Que faire ? Révolution ou révélation, il va falloir choisir !

« Ils ne cherchent pas une révolution, mais une révélation » disait Saul Alinsky, dans Rules for radicals, des militants qui veulent des changements rapides et spectaculaires via leur passion pour les grands leaders charismatiques, le romantisme révolutionnaire et les dogmes messianiques.
Bien sûr, pour ceux qui souhaitent la transformation culturelle, sociale et politique, il faut étudier sérieusement Condorcet et la Révolution française, Karl Marx, Friedrich Engels, la rupture sociale et politique du XIXe siècle, Jean Jaurès et la République sociale, Antonio Gramsci et la bataille pour l’hégémonie culturelle, Jean Moulin et le Conseil national de la Résistance. Mais, sans dresser de parallèles abusifs entre la situation des Etats-Unis à la fin des années 60 et celle d’ici et d’aujourd’hui, il faut aussi lire Saul Alinsky pour comprendre ce qu’il ne faut pas faire et ce que nous pouvons faire d’efficace. Et pour comprendre les possibilités ouvertes par une refondation de l’éducation populaire.
L’occasion d’aller au coeur de cet ouvrage de 1971 peu accessible en français nous est donnée par l’association grenobloise des Renseignements généreux qui en a publié la présentation et le résumé abondamment cité en italiques ci-après. (1)Voir http://www.les-renseignements-genereux.org/fichiers/10682. Nous remercions cette association, ainsi que Max Leguem, pour ses indications. Mais il va sans dire que ce qui suit est une piste à étudier et à débattre et n’engage que la responsabilité de la rédaction de ReSpublica.
Ce qui suit n’est qu’un complément aux analyses que nous avons l’habitude de présenter dans ReSpublica. Cette chronique vise à dire que les débats sur la ligne sont insuffisants si on n’aborde pas la réflexion stratégique et les modes d’action. Nous en voulons pour preuve la victoire municipale de Grenoble en mars dernier et son analyse. Commençons par dire l’erreur des communistes grenoblois, qui ont dès le premier tour présenté une liste commune avec les pires néolibéraux socialo-solfériniens (au prétexte qu’ils étaient sortants) et qui ont refusé avec eux de fusionner avec la liste de gauche arrivée en tête au soir du premier tour. Continuons par souligner que certains dirigeants nationaux du PG ont été un peu vite en besogne en disant que cette victoire validait des alliances EELV-PG en omettant d’analyser les causes de la victoire. En fait, le point de départ est la floraison de réseaux citoyens grenoblois depuis de nombreuses années. Ne pas oublier l’action citoyenne qui a conduit le député-maire UMP Carignon en prison. Et enfin, la création de l’Association démocratie écologie solidarité (ADES). C’est en étudiant cet ensemble de faits que l’on peut comprendre la victoire grenobloise. Il ne faudrait donc pas conclure de cette dernière qu’il suffirait de faire une alliance quelques mois avant l’échéance pour obtenir la même ailleurs. Et ces réseaux citoyens et l’ADES ont promu des formes d’action méconnues dans la plupart des partis. Ils ont certes été soutenus par de nombreux militants d’EELV et du PG, mais c’est bien dans leur pratique singulière qu’il faut chercher les causes de la victoire
Alors allons-y ! D’abord combattre les 5 plaies du militantisme occidental pour engager une réflexion stratégique de grande ampleur :

Combattre le morcellement des luttes

« Les mouvements radicaux ont de grandes difficultés à s’unir et s’élargir. En plus de la répression gouvernementale, ils semblent dévorés de l’intérieur par les querelles idéologiques, les carences organisationnelles, les ambitions personnelles ou les rivalités narcissiques. Trop souvent, ils ont tendance à se fragmenter en groupuscules en concurrence les uns avec les autres. ».

