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Voici la recension d’une vidéo d’un entretien avec François Bégaudeau ⁽¹⁾Enseignant en disponibilité, il est collaborateur régulier de diverses revues : Inculte, Les Cahiers du cinéma, Transfuge et chroniqueur à La matinale de Canal. Il a co-écrit le scénario d’Entre les murs avec Laurent Cantet, film inspiré de son propre roman Entre les murs, Palme d’or au Festival de Cannes 2008. dans lequel il décortique la question de l’immigration, sujet qui agite les débats pour le meilleur et plus souvent pour le pire. A noter que cette vidéo est tirée d’un entretien donné à Livre noir (tout nouveau média d’extrême droite )où Bégaudeau est allé porter la contradiction (et ils sont trop peu nombreux à le faire !) avec une redoutable efficacité (voir également l’article de Rachel Haller sur son livre Notre joie).

 « L’armée industrielle de réserve »

Son propos illustre ce que Karl Marx analysait et présentait dans Le Capital : « L’excès de travail imposé à la fraction de la classe salariée qui se trouve en service actif grossit les rangs de la réserve, et, en augmentant la pression que la concurrence de la dernière exerce sur la première, force celle-ci à subir plus docilement les ordres du capital.» Ou encore: «La condamnation d’une partie de la classe salariée à l’oisiveté forcée non seulement impose à l’autre un excès de travail qui enrichit des capitalistes individuels, mais du même coup, et au bénéfice de la classe capitaliste, elle maintient l’armée industrielle de réserve en équilibre avec le progrès de l’accumulation.»

Cela se confirme en partie quand des secteurs de l’économie « manquent » de main d’œuvre. Ce manque impose aux employeurs de négocier à la hausse les salaires trop bas et les conditions de travail rédhibitoires ou peu attractives.

La vidéo s’articule en deux parties : l’une, plus approfondie, sur la situation des migrants ; l’autre sur les causes de la migration, suivie d’une invitation à agir en anticapitalistes.

Le débat n’est pas entre « pro » et « anti » immigration.

Dans son propos introductif, il distingue deux camps idéologiques. D’un côté, le camp de ceux qui se prononcent contre l’immigration en mettant en avant les questions d’insécurité, de grand remplacement, d’insécurité culturelle et, de l’autre, celui des pro-immigration. Il considère comme aussi incongru de se dire pro-immigration que de se dire pro-avortement. On n’est pas pro-avortement mais pour la légalisation de l’avortement qui est un recours parfois douloureux et pénible face à des situations diverses et variées.

Analyse de la migration : une boussole sociale et les causes

La boussole sociale invite à déterminer où se trouve les faibles, ceux qui sont en état de dominer et ceux qui sont en situation d’être dominés. A l’évidence, le migrant est le faible, la victime qui fuit une « saloperie » qu’il veut quitter, fuir comme la pauvreté extrême ou non, la guerre, la dictature ou d’autres malheurs et qui le poussent à s’arracher à sa famille, ses proches. Il sera volé ou ponctionné de manière ignoble par des passeurs et à l’arrivée se retrouve démuni sur un marché du travail où il sera surexploité. Il s’agit donc de défendre le migrant et non pas l’immigration. Bégaudeau considère comme indigne et indécent de stigmatiser le migrant.

Il s’agit donc de défendre le migrant et non pas l’immigration.

Quant aux causes, il cite la déshérence des pays d’origine, souvent du Sud et souvent liée à « l’hégémonie occidentale sur le richesses mondiales » et le capitalisme qui « adore le migrant qui est un prolétaire au carré particulièrement fragile » et vulnérable.

Conclusion de François Bégaudeau : soyons anticapitalistes

 « Si vous voulez défendre le migrant qui est un souffrant au carré ou si vous considérez que la migration produit un certain nombre de dommages, soyez anticapitalistes. »

Nous pouvons prolonger le propos en affirmant que pour les migrants et les travailleurs des pays « d’accueil », le combat est le même contre un système économique ultralibéral qui désorganise, fragilise les pays économiquement sous-développés et pillés. Une forme moderne du « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous » ! Car ce pillage provoque la misère, la destruction des services publics et le désir d’aller voir ailleurs pour s’en sortir. Les oligarques, les responsables politiques à leur botte, sont à l’origine des bouleversements migratoires, des dérèglements climatiques qui causent des migrations.