule, recule. Recul en nombre de militants, reculs électoraux, reculs aux élections professionnelles, reculs des conquis sociaux et politiques, recul de la démocratie, recul de la laïcité, recul écologique. Et pour l’instant, rien ne change. Il ne manquait qu’Arnaud Montebourg, maintenant la société du spectacle peut commencer !
  • Enfin l’imposture de la gauche identitaire, indigéniste, rac(ial)iste, intersectionnelle, qui participe petit à petit à la minimisation de la question sociale et du primat de la lutte des classes. Oui, imposture. Il aura suffi de lire pendant la période estivale Peau noire, masques blancs  de Frantz Fanon. La gauche identitaire s’en réclame alors qu’elle est aux antipodes d’une pensée qui est nôtre. Lisons : 

« Le noir qui veut blanchir sa race est aussi malheureux que celui qui prêche la haine du blanc
Nous estimons qu’un individu doit tendre à assumer l’universalisme inhérent à la condition humaine
la véritable désaliénation du Noir implique une prise de conscience abrupte des réalités économiques et sociales
Qu’on le veuille ou non, le passé ne peut en aucune façon me guider dans l’actualité
N’ai-je donc sur cette terre autre chose à faire qu’à venger les Noirs du XVIIe siècle ?
 Je n’ai pas le droit, moi homme de couleur, de souhaiter la cristallisation chez le Blanc d’une culpabilité envers le passé de ma race
Je n’ai pas le droit, moi homme de couleur, de me préoccuper des moyens qui me permettraient de piétiner la fierté de l’ancien maître. Je n’ai ni le droit ni le devoir d’exiger réparation pour mes ancêtres domestiqués. Il n’y a pas de mission nègre ; il n’y a pas de fardeau blanc
Je suis nègre et des tonnes de chaînes, des orages de coups, des fleuves de crachats ruissellent sur mes épaules. Mais je n’ai pas le droit de me laisser ancrer. Je n’ai pas le droit d’admettre la moindre parcelle d’être dans mon existence. Je n’ai pas le droit de me laisser engluer par les déterminations du passé…
le malheur de l’homme, de couleur est d’avoir été esclavagisé. Le malheur et l’inhumanité du Blanc est d’avoir tué l’homme quelque part…
Que cesse à jamais l’asservissement de l’homme par l’homme, c’est-à-dire de moi par un autre. Qu’il me soit permis de découvrir et de vouloir l’homme où qu’il se trouve. Le nègre n’est pas. Pas plus que le Blanc
. »


Mais pourquoi, direz-vous, inaugurer la nouvelle formule de ReSPUBLICA avec un tel pessimisme ? Et pourquoi êtes-vous nombreux à avoir répondu positivement à notre appel de financement participatif ? Parce que vous et nous partageons peu ou prou ce pessimisme de l’analyse sur le court terme mais aussi l’optimisme de notre volonté commune pour le long terme de renverser les choses, l’ordre établi, et de reprendre le chemin de l’émancipation individuelle et collective. Nous vous proposons donc de découvrir ce premier numéro de la nouvelle formule puis de renforcer nos liens, contacts, débats en présentiel et en visioconférence.

À bientôt donc !