Rentrée : la mobilisation contre le TSCG devient l’axe du combat de la gauche de la gauche

François Hollande ayant décidé de faire voter le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) de l’Union économique et monétaire au pas cadencé dès le mois d’octobre, la gauche de gauche s’organise. Le Front de Gauche a déclaré dimanche dernier que c’était l’objectif central de la rentrée. ATTAC a décidé de faire de même. Avec ce traité c’est le traité de Lisbonne puissance 10 car il y aura avec ce traité un cadenaçage complet de la souveraineté populaire. Aucun déficit ne sera permis (maximum 0,5 %). Cela empêchera tout investissement de long terme visant au développement économique social et écologique. Or seuls ces investissements de long terme peuvent nous éviter le chaos & l’austérité et préparer le changement nécessaire de paradigme.

Le TSCG ne permet donc aucun autre modèle économique et supprime encore un peu plus la souveraineté populaire déjà écornée depuis que l’UMP et les socialistes ont décidé en 2008 d’aller contre la volonté du peuple rassemblé le 29 mai 2005 dans un Non au Traite constiutionnel européen. Seules les banques privées à but lucratif pour les actionnaires ont le droit de se faire prêter de l’argent par la Banque centrale européenne (BCE) à un taux inférieur à 1 %. Elles pourront ensuite faire des profits en prêtant aux États, collectivités territoriales y compris à des taux usuriers et avec des prêts toxiques. La BCE ne sera toujours pas prêteur en dernier ressort vers les institutions publiques.

Pendant ce temps-là, trois intellectuels allemands utilisent leur renom pour fixer l’objectif néolibéral. Peter Bofinger, Jürgen Habermas et Julian Nida-Rümelin ont publié dans Le Monde du 27 août 2012 un texte intitulé « Plus que jamais, l’Europe ». Il faut installer une discipline de fer fiscal dans toute l’Europe et de ce fait, supprimer la souveraineté populaire des États pour les sujets importants en terminant le travail engagé des transferts de souveraineté vers une entité européenne sans démocratie.

Pourtant le fait que la crise continue de plus belle montre bien que l’analyse des élites ordo-libérales de la zone euro de droite et de gauche est erronée. Il ne s’agit pas d’une crise de la dette en provenance de dépenses trop fortes ni d’une simple crise financière due à des spéculateurs peu scrupuleux qu’il faudrait réguler. Il s’agit d’une triple crise économique, financière et de la dette publique qui prend sa source dans la crise de profitabilité du capitalisme lui-même avec l’inconvénient supplémentaire que la zone euro s’est construite avec des économies divergentes et trop inégalitaires. D’abord, nous sommes dans une crise de surproduction du capitalisme qui après avoir fait baisser la part des salaires dans la valeur ajoutée a tenté par l’endettement de remplacer le manque de salaires. Deux écueils attendaient les élites néolibérales mondiales et ordo-libérales européennes, la résistance des couches populaires et moyennes intermédiaires d’une part, et la crise de l’accumulation du capital lui-même. Ils n’ont donc de cesse de tenter de regagner de nouvelles marges en baissant encore la part des salaires dans la valeur ajoutée et en continuant de supprimer les droits démocratiques et sociaux. La fuite en avant dans l’économie financière de la dette publique est en fait le seul moyen des néolibéraux mondiaux et ordo-libéraux européens de tenter de se maintenir au pouvoir. Il n’y a que les peuples et donc les couches populaires et moyennes intermédiaires qui peuvent y mettre fin.

Même les économistes « nouveaux chiens de garde » de l’ordo-libéralisme européen comme Élie Cohen mettent le doigt sur la faillite du système. Lisons Élie Cohen : « La France a connu de loin depuis vingt ans la pire désindustrialisation de tous les pays d’Europe occidentale. Tout le monde aurait applaudi si nous avions remplacé les emplois industriels par des emplois high-tech, mais nous les avons remplacés par des femmes de ménage. »

On voit là que la solution résiderait dans un changement de modèle culturel, économique et politique et dans un processus conjoint de réindustrialisation et de transition écologique. Voilà ce que nous devons imposer !