Alors que le Président de la République s’est félicité de voir les professionnels de santé applaudis lors de la première vague COVID, les mesures qui découlent du plan Investir pour l’Hôpital et du Ségur de la santé sont une invitation à déserter l’hôpital public pour tous les praticiens engagés, alors que plus de 30 % des postes sont toujours vacants ! Les médecins Anne Wernet, présidente du Snphare, Cyrille Venet du Smnh-Fo, Christophe Prudhomme de l’Ufmict-Cgt, Patrick Pelloux de l’Amuf, Arnaud Chiche du collectif santé en danger ont raison d’écrire que « par une mécanique non compensée par les mesures Ségur, les décrets pour l’attractivité du 28 septembre 2020 et le décret à paraître fin janvier sur les modifications de grilles d’échelon conduisent à la perte relative de 4 années d’ancienneté pour les praticiens hospitaliers nommés avant 2020, et à une arrivée en fin de grille au-delà de l’âge de la retraite ! »
La première arnaque est la présentation dans l’urgence, et en plein Ségur, d’un décret supprimant les trois premiers des treize échelons de la grille d’ancienneté des praticiens hospitaliers. Cette excellente mesure, discutée et plébiscitée par tous les syndicats depuis des années, se devait d’être accompagnée d’une mesure compensatrice pour les autres praticiens : le Ségur réglerait cela, nous a-t-on dit au ministère. Il n’en a rien été… les modalités d’applications qui ont précédé la parution de ce décret ont confirmé l’entourloupe, faisant coexister deux grilles d’ancienneté selon que vous êtes nouveau dans la carrière hospitalière, ou que vous y êtes depuis plus longtemps, accordant un désavantage de 4 années d’ancienneté : la fidélité à l’hôpital public est punie !
La deuxième arnaque est celle des accords du Ségur, majorée par cette entourloupe. La création des trois derniers échelons fait passer la durée de la progression de carrière de 24 ans à 32 ans (praticiens nommés en 2020) et 36 ans (PH nommés avant 2020). Ceci a deux graves conséquences : d’une part, tous les PH actuels atteindront le dernier échelon après 66 ou 67 ans, l’allongement de carrière va limiter la constitution d’une pension – ce qui, dans un système de retraite à points (que nous avons déjà avec l’IRCANTEC, et qui représente la part principale de nos futures pensions de retraites), est particulièrement pénalisant – ou incitera à travailler au-delà des limites physiologiques : danger pour les patients, danger pour les praticiens ! l
Tout est fait pour créer des injustices nouvelles au sein de l’hôpital public. On voudrait inciter les médecins hospitaliers à partir, on ne s’y prendrait pas autrement !