L’émancipation demande de rompre avec les causes de la division du salariat

La première question qui se pose à ceux qui veulent « rompre avec les causes de la division du peuple », c’est « par quoi on commence ? » ! À cette question, nous répondons : « par tout à la fois ».

Alors là, fusent de partout des réactions du type « tu exagères » ou « heureusement que je pars à la retraite, et après moi le déluge », « continuons comme hier mais en accélérant », « changeons un élément du puzzle pour garder le logiciel vermoulu », etc.

L’irruption du mouvement des gilets jaunes – dont une étude récente montre qu’il possède un pourcentage d’anciens grévistes supérieur à celui de la population française (44 % au lieu de 33 %) – a donc sidéré « la gauche dite radicale ». Ainsi que la fin des élections professionnelles donne une nouvelle possibilité aux équipe syndicales combatives du mouvement syndical de lutte (CGT, Solidaires, FSU et certains secteurs de FO) afin de sortir de l’ornière du syndicalisme « rassemblé » qui – non content d’être un simple organisateur des randonnées pédestres les 22 mai, 9 octobre et 1er décembre 2018 – a permis au mouvement réformateur néolibéral (CFDT et les autres) de poursuivre sa progression dans les institutions avec une abstention devenue majoritaire.

  • La gauche dite radicale dans le champ politique qui a continué à se marginaliser tout en favorisant, contre son gré, mais notamment à cause d’elle, la fausse opposition entre le bloc élitaire néolibéral (les « progressistes » selon Macron) et la future union des droites (y compris le RN) qui est affublé du vocable « nationalistes ». Rappelons que cette fausse opposition se joue aujourd’hui entre plus de 70 % des suffrages exprimés! Mais également que la stratégie de l’union des droites (Brésil, pays baltes, Hongrie, Pologne, Italie, etc.) n’est que l’arme ultime de l’oligarchie capitaliste pour tenter de contenir les mobilisations intenses du peuple quand elles adviennent. Il ne peut donc pas y avoir d’alliance des « républicains des deux rives ». D’ailleurs le Conseil national de la Résistance (CNR) n’a rassemblé que les républicains qui étaient tous sur une même rive !
  • La grande majorité du mouvement associatif qui vit à l’intérieur de bulles d’un entre soi inoffensif et nombriliste pour se protéger de la vraie vie tout en faisant des commentaires du haut de leur Aventin respectif !
    Et pendant ce temps-là, le mouvement des gilets jaunes produit trois caractéristiques abandonnées par la « gauche dite radicale » : la priorisation de la question sociale, des principes d’égalité et de démocratie alors que la « gauche dite radicale » priorisent les questions morales et sociétales tout en s’organisant de plus en plus de façon anti-démocratique (soit par l’accroissement de la bureaucratisation des organisations soit par la verticalisation opaque dite gazeuse) tout en remplaçant la luttes des classes par la lutte des communautés racialisées ou religieuses.

    Prenons des exemples :

  • au lieu de fédérer le peuple par la lutte des classes et la laïcité, nous avons eu le droit de voir la « gauche dite radicale » aider le mouvement réformateur néolibéral à diviser le peuple par la lutte des races et des communautarismes.
  • au lieu d’organiser la résistance sur la défense et le développement de la sphère de constitution des libertés (école, services publics, Sécurité sociale), nous avons eu le droit au déferlement des injonctions morales du gauchisme ordinaire.
  • au lieu d’organiser la lutte contre la croissance des inégalités sociales, de la pauvreté et de la misère, nous avons eu le droit à des directions syndicales dite de lutte dans la fuite en avant d’une revendication du SMIC à 1800 euros net sans action de lutte prioritaire organisée pour y parvenir ! On pourrait en écrire des tomes et des tomes sur ce mode…

 

Diverses considérations sur la « gauche dite radicale »

Cette « gauche dite radicale », qui a vu son programme repris et actualisé par les gilets jaunes, prétend donner le pouvoir au peuple mais s’évertue au contraire à organiser en son sein « la concurrence libre et non faussée » entre une bureaucratisation insensée des grandes organisations syndicales et politiques et la multitude de fractions rivales gauchistes, chacune ayant une vérité révélée non discutée avec les salariés inscrite dans leur marbre ! Cette « gauche dite radicale » favorise en fait la défaite générale du peuple par un recul régulier de son influence qu’elle croit contrer par une intensification de messages sur le net et sur les réseaux sociaux.

