Appel à soutenir le Bureau Laïque International

Constatant :

– Que la théorie dite du « choc des civilisations » entre d’un côté un occident chrétien, de l’autre un orient musulman, tend à s’imposer au mépris de tous ceux qui, partout dans le monde, militent en faveur d’un modèle politique fondé sur le principe de laïcité ;
Que, sous couvert de défendre un « droit à la différence », de nombreux Etats légitiment la différence des droits entre les citoyens en fonction de leurs options spirituelles, favorisant ainsi les communautarismes ;

– Qu’avec l’aide des religions, des gouvernements tentent d’embrigader les peuples dans des affrontements guerriers meurtriers ;

– Qu’en plus de lutter contre les inégalités existant entre les hommes et les femmes, ces dernières doivent sans cesse défendre les droits acquis, notamment en matière d’égalité socio-professionnelle et de maîtrise de leur corps ;

– Que, dans de nombreux pays, l’avancée des divers intégrismes vient aggraver leur sujétion ;

– Que, malgré un mouvement de sécularisation et de recul des religions, la mondialisation des politiques néolibérales qui, à la faveur du consensus de Washington, ont engagé dès le début des années 80 la marche forcée vers la privatisation et la marchandisation de toutes les activités humaines a exacerbé les replis communautaires (le désengagement de l’Etat nécessitant le recours à des formes de solidarités traditionnelles et la substitution du principe de charité à celui de solidarité nationale) ;

– Que la posture de la gauche communautariste qui n’hésite pas à faire alliance avec les religieux sous prétexte de contrer l’ « impérialisme occidental » est aussi néfaste que la posture néolibérale qui consiste à désinvestir le champ social, laissant ainsi les mêmes religieux s’engouffrer dans la brèche ;

– Que la crise économique actuelle accentue les inégalités de fait et la pauvreté ;
Mais que, partout dans le monde, de nombreuses mobilisations ont lieu pour lier le combat laïque, le combat féministe et le combat social ;

Les organisations et personnes ci-dessous ont constitué un Bureau Laïque International – dit BLI – basé sur les présentes résolutions, en vue de promouvoir le principe de laïcité dans le monde :

1. Nous affirmons notre attachement au principe de laïcité. Le principe de laïcité, notamment par la stricte séparation des Etats et des Eglises, garantit la non-ingérence de la religion dans la sphère de l’autorité publique, en même temps que la parfaite indépendance vis-à-vis de l’Etat des associations religieuses et spirituelles que les individus forment dans la société civile. La laïcité garantit aux citoyens la liberté de conscience absolue : la liberté de croire, de ne pas croire, de changer de croyance, ainsi que la liberté d’expression. A ce titre, la liberté de critiquer les religions ne saurait être remise en question et prévaut sur toutes les tentatives d’instaurer un délit de « diffamation des religions et de leurs prophètes ».

2. Nous affirmons notre attachement au principe de l’égalité et de l’universalité des droits. Attachés que nous sommes à une conception républicaine de la citoyenneté, nous rejetons toutes les formes de régimes qui, au nom d’un particularisme quelconque, segmentent le corps politique, que ce soit en vue de privilégier une catégorie de citoyens ou de l’exclure. A ce titre, nous entendons lutter contre toutes les formes de discriminations, notamment celles que subissent les femmes et les minorités.

3. Nous refusons le néolibéralisme mondialisé, prédateur et destructeur, qui accroît la paupérisation dont les femmes et les enfants sont toujours les premières victimes et qui requiert, comme palliatif au désengagement de l’Etat, le repli sur des solidarités traditionnelles de type communautaire. Face au néolibéralisme, nous appelons à la globalisation des combats.

Aujourd’hui, en cette date du 9 décembre 2009, nous lançons un appel solennel à toutes les personnes et organisations en accord avec les principes ci-dessus afin qu’elles soutiennent notre initiative en signant ce texte et nous rejoignent.