Combattre les méthodes médiocres de communication

« Les textes radicaux sont souvent illisibles, truffés de théories complexes, coupées de la réalité et trop éloignées des préoccupations concrètes de la population. On retrouve ici l’un des leitmotivs de Saul Alinsky : ‘Partir de là où en sont les gens’, c’est-à-dire s’intéresser au quotidien de la population avant de diffuser de grandes analyses sur la société de consommation, la démocratie représentative ou l’écologie libertaire. »

Combattre la tendance à l’entre-soi

« Prôner une rupture radicale avec l’ordre établi conduit de nombreux militants à fuir les contacts avec les ‘gens normaux’, jugés toujours trop matérialistes, pollueurs, sexistes, racistes, soumis et conformistes. Une culture de l’entre-soi se met progressivement en place, marquée par des attitudes, des expressions et des codes vestimentaires communs, doublée parfois d’attitudes hautaines et méprisantes vis-à-vis du reste de la société. Alinsky s’insurge contre cette tendance à consacrer davantage de temps et d’énergie à célébrer la radicalité et la ‘pureté’ d’un groupe militant plutôt que de réfléchir aux stratégies pour réellement transformer la société. Rules for radicals insiste au contraire sur l’importance, pour les révolutionnaires, de s’intégrer au plus près de la population. Cette démarche politique suppose de respecter la dignité des personnes que l’on côtoie, de ne pas faire de jugement moral hâtif sur leurs idées ou sur leurs modes de vie, ou encore de savoir remettre en question ses apparences :  ‘S’il s’aperçoit que ses cheveux longs sont un handicap, une barrière psychologique pour communiquer et s’organiser avec les gens, un authentique révolutionnaire les fait couper.’ »

Faire de la réflexion stratégique un impératif catégorique

« La plupart des radicaux veulent ‘tout, ici et maintenant’. Ils ont du mal à inscrire leurs luttes dans la durée, à prendre en compte la nécessité de transitions, à imaginer des étapes sur plusieurs années. Ce désir d’un changement rapide et spectaculaire s’accompagne généralement d’une passion pour les grands leaders charismatiques, le romantisme révolutionnaire ou les dogmes messianiques marxistes et maoïstes, autant d’indices qui, pour Alinsky, semblent le signe d’une ‘recherche de révélation plutôt que de révolution’. A l’inverse, Rules for radicals envisage la révolution comme un processus lent et progressif, nécessitant un long effort d’organisation, en partant du niveau local. »

Combattre le nihilisme désespéré

« Une grande partie des jeunes générations ne semble nourrir aucun espoir dans un réel changement de société par l’action politique, elle envisage l’avenir du monde sous l’angle du désastre inévitable. C’est pourquoi, à la protestation désespérée, elle a tendance préférer des ‘stratégies de fuite’. Certains se replient dans des communautés coupées de la société, d’autres dans un nomadisme permanent, dans la drogue, le développement personnel ou l’ésotérisme, autant de voies qui, le plus souvent, aboutissent à des échecs personnels, à la solitude, au désespoir, à l’égocentrisme ou à la dépression. Pour Alinsky, la lutte armée s’inscrit dans cette tendance nihiliste : il s’agit d’un combat perdu d’avance qui ne peut aboutir qu’à un suicide politique. Non seulement la répression gouvernementale, féroce et disproportionnée, finit inexorablement par disloquer ou décourager les luttes clandestines, mais cette répression est acceptée par la majorité de la population qui, face à la violence, prend peur et préfère ‘un mauvais système qu’une bande de fous violents’ ».

