Retraites : ils veulent faire pire que leurs prédécesseurs !

Dans notre dernière livraison, nous avons déjà stigmatisé le projet du Medef aujourd’hui largement soutenu par des membres du gouvernement concernant les retraites complémentaires Agirc et Arrco.

De son côté, le Conseil d’orientation des retraites (COR) est mobilisé. (1)Les rapports du COR : http://www.cor-retraites.fr/IMG/pdf/doc-1887.pdf et http://www.cor-retraites.fr/IMG/pdf/doc-1893.pdf

Son 11e rapport, avec pour titre « Retraites : perspectives 2020, 2040 et 2060 », lance le bal. Sur la base du scénario central démographique de 2010 établi par l’Insee et des perspectives économiques élargies par rapport à ses précédentes projections, le COR a imaginé trois scénarii économiques et deux variantes basées sur l’évolution du taux de chômage et de la productivité du travail à long terme.

Le COR continue à s’appuyer sur des dogmes et des vérités révélées par le clergé néolibéral

A l’horizon 2020, il prévoit que le rapport démographique cotisant/retraité se maintiendrait à 1,65 mais, sous l’effet du papy-boom, qu’il se détériorerait pour atteindre 1,4 vers 2040 et moins de 1,35 aux alentours de 2060. 

Le rapport cotisant/cotisé n’explique rien à lui tout seul. Ce qui compte est la production de richesses, sa répartition et le nombre de retraités à servir. Sinon comment expliquer que nous ne sommes pas en état de famine alors que depuis 50 ans, le nombre de paysans a été divisé par 10 et que le nombre de bouches à nourrir a plus que doublé !

Car le ratio paysan/ bouches à nourrir n’explique rien : c’est bien l’augmentation de la productivité du travail et de la production par paysan en rapport avec le nombre de bouches à nourrir qui est explicatif.

Alors pourquoi le COR pratique-t-il l’enfumage ? Parce qu’il souhaite rester dans le système néolibéral. Et dans ce cas, la seule possibilité de survie est la baisse des retraites du plus grand nombre comme constitutive de la politique d’austérité généralisée, pour que l’oligarchie capitaliste puisse continuer à nous dominer et nous exploiter.

Mais si on se place dans une perspective de rupture avec le capitalisme, il est aisé de montrer (2) le Réseau Éducation Populaire (Le REP, www.reseaueducationpopulaire.info) le fait dans ses conférences traditionnelles ou gesticulées. que la « détérioration » du rapport cotisant/retraité peut se régler par une nouvelle répartition des richesses (les économistes diraient par une « reformation du partage de la valeur ajoutée ») . 

Est-ce possible ? Mais que oui ! Depuis 30 ans, la déformation du partage de la valeur ajoutée a soutiré 9,3 points de PIB à la masse des salaires et des prestations sociales pour les fournir au profit. Si les bac + 35 du néolibéralisme ne peuvent pas calculer cela, un élève de CM2 le peut ! Il lui suffit de faire la règle de trois suivante : 2 000 milliards d’euros (PIB 2010) x 9,3 : 100 = 186 milliards d’euros par an ! (3)Nous mettons au défi le service public audiovisuel de nous donner quelques minutes d’antenne pour expliquer cela ! Un moment d’égarement… Nous avons oublié que le service public audiovisuel était peuplé des « nouveaux chiens de garde » du néolibéralisme !
Par ailleurs, ces « experts » postulent qu’il n’y aura plus de réduction du temps de travail jusqu’en 2060. Sans doute une lecture dans le marc de café ! Puisqu’il n’y a pas de variante avec une réduction de temps de travail, ils postulent  la continuation du néolibéralisme jusqu’en 2060.
De plus, ils postulent la poursuite du néolibéralisme jusqu’en 2060. Le chômage devrait diminuer de façon rapide à partir de fin 2013 ; ce sont tous des « hollandais » car d’après eux l’augmentation du chômage devrait faire baisser les salaires et donc les embauches devrait repartir. Du pur dogme néolibéral.

