Nouvelle donne résultant des législatives partielles de décembre 2012

Sur fond record d’abstentions, la saga de l’UMP n’a pas affaibli la mobilisation des électeurs UMP. Le Front de gauche augmente légèrement son pourcentage de voix mais dans un environnement moins concurrentiel dans la gauche de gauche. Le Front national ne fait pas de percée supplémentaire à celle effectuée en juin 2012. Par contre l’effondrement du PS est patent : en six mois, le candidat socialiste de la circonscription du Val-de-Marne n’est même plus au deuxième tour, le candidat de la circonscription des Hauts-de-Seine fait nettement moins bien que la somme de son score de juin 2012 et des candidats socialistes et écologistes qui n’avaient pas voté pour lui au premier tour de juin 2012. Bien évidemment, le record d’abstentions lors des élections de décembre par rapport à celles de juin invite à limiter les comparaisons. Mais nous pouvons dire que l’effondrement du PS sur 6 mois est quand même spectaculaire et que cela n’avantage  principalement que la droite néolibérale. Et pas n’importe laquelle. Dans la circonscription du Val de Marne, un candidat copéiste dissident fait presque jeu égal avec le candidat commun UDI-UMP, il le dépasse même sur Saint-Maur. Et il n’est pas loin de l’extrême droite.
Nous ne pouvons donc pas nous féliciter du résultat de ces élections. Nous pouvons même avancer l’hypothèse que le Front de gauche n’a pas été à la hauteur des enjeux. Sans doute parce qu’il n’a pas dépassé sa forme actuelle en rejetant tous les électeurs qui voulaient adhérer directement au Front de gauche (suite à la bonne mobilisation autour du candidat du Front de gauche au premier tour de la présidentielle) et non auprès des organisations constitutives du Front de gauche. Sans doute aussi parce que la perspective d’avoir partout aux élections municipales de 2014 des listes Front de gauche au premier tour n’est toujours pas actée. Pire, certaines fédérations départementales du PCF, dont celle du Val-de-Marne, ont fait des communiqués de presse ambigüs dans un appel au rassemblement de toute la gauche pour les municipales. Le précédent des régionales avec cinq régions où le PCF a fait alliance au premier tour avec les socialistes est dans toutes les têtes. Cela n’aide pas à la mobilisation. Sans doute enfin parce que la priorité des directions nationales des organisations constitutives du Front de gauche n’est pas d’organiser une grande campagne d’éducation populaire aux fins de prendre l’initiative de grands débats populaires sur « ce que devrait être une politique réellement de gauche ». En réalité, si certaines assemblées citoyennes vont dans ce sens, d’autres, par manque d’autonomie, ne sont que des comités de soutien aux organisations constitutives du Front de gauche. Le « bougisme », l’activisme et la « réunionite » ne remplaceront jamais une campagne d’explication sur la lutte des classes aujourd’hui et de grands débats populaires pour la faire vivre.

Que faire ?

D’aucuns se plaignent des difficultés de mobilisation pendant que d’autres font des salles combles. Voilà le constat du Réseau Education Populaire (REP, entre 200 et 250 initiatives par an, www.reseaueducationpopulaire.info). Un stage « mobiliser pour une réunion citoyenne » est même proposé !
Ce qui est sûr est que la fébrilité et l’activisme sur les médias électroniques ne suffisent pas à la mobilisation populaire tout simplement parce que la part des citoyens qui lisent tous leurs messages régulièrement est faible, même si beaucoup les lisent de temps en temps. Il faut repenser la ligne stratégique de communication, notamment vers les couches populaires sur la base de leurs intérêts de temps court et de temps long. Il faut aussi d’autres vecteurs de communication : contact oral avec tous les acteurs sociaux et politiques de proximité, porte-à-porte, travail en collectif, distribution dans les grands flux notamment des transports en commun ou des grandes entreprises ou des hôpitaux, etc., développement d’une communication visuelle, université populaire avec diversification des formes de l’éducation populaire : conférences traditionnelles, stages de formation, ciné-débat, vidéos-débat, théâtre-forum, conférences populaires, etc. etc.

Est-ce que nous pourrons convaincre suffisamment vite  ? Voilà la question. Parce que la politique gouvernementale va accentuer la désespérance sociale, la gauche de gauche doit gagner la course de vitesse avec le recours à droite et à l’extrême droite. C’est toujours comme cela en période de crise. Nous sommes prévenus. A chacun d’être à la hauteur des enjeux !