Notre modèle social fête ses 69 ans !

Le 27 mai 1943 pendant l’occupation, sous la présidence de Jean Moulin se réunissait pour la première fois le Conseil National de la Résistance.
Le 15 mars 1944 était adopté le programme de Conseil National de la Résistance. Il comprenait deux volets.
Le premier volet était destiné à la mobilisation et la coordination de toutes les forces de la résistance dans le but de chasser définitivement l’occupant nazi du territoire.
Le second volet était rédigé dans le but de reconstruire le pays après la libération.
Il contenait les mesures prévues dans le but de punir les traitres et les collaborateurs, notamment par la confiscation de leurs biens au profit de l’état, mais aussi des mesures en vue de promouvoir l’indépendance politique et économique de la Nation, ainsi qu’un plan social innovateur unique en son genre.
Ce plan qui allait être mis en application en 1946 allait permettre entre autres :

« Le retour à la nation des grands moyens de production monopolisés, fruit du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques »

Ces mesures allaient permettre un temps de reconstruire l’économie et l’industrie de la nation bien mises à mal par ces années obscures. La nationalisation des Industries du Gaz et de l’Électricité a été une mesure essentielle pour le développement industriel et social. Aujourd’hui malgré notre savoir-faire incontestable dans tous les domaines, notre tissu industriel a été méthodiquement et idéologiquement démonté pièce par pièce, mettant à mal notre indépendance. La plupart des banques et services publics ont été dénationalisés. Le profit des actionnaires et le financement des fonds de pension ont scandaleusement évolué au détriment de l’intérêt des citoyens et des salariés. Lorsque malgré tout, ce système ultralibéral ne trouvait pas son compte dans les règles du jeu qu’il avait lui-même établies, l’état venait à son secours en promulguant des lois scélérates comme la loi NOME.
Une véritable spoliation des biens publics !
NB : Malgré les grandes promesses du « Moi président », la loi NOME est toujours là !

Pour la partie sociale, le programme prévoyait entre autres :

« La liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’État, des puissances d’argent et des influences étrangères. »

Aujourd’hui la presse est dominée par trois à quatre grands groupes privés, qui détiennent presque toutes les chaines de télévision et presque tous les journaux, y compris ceux de la presse dite gratuite. Toute cette belle presse est animée en permanence par une équipe de quelques journalistes et économistes, bien sélectionnés, qui par un jeu de chaises tournantes passent tranquillement du journalisme d’écrit au journalisme télévisé, d’une chaine à l’autre, ou d’un magasine à l’autre. De ce fait malgré la multiplicité des médias, la pluralité et l’indépendance de la presse sont loin d’être effectives.

« Un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État »

Ce plan mis en place en 1946 par Ambroise Croiza ministre communiste du travail et de la sécurité sociale, est depuis quelques décennies l’objet d’attaques incessantes et injustifiées, de la part de détracteurs qui voient dans la privatisation de notre système de santé une formidable manne de profit. Il n’y a qu’à se rappeler des dernières affaires délictueuses en matière de santé pour se convaincre que leur principe se résume à :
Tant qu’il y a de la maladie il y a de l’espoir… Ou plutôt de l’argent !

« La sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauchage et de licenciement, le rétablissement des délégués d’atelier. »

Depuis quelque temps tout cela était déjà bien mis à mal, quand le fameux accord scélérat dit de « flexibilité sécurité » qui est une véritable trahison contre la classe ouvrière, est arrivé comme une cerise sur le gâteau du patronat français. Ce dernier grâce à la complicité de quelques syndicats minoritaires va pouvoir enfin être libéré de ce carcan « archaïque » qu’est le Code du travail. Pour ma part j’ai plutôt tendance à penser que l’archaïsme est du côté de ceux qui veulent nous ramener à l’époque de Germinal. Pour ceux qui n’en sont pas convaincus, je les invite à lire le communiqué du Syndicat des Avocats Français (Le SAF) sur le sujet. Il est éloquent.

En voici un petit extrait :

« Ce n’est pas de sécurisation de l’emploi dont il est question à chaque ligne du projet d’accord national interprofessionnel élaboré par le MEDEF. La sécurisation n’y est conçue qu’au profit des entreprises, pour se prémunir de toute obligation de transparence et de justification, et se constituer une véritable immunité judiciaire »…

Pour les amateurs de la controverse, je leur rappelle que ce sont des avocats qui ont écrit cela, et qu’en matière de droit ils sont mieux placés que certains experts autoproclamés et adeptes de la génuflexion, qui à force de se tenir le dos courbé ne savent même plus ce que veut dire le mot droit.

Enfin nos amis de la résistance avaient aussi prévu dans leur programme :

« Une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours »

Inutile de vous rappeler tout l’historique des attaques de notre système de retraites, qui a été créé à une époque où tout était à reconstruire et qui ne serait, semble-t-il, plus viable. Pourtant depuis ces temps reculés la productivité a été largement multipliée compensant l’aspect démographique, le fait qu’on vive plus longtemps. D’ailleurs à force de l’entendre dire qu’on vit plus longtemps, on va finir par croire qu’ils nous le reprochent, ça donne vraiment envie de s’accrocher. En fait il va vraiment falloir s’accrocher, car dans quelques réformes je pense que pour prendre la retraite à taux plein il faudra être plus que centenaire, et dans ce cas-là je crois qu’il sera préférable de signer un viager.
« Mais mon cher amis vous n’y êtes pas, il est indéniable que l’économie va mal, c’est la crise ! » (Me disait Mme la baronne Duchmol de la Courtecuisse après avoir sifflé tout mon Margnat Village)
C’est vrai, il suffit de regarder les chiffres du Salon nautique et du Salon de l’auto pour s’en convaincre et constater que la barque est remplacée par le yacht de plusieurs dizaines de mètres, et la « deux chevaux » par la Ferrari avec un seul cheval, cela dit il est cabré, et ça change pas mal de choses !
Tout ça pour vous dire en fait que ce 15 mars 2013 le programme du Conseil national de la résistance fête ses 69 ans, qu’il est l’âme de notre modèle social, que nous n’avons pas le droit de l’oublier et que nous devons en défendre bec et ongles les composantes.
Cela par respect envers le sacrifice de nos anciens, mais aussi parce qu’il contient tous les ingrédients d’une société de solidarité et de tolérance, et enfin parce qu’il est de notre devoir de léguer aux générations futures ce dont nous avons nous-mêmes profité.