Si vous combattez ces 5 plaies, et si vous estimez que les principales causes de la criminalité, des injustices, de la pauvreté, de la misère sont les mauvaises conditions de vie, le chômage, l’exploitation, la domination, l’expropriation, la discrimination , et que tout cela nous ramène, en général, à l’organisation capitaliste de la société, alors vous pouvez continuer la lecture de ce texte. Dans le cas contraire, la société de consommation vous propose toutes les drogues possibles et inimaginables!
Ne serait-il pas alors prioritaire d’aider les personnes opprimées,  exploitées, dominées à s’organiser, à construire des luttes autogérées, radicales et efficaces ? Comment  ? Grâce au contact entre ces personnes et des intervenants en éducation populaire !
Mais encore ? En s’intégrant à la vie du quartier, en tissant des liens amicaux, en  identifiant les rapports de force, en cernant les principaux problèmes et les solutions possibles. En encourageant les uns et les autres à prendre la parole, à exprimer leur colère face aux propriétaires, aux autorités ou aux patrons locaux, puis à définir des revendications et imaginer des stratégies de victoire. En privilégiant les propositions d’actions directes non violentes et ludiques, et participant activement à leur organisation: sit-in festif , boycott, manifestations, pétitions… De luttes en luttes, les succès s’accumulent, la participation des habitants s’intensifie, les actions prennent de l’ampleur.
Partir du principe que ceux qui ont intérêt à la transformation sociale et politique sont piégées dans un quotidien de survie. Ils vivent le plus souvent au jour le jour, sans grande perspective, sans assez de temps, de recul et d’énergie pour s’organiser politiquement, pour s’engager dans des stratégies de luttes, encore moins pour imaginer un bouleversement radical du système capitaliste. Le but des intervenants en éducation populaire n’est pas de diriger des luttes, mais de stimuler leur essor, d’accompagner la création d’organisations populaires, les plus autogérées, radicales et indépendantes (y compris des intervenants en éducation populaire !) possibles vis-à-vis des pouvoirs publics, des propriétaires et des patrons.
Vous luttez déjà contre les 5 plaies notés ci-dessus, alors voilà une adaptation de ce que pourraient être les 5 principes à appliquer dans la méthode Alinsky :

1/ S’intégrer et observer

 Une fois choisi un quartier ou un secteur de la ville particulièrement sinistré, les intervenants en éducation populaire [NDLR : nous préférons ce terme à celui d’organizers conservé en anglais dans le texte des Renseignements généreux] s’y installent à plein temps, en se finançant par des petits boulots ou par du mécénat. Dans un premier temps, leur tâche est de s’intégrer lentement à la vie du quartier, de fréquenter les lieux publics, d’engager des discussions, d’écouter, d’observer, de tisser des liens amicaux. Il s’agit de comprendre les principales oppressions vécues par la population, d’identifier leurs causes et d’imaginer des solutions. Les intervenants en éducation populaire doivent également repérer des appuis locaux possibles en se rapprochant des organisations et des personnes-clés du quartier : églises, clubs, syndics, responsables de communautés, etc.
Par cet effort d’observation active, les intervenants en éducation populaire doivent en particulier déchiffrer les intérêts personnels des différents acteurs en présence. Cette notion d’intérêt personnel est récurrente dans la pensée stratégique de Saul Alinsky, pour qui l’intérêt constitue le principal moteur de l’action individuelle et collective, bien plus que les idéaux ou les utopies. Pour favoriser l’émergence de luttes sociales, 
Rules for radicals conseille aux intervenants en éducation populaire de concentrer leurs efforts sur les questions de logement, de salaire, d’hygiène ou de reconnaissance sociale, et voir dans quelle mesure ces problèmes peuvent faire émerger des communautés d’intérêts à l’échelle du quartier. Dans la vision d’Alinsky, les réflexions globales sur la société de consommation, sur le capitalisme ou sur le socialisme naissent dans un second temps, lorsque les personnes ne sont plus piégées dans un quotidien de survie, lorsqu’elles ont atteint un meilleur niveau d’organisation et de sécurité matérielle. »