Les fondateurs du BLI

Coalition for a Secular State, Serbia
Collectif citoyen pour l’égalité et la laïcité (CCIEL), Montréal
Council of Ex-Muslims of Britain
Development Alternatives with Women for A New Era (DAWN),  international network
Equal Rights Now – Organisation against Women’s Discrimination in Iran
Iran Solidarity
Iranian Secular Society
MAREA
, feminist journal, Genova, Italy
Parti pour la Laïcité et la Démocratie (ex MDSL), Algérie
Protagoras, Croatia
One Law for All Campaign against Sharia Law in Britain
Organization for Women’s Liberation (OWL), Iran
Secularism Is A Women’s Issue (SIAWI), international network
Southall Black Sisters, UK
Union des Familles Laïques (UFAL), France
Women Against Fundamentalism, UK
Women’s Initiative for Citizenship and Universal Rights (WICUR) international network
Women in Black – Belgrade (WIB), Serbia
Women Living Under Muslim Laws (WLUML), international network

Sunila Abeysekera, is a human rights activist and is the executive
director of International Women’s Rights Action Watch Asia Pacific
Zarizana Abul Aziz, lawyer, human rights activist, Malaysia
Samia Allalou, journaliste, Algérie/France
Hakim Arabdiou, militant laïque, France
Soheib Bencheikh, théologien, spécialiste des religions et de la laicité, ancien mufti de Marseille, France
Djemila Benhabib, auteure de « Ma vie à contre-Coran », récipiendaire du Prix des écrivains francophones d’Amérique
Codou Bop, journaliste, Dakar, Sénégal
Caroline Brancher, co-responsable du secteur féminisme et laïcité de l’UFAL, Paris
Ariane Brunet, co-fondatrice de Urgent Action Fund , Montréal
Sonia Correa,  co-coordinator of Sexuality Policy Watch and Research Associate at ABIA (Brazilian Interdisciplinary Association for AIDS – Brazil), Rio De Janeiro
Yvonne Deutsch, feminist peace activist, Jerusalem
Lalia Ducos, présidente de WICUR, Paris-Alger
Alda Facio, jurist and feminist human rights activist, part of the Campaign for Debaptisation, Costa Rica
Caroline Fourest, essayiste, Paris/France
Gigi Franscisco, coordinator of the DAWN international network, Manila, The Philippines
Pierre Galand, président du Centre d’action laïque (CAL), Belgique
Nadia Geerts, initiatrice du R.A.P.P.E.L. (le-rappel.be), Belgique
Laura Guidetti, President and co-founder of MAREA, Genova, Italy
Marieme Helie Lucas, fondatrice du WLUML et coordinatrice de SIAWI, Algérie/France
Hameeda Hossain, co-chair of South Asians for Human Rights and Chairperson of Ain o Salish Kendra, Dhaka, Bangladesh
Ayesha Imam, Sociologist, human rights activists, Nigeria
Harsh Kapoor, founder of South Asia Citizens Web (sacw.net), France/Inde
Sultana Kamal, lawyer and human rights activist, Executive Director of Ain O’Salish Kendra, Dacca, Bangladesh,
Cherifa Kheddar, présidente de l’association ” Djazairouna” des Familles Victimes du Terrorisme Islamiste, Algérie
Catherine Kintzler, philosophe, Paris, France
Monica Lanfranco, journalist, co-founder of MAREA, Genova, Italy
Azar Majedi, president of OWL, Iran/U.K
Maryam Namazie, Campaigner, Iran/U.K
Henri Pena Ruiz, philosophe de la laïcité, France
Fariborz Pooya, Iranian Secular Society, Iran/U.K
Venita Popovic,  Zenica, Bosnia and Herzegovina
Mary Jane Real, lawyer and human rights activist, Manilla, The Philippines
Rhoda Reddock, feminist historian, Professor at the University of the West Indies at St. Augustine, Trinidad and Tobago
Nina Sankari, Présidente de l’Initiative Féministe Européenne (IFE), Pologne
Aisha Shaheed, historian and women’s rights activist,Canada/Pakistan/UK
Mohamed Sifaoui, journaliste, Algérie/France
Madanjeet Singh, UNESCO Goodwill Ambassador and founder of South
Asia Foundation
Fatou Sow, sociologue au CNRS, Dakar, Sénégal
Gila Svirsky, Women In Black, Jerusalem
Lino Veljak, Professor of philosophy, University of Zagreb, founder of PROTAGORAS, Croatia
Fiammetta Venner, journaliste, Paris/France
Vivienne Wee, anthropologist and women’s rights advocate, Singapore and Hong Kong, China
Stasa Zajovic, founder of WIB-Belgrade, coordinator of the Coalition for a Secular State, Serbia