Cette « gauche dite radicale » ne sera pris au sérieux par les couches populaires (rappelons que les ouvriers et les ouvrières sont majoritaires dans la population et que si on compte avec eux les couches moyennes intermédiaires en voie de prolétarisation et ceux qui subissent dans la France périphérique le phénomène de gentrification et de destruction des services publics, on obtient un bloc objectivement, mais pas encore subjectivement, largement majoritaire) si elle ne change pas de ligne stratégique et de pratiques militantes. Il faut avoir une analyse la plus juste possible du réel plutôt que de construire un pseudo avenir sur des illusions. Nous pensons qu’il n’est plus possible de continuer notre quête du chemin de l’émancipation sans dire urbi et orbi que la vieille gauche dite radicale a perdu sa force propulsive et a rejoint le musée des mirages. Nous devons au contraire partir du mouvement des gilets jaunes qui pose les questions fondamentales mais que ce mouvement n’a pas encore résolues. D’ailleurs dans l’histoire, cela s’est souvent passé comme cela (par exemple avec la gauche devenant colonialiste !).
On peut d’ailleurs expliquer tout cela : la perte d’un imaginaire social et politique des utopies du 20ème siècle (après l’écroulement du communisme soviétique et la bifurcation vers un capitalisme d’État en Chine) a entraîné les gauches à « rejeter le bébé avec l’eau sale du bain ». Rejeter la pensée laïque et la pensée matérialiste, dialectique et historique au profit des idéologies des gourous post-modernistes ou obsolètes (néo-keynésianisme inopérant dans la période par exemple), c’est préparer la marginalisation de l’actuelle « gauche dite radicale ». Voilà qui a permis, car la nature a horreur du vide, l’émergence du communautarisme et des nouvelles impasses idéalistes des gourous post-modernistes dont l’objet fut de considérer comme désuet la lutte des classes comme moteur de l’histoire. D’autant que, grâce au phénomène de gentrification, les couches moyennes radicalisées ne voyaient plus les couches populaires « dangereuses » rejetées loin des centres villes et mêmes des banlieues. Ce rejet lointain a fait croire à ces couches moyennes radicalisées que le prolétariat ouvrier et employé n’existait plus. C’est là que le mouvement des gilets jaunes a montré qu’il n’en était rien et que la lutte des classes était enfin relancée non par des effusions théoriques mais par les nouvelles pratiques d’une partie du prolétariat. Car le mouvement des gilets jaunes a implicitement compris que nous vivions, en France, ici et maintenant, dans un nouveau monde qui a subi la désindustrialisation et la délocalisation industrielle voulues par la grande bourgeoisie oligarchique pour ne plus avoir peur des concentrations ouvrières qui ont fait peur aux bourgeois en Mai 68. Quand la France fut un grand pays industriel, la lutte des classes imposait d’agir au niveau de la production et des stocks ; aujourd’hui, le mouvement des gilets jaunes nous explique qu’il faut bloquer d’abord les flux (et donc les ronds-points !). La « gauche dite radicale » est alors prise à contre-pied, elle qui s’évertue à être seulement une gauche morale et sociétale donc conforme au post-modernisme pro-capitaliste ; cette « gauche dite radicale » qui n’a pas soutenu, à la hauteur des enjeux, d’abord le mouvement ouvrier des raffineries puis le mouvement des cheminots les laissant seuls sans solidarité massive lorsque la grande bourgeoisie oligarchique les a écrasés.