Continuons la lecture du 11e rapport du COR

Bien que ce nous venons d’écrire invalide les conclusions du rapport, continuons notre lecture de ces nouveaux textes sacrés et dogmatiques.
Sur la population active, ils postulent qu’à partir des 28,6 millions d’actifs en 2011, celle-ci augmentera de 110.000 par an d’ici à 2025. Puis qu’elle restera stable de 2026 à 2035 et enfin qu’elle s’accroîtra de 45.000 par an de 2036 à 2060.
Quant à la productivité, elle est censée augmenter au moins de 1 % par an (scénario C’) jusqu’à 2 % (scénario A’) en passant par 1,3 % (scénario C), 1,5 % (scénario B) et 1,8 % (scénario A).
Le chômage devrait varier d’après le COR entre 4,5 % (scénarii A, A’, B) et 7 % (scénarii C et C’).
Comme ces « experts » tablent sur un maintien du temps de travail dans les 50 ans qui viennent, ils postulent une croissance forte ; car il faudra une croissance beaucoup plus forte que l’augmentation du taux de productivité pour que ces hypothèses soient vérifiées.

Le rapport dit que le besoin de financement du système de retraite (dans le cas donc où la répartition des richesses ne change pas, voir plus haut)  passerait de 14 Md€ en 2011 à – 21,3 Md€ en 2017 (soit de 0,7 % à 1 % du PIB) puis, selon les scénarii et les variantes, se réduirait (0,9 %, soit 20,8 Md€) ou augmenterait (1,1 %, soit 24,9 Md€) jusqu’en 2020. En 2060, le solde du système de retraite pourrait représenter de – 2,9 % à + 1,7% du PIB.
Entre 2011 et 2060, la pension moyenne rapportée au revenu d’activité brut moyen diminuerait de 10 à 35 % suivant les scénarii et variantes envisagés.
Selon le COR, si chacun des 3 leviers possibles portait seul l’ajustement, l’équilibre du système de retraite pourrait nécessiter, selon l’horizon concerné :

  • Que le niveau des pensions, rapporté au revenu moyen baisse par rapport à 2011, de 5 % en 2020 et de 20 à 25% en 2060 ;
  • Ou que le taux de prélèvement augmente de 1,1 point par rapport au taux projeté en 2020 et de 5 à 6 points en 2060 ;
  • Ou que l’âge effectif moyen de départ à la retraite soit décalé, par rapport à 2011, d’un an et 9 mois en 2020 et de 7 ans en 2060.

Le 12e rapport du COR
Mais le COR n’en reste pas là. Fin janvier 2013, dans son 12e rapport, il octroie un satisfecit sur l’état des lieux mais fait de nouvelles préconisations. Il propose de :

  •  changer les calculs des retraites pour les carrières courtes pour leur améliorer leurs retraites ;
  • modifier les critères de prise en compte des annuités comptant pour le calcul de la retraite et du nombre d’heures nécessaires à la validation d’un trimestre ;
  • revoir les règles de modulation du montant de la retraite suivant l’âge de départ.

Le COR propose aux partenaires sociaux de travailler sur les accidents de carrière, les droits familiaux, le calcul du montant de la réversion et sur de nouveaux mécanismes de solidarité. Mais le COR ne propose pas de modifier l’actuelle répartition déformée du partage de la valeur ajoutée ! L’oligarchie capitaliste peut dormir tranquille…

Inutile de dire que ces rapports ne satisfont que les organisations syndicales qui acceptent le recul des droits sociaux et qu’en réalité, c’est le rapport de forces social qui déterminera si le rapport du COR doit aller terminer ses jours en classement vertical dans une corbeille où s’il annoncera le nouveau tour de vis de l’austérité salariale sans fin !

 

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Les rapports du COR : http://www.cor-retraites.fr/IMG/pdf/doc-1887.pdf et http://www.cor-retraites.fr/IMG/pdf/doc-1893.pdf
2 le Réseau Éducation Populaire (Le REP, www.reseaueducationpopulaire.info) le fait dans ses conférences traditionnelles ou gesticulées.
3 Nous mettons au défi le service public audiovisuel de nous donner quelques minutes d’antenne pour expliquer cela ! Un moment d’égarement… Nous avons oublié que le service public audiovisuel était peuplé des « nouveaux chiens de garde » du néolibéralisme !