2/ Faire émerger collectivement les problèmes

« Lorsque les intervenants en éducation populaire ont suffisamment intégré la vie du quartier et compris ses enjeux, leur tâche est de susciter, petit à petit, des cadres propices à la discussion collective. Cette démarche peut commencer très lentement : un échange improvisé entre quelques habitants dans une cage d’escalier, au détour du marché, dans un bar… Les intervenants en éducation populaire doivent saisir toutes les occasions de créer du lien entre les habitants, et les amplifier. Il s’agit de permettre aux exaspérations, aux colères et aux déceptions de s’exprimer collectivement, afin que les habitants réalisent combien, au-delà de leurs divergences, ils partagent des préoccupations, des problèmes et des oppresseurs communs.
Tout au long de ce processus, s’ils sont interrogés, les intervenants en éducation populaire ne doivent pas cacher leurs intentions. Ils doivent se présenter tels qu’ils sont, avec sincérité, expliquer qu’ils souhaitent soutenir la population, qu’ils sont révoltés par les injustices et les oppressions subies dans le quartier, qu’ils ont des idées pour contribuer au changement. Dans l’idéal, les intervenants en éducation populaire ont tissé suffisamment de liens avec des organisations locales, des églises, des syndics ou des communautés, pour être soutenues voire recommandées par elles.
Cette phase d’expression et d’indignation collective doit rapidement s’accompagner de perspectives d’action concrètes. Si celles-ci n’émergent pas directement de la population, les intervenants en éducation 
populaire peuvent faire des propositions. Par contre, ils ne doivent pas prendre des décisions à la place des habitants. »

3/ Commencer par une victoire facile

« Dans l’idéal, la première action collective suggérée ou soutenue par les intervenants en éducation populaire doit être particulièrement facile, un combat gagné d’avance permettant de faire prendre conscience à la population de son pouvoir potentiel. Dans la pensée de Saul Alinsky, la recherche du pouvoir populaire est centrale : quand des personnes se sentent impuissantes, quand elles ne voient pas comment changer le cours des choses, elles ont tendance à se détourner des problèmes, à se replier sur elles-mêmes, à s’enfermer dans le fatalisme et l’indifférence. A l’inverse, quand des personnes ont du pouvoir, quand elles ont le sentiment qu’elles peuvent modifier leurs conditions de vie, elles commencent à s’intéresser aux changements possibles, à s’ouvrir au monde, à se projeter dans l’avenir. ‘Le pouvoir d’abord, le programme ensuite !’ est l’une des devises récurrentes de Rules for radicals. Créer une première victoire collective, même minime comme l’installation d’un nouveau point de collecte des déchets ou l’amélioration d’une cage d’escalier, permet d’amorcer une passion du changement, une première bouffée d’oxygène dans des vies asphyxiées de résignation. Les intervenants en éducation populaire doivent par conséquent consacrer un maximum de soins aux premières petites victoires, ce sont celles qui conditionnent les suivantes. »