Voilà pourquoi le mouvement des gilets jaunes est un échantillon représentatif du peuple qui souffre et que ce mouvement est largement soutenu par ce dernier. Voilà pourquoi le populisme de gauche de Laclau et de Mouffe (qui a néanmoins permis conjoncturellement que Podemos puis la France insoumise permettent à l’Espagne et à la France d’éviter l’italianisation de leur pays c’est-à-dire la totale marginalisation de leurs gauches respectives) ne permet plus à lui seul d’entrevoir notre entrée dans le chemin de l’émancipation. La lutte des classes est de retour contrairement aux thèses de Laclau et Mouffe. Le refus des communautarismes comme moteur de l’histoire, idem. Comme quoi dans un pays développé comme la France avec un salariat hyper dominant, on ne peut pas lui calquer ad vitam des stratégies qui ne fonctionnent sur longue durée que dans des pays où l’économie informelle est très développée. Alors que la grande bourgeoisie oligarchique a peur d’une lutte de classes offensive revendiquée par un mouvement de masse, elle n’a plus peur des manifestations défensives qui ne posent pas la question du pouvoir voir du système. Voilà pourquoi le pouvoir a lâché du lest face aux gilets jaunes et qu’il n’a rien lâché aux actions syndicales du syndicalisme dit de lutte notamment pendant le dernier mouvement des retraites. Les syndicats des retraités des syndicats dits de lutte voient une avancée sur les retraites par le mouvement des gilets jaunes bloquant les flux et non par la pratique du « syndicalisme rassemblé » qui les poussent vers l’organisation de randonnées pédestres tous les deux mois au lieu de la stratégie du blocage des flux. Alors que la stratégie des ronds-points est le fait de beaucoup de retraités pour assurer la continuité du blocage ou du filtrage des ronds-points préférant cette forme d’action plutôt que les randonnées pédestres des syndicats dits de lutte même tous rassemblés. Voilà pourquoi le mouvement des gilets jaunes est un mouvement d’auto-organisation intergénérationnel des masses populaires grâce aux réseaux sociaux alors que l’extrême bureaucratisation des structures syndicales annihile toute velléité d’auto-organisation des masses.
Il est à noter que l’opinion publique qui refuse l’utilisation de la violence physique par les manifestants, qui refuse l’idée que la violence physique soit un élément d’avancée de la conscience révolutionnaire, ne supporte pas la violence des forces de répression face à des revendications qu’elle juge légitime. De ce point de vue, les images scandaleuses du traitement des jeunes lycéens de Mantes-la-Jolie, le doute raisonné sur l’instrumentalisation de la violence organisée par la place Beauvau contre les gilets jaunes, a retourné la majorité de la population contre le pouvoir. De plus, l’histoire montre que le camp du peuple n’a rien à gagner à l’utilisation de la violence physique lorsque le pouvoir est maître des forces de répression unifiées autour d’elle. C’est alors que la violence due au capitalisme lui-même saute aux yeux du plus grand nombre. Voilà ce qui fait avancer la conscience e révolutionnaire.

 

Les limites du mouvement des gilets jaunes

Le fait historique positif du mouvement des gilets jaunes ne doit pas obérer l’analyse des limites de ce mouvement si on veut s’installer durablement sur le chemin de l’émancipation. Si on veut traduire dans la pensée de Marx, d’Engels, de Jaurès et de Gramsci l’objectif stratégique du mouvement des gilets jaunes, on doit dire qu’il est de défendre le pouvoir d’achat des travailleurs c’est-à-dire de maintenir ou d’augmenter la valeur et le prix à payer de la force de travail des travailleurs donc de faire ce que le syndicalisme dit de lutte aujourd’hui ne réussit plus. Nous devons donc soutenir cette résistance au mouvement réformateur néolibéral. Mais nous savons que la crise économique systémique du capitalisme rend cette revendication impossible. Chaque euro de pouvoir d’achat gagné diminuera d’autant la plus-value et donc le profit des capitalistes. Et comme nous sommes dans un moment où le taux de profit moyen dans l’économie réelle est faible (contrairement à la période 45-fin des années 60), la spéculation financière internationale devient alors une nécessité du système capitaliste. Et pour approvisionner cette « chaudière chaude en combustible monétaire », il est au contraire nécessaire de faire baisser la masse des salaires directs et socialisés pour en augmenter les profits et de pouvoir ainsi alimenter la chaudière chaude en combustible monétaire. Et donc aujourd’hui, pour satisfaire les revendications des gilets jaunes, il est nécessaire de changer le système lui-même et donc d’entrer dans un processus révolutionnaire. Mais là, une double nécessité se fait jour ;
– celle d’une organisation politique révolutionnaire nécessaire. Et cette organisation n’existe pas encore dans les formes idoines aujourd’hui!
– celle de la nécessité de de dynamiser la bataille pour une nouvelle hégémonie culturelle. Et là, l’insuffisance manifeste des campagnes massives d’initiatives d’éducation populaire refondée est patente ! Même si une auto éducation populaire a revu le jour dans la dynamique collective pendant l’occupation des ronds-points.

Et pendant ce temps-là…

La réaction s’organise.

Des véhicules blindés de l’armée font leur apparition pour le maintien de « l’ordre ». Un dirigeant du syndicat de police Alliance demande l’intervention directe de l’armée pour le maintien de « l’ordre ».

Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France lance un appel aux catholiques de France et à nos concitoyens, tout en déclarant qu’« il serait à coup sûr très dommageable que cette situation délétère se prolonge » il estime « que notre démocratie manque de lieux d’échange et de réflexion qui pourraient permettre l’émergence à une large échelle de suggestions positives élaborées ensemble. L’affaiblissement de nombreux partis politiques et un recul significatif de l’engagement syndical contribuent à ce déficit. Où nos concitoyens trouveront-ils des lieux appropriés pour ce travail si urgent ? » Mais bon dieu, mais c’est bien sûr ! Il suffisait d’y penser ! « L’Église catholique dispose d’un maillage de milliers de paroisses, réparties sur l’ensemble de notre territoire et riches de la présence de multiples mouvements, aumôneries et associations de fidèles. Lieu de prière, en particulier liturgique, la paroisse est aussi par nature et par vocation la ‘‘maison de famille fraternelle et accueillante’’ (Jean-Paul II) pour tous et la ‘‘famille de Dieu, fraternité qui n’a qu’une âme’’ (Vatican II). À ce moment de notre histoire, nous pouvons le montrer et apporter notre contribution pour aider notre société tout entière à surmonter la crise qu’elle traverse ».

Que la gestion du capital au sein de l’État soit gérée par le bloc élitaire néolibéral comme aujourd’hui, ou par l’union des droites (RN compris), dernier rempart de protection du capital, qui manifestement s’y prépare, ils pourront compter sur des forces de répression prêtes à la démocrature mais aussi sur des forces cléricales qui assureront l’alliance paternaliste du néolibéralisme et des communautarismes et intégrismes religieux ! Quoi de plus efficace alors que de s’opposer en liant le combat laïque au combat social ?

 

Une accélération possible des rythmes politiques en 2019 ?

Le gendre idéal des bourges du 7ème arrondissement qui siège à l’Élysée ressort de  l’épisode « gilets jaunes » sacrément discrédité, il ne peut même plus sortir de l’Élysée. Il se contente pour exister un peu de visiter des CRS, des gardes mobiles ou des militaires en Afrique. Seules les « Prétoriens » sont encore fidèles. En un mot Macron est démonétisé ! Or son mandat se termine dans trois ans et demi. Peut-il encore, comme on dit dans la presse, « mener des réformes » au détriment des classes populaires (retraites, Cap 2022, etc.) ? Rien n’est moins sûr! Car le mouvement des gilets jaunes est encore étonnement puissant en cette fin d’année : qui aurait pu envisager un seul instant une mobilisation de plusieurs dizaines de milliers de manifestants… à deux jours du réveillon de Noël !  C’est du jamais vu dans l’histoire populaire française.
L’oligarchie capitaliste peut être tentée par un tournant vers une démocrature. Certes Castaner, ancien joueur de poker professionnel, peut mentir comme à son habitude sur le nombre de manifestants, il n’empêche qu’à Toulouse, Bordeaux ou ailleurs les cortèges furent encore fournis à la veille de la trêve des confiseurs.
Cette tonicité du mouvement peut augurer d’un premier semestre 2019 plein de surprises et de déterminations dans le camp populaire. D’autant plus que la mobilisation n’a pas été défaite et que le sentiment de victoire peut redevenir d’actualité.
Tactiquement, et face à cette situation de modification du rapport de force, la bourgeoisie oligarchique peut être tentée par une solution autoritaire. Sûr qu’elle a déjà prévu plusieurs projets en ce sens avec la bénédiction de l’Union européenne.
Autre élément d’accélération des rythmes : la crise économique qui redémarre dans l’espace occidental, la dégringolade des bourses en étant une possible préfiguration. Dans ce cas, la bourgeoisie oligarchique pourrait être tentée par le projet de « tenir le peuple » d’une main ferme. Et s’il faut un prétexte, sûr que des « surprises spectaculaires » au sens de Guy Debord sont à l’étude.