4/ Organiser et intensifier les luttes

« Une fois quelques victoires remportées, le but des intervenants en éducation populaire est d’encourager et d’accompagner la création de collectifs populaires permanents, afin d’élargir et d’intensifier les actions de lutte. La préparation des actions doit être particulièrement soignée et soutenue par les intervenants en éducation populaire. Les recettes d’une mobilisation réussie ? Élaborer des revendications claires et crédibles ; imaginer des stratégies inattendues, ludiques, capables de mettre les rieurs du côté de la population ; savoir jouer avec les limites de la légalité, ne pas hésiter à tourner les lois en ridicule, mais toujours de manière non-violente afin de donner le moins de prise possible à la répression ; mettre en priorité la pression sur des cibles personnalisées, aisément identifiables et localisables, un patron plutôt qu’une firme, des responsables municipaux plutôt que la mairie, un propriétaire plutôt qu’une agence immobilière ; tenir un rythme soutenu, maintenir une émulation collective ; anticiper les réactions des autorités, prévoir notamment des compromis possibles ; et, enfin, savoir célébrer les victoires par des fêtes de quartier mémorables !
Dans les premières étapes de ce processus, la radicalité des revendications ne doit pas être l’obsession première des intervenants en éducation populaire. Par expérience, Alinsky constate que la radicalisation des luttes découle généralement des politiques répressives des autorités, qui supportent très mal les contestations, aussi minimes et partielles soient-elles. Les réactions de l’État, des patrons et des propriétaires, parce qu’elles dévoilent au grand jour les rapports de domination et d’injustice, durcissent et éduquent davantage la population que les grands discours militants. Par ailleurs, Alinsky constate que la majorité des personnes a, dans son for intérieur, une grande soif d’aventures collectives, une envie de bousculer l’ordre existant, de maîtriser ses conditions de vie et son destin. Une fois la première brèche ouverte dans une vie de résignation et d’impuissance, l’ardeur révolutionnaire peut se propager bien plus vite qu’on ne l’imaginait.
Tout au long de cette présentation stratégique, on voit combien les intervenants en éducation populaire doivent faire preuve de qualités assez exceptionnelles : curiosité et empathie, pour comprendre la dynamique d’un quartier et tisser des liens de sympathie avec de nombreuses personnes ; ténacité et optimisme, pour ne pas se décourager face aux multiples obstacles, considérer son action sur la durée et cultiver une assurance communicative ; humilité et conviction autogestionnaire, pour savoir se mettre en retrait, ne pas prendre la tête des luttes, accepter de vivre chichement et sans grande gratification politique ; humour et imagination, pour inventer des actions ludiques et surprendre l’adversaire ; organisation et rigueur, pour savoir tenir des délais et gérer des informations multiples ; et, enfin, un talent de communication. Rules for radicals insiste longuement sur ce dernier point, qui constitue, selon Alinsky, l’un des piliers de l’activité révolutionnaire : savoir communiquer. S’exprimer clairement, utiliser un vocabulaire approprié, faire appel aux expériences et au vécu de ses interlocuteurs, être attentif aux réactions, savoir écouter, fonctionner davantage par questions que par affirmations, éviter tout moralisme, toujours respecter la dignité de l’autre, ne jamais humilier… A l’inverse, certains défauts sont éliminatoires : l’arrogance, l’impatience, le mépris des personnes jugées trop peu ‘radicales’, le pessimisme, le manque de rigueur et autres comportements rapidement sanctionnés par la population. De fait, pour intervenir dans un quartier pauvre, Alinsky constate que les meilleurs intervenants en éducation populaire sont souvent ceux qui, ayant grandi dans des milieux populaires, en maîtrisent spontanément les codes de communication. »

5/ Se rendre inutile et partir

« La méthode proposée par Saul Alinsky, répétons-le, ne vise pas à prendre la tête des luttes d’un quartier, mais à les servir, à créer de l’autonomie et de la souveraineté populaire. En conséquence, les intervenants en éducation populaire doivent savoir s’effacer à temps, transmettre leurs compétences, se rendre progressivement inutiles, puis quitter le quartier afin de rejoindre d’autres aventures politiques… »

Si nous nous posons des questions du genre: “Comment lutter plus efficacement ?”, ” Comment surmonter le climat de passivité, de divisions fratricides et de fatalisme qui règne la plupart du temps tant dans les milieux sociaux les plus exploités que chez les militants?” “Comment réduire l’asymétrie entre, d’un côté, une population pressurisée, précarisée et inorganisée, et, de l’autre, des autorités, une administration et des organisations patronales solidement structurées ?” “Comment rompre avec les stratégies perdantes d’avance ?”… c’étaient quelques pistes de réflexion à confronter à nos pratiques.

 

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Voir http://www.les-renseignements-genereux.org/fichiers/10682. Nous remercions cette association, ainsi que Max Leguem, pour ses indications. Mais il va sans dire que ce qui suit est une piste à étudier et à débattre et n’engage que la responsabilité de la rédaction de ReSpublica.