Que faire alors pour partir du réel et pour aller vers l’idéal ?

D’abord être attentif tant à la réalité matérielle qu’à la demande sociale.
Puis s’inscrire dans le champ des tactiques du mouvement des gilets jaunes. Et tout d’abord, le blocage des flux en lieu et place des sempiternelles complaintes des randonnées pédestres urbaines. Repenser et revoir, pour aller plus loin, aux derniers mouvements sociaux tels que celui des raffineries ou des cheminots. Oui, un imaginaire productif peut se construire en liant un mouvement social des raffineries, des travailleurs des services publics de transport, et des ronds-points ! On peut au moins en discuter, non ? Cela semble plus conforme à la lutte efficace d’aujourd’hui.

Enfin, partir des exigences de ce mouvement des gilets jaunes que l’on peut résumer par l’exigence de justice sociale, d’égalité et  de démocratie. Dans ce cadre, ne pas se contenter de suivre les réponses du pouvoir politique qui pense que répondre à l’un des points du programme et non à la globalité suffira à enrayer le mouvement. Exemple : l’exigence de démocratie ne se résume pas au référendum d’initiative citoyenne, l’exigence d’égalité et de justice sociale ne se résume par dans un appel à la constituante ou d’un cri « Macron démission » qui serait une complainte au capital qu’il remplace son gérant !

Commençons par l’exigence de démocratie.

D’abord combattre dans ses propres organisations l’extrême bureaucratie. Mais aussi l’arbitraire de la verticalité opaque et gazeuse. On ne peut pas demander la démocratie dans la société quand on accepte sans rechigner que sa propre organisation ne l’applique pas en interne.

Puis, ne pas se laisser berner par le contentement du tirage au sort lorsque ce dernier ne peut pas être contrôlé par la base citoyenne. Aller tant que faire se peut vers plus de démocratie directe est une bonne voie mais croire un instant que l’on peut se passer de démocratie représentative est une impasse car la vraie vie, c’est la nécessité de prendre constamment des décisions. Par ailleurs, ne pas croire que la panacée est le mandat impératif à la mode aujourd’hui car le mandat impératif oblige la généralisation de la démocratie directe pour toute décision ce qui est impossible. En dernier lieu, comprendre que les cartels d’organisation sont une insulte à la démocratie !

Par contre, il faut reprendre le débat de la Révolution française entre le gouvernement représentatif anti-démocratique (position de Sieyès ne donnant le droit aux citoyens que d’élire des représentants) et la démocratie avec l’ensemble des conditions de celle-ci (position de Condorcet). C’est d’importance car aujourd’hui ce qu’on appelle improprement la démocratie représentative n’est que la victoire posthume du gouvernement représentatif anti-démocratique de Sieyès ! La bataille pour les conditions de la démocratie demande d’aller plus loin que le simple droit d’élection. Il faut y rajouter le droit pour le citoyen à la connaissance, sur tous les supports d’information possibles, de toutes les propositions émises par ceux qui se portent au suffrage de leurs concitoyens. Cette condition n’est pas respectée aujourd’hui dans les processus électifs. Il faut y rajouter le droit pour le citoyen de participer et d’assister à des débats raisonnés entre toutes les propositions des candidats y compris hors des campagnes officielles. Cette condition n’est pas non plus respectée aujourd’hui en France. Enfin, il faut que le citoyen puisse être maître de ses décisions et de son action durant le mandat électif. Pour ce faire, différents moyens à débattre comme le référendum sur certaines questions, le référendum d’initiative citoyenne pour d’autres mais aussi le référendum révocatoire en cours de mandat. Avec pour prévenir les élus qui se font élire mais qui se prennent ensuite comme des représentants seuls maîtres de leurs décisions en cours de mandat, un droit d’alerte citoyenne avant de déclencher une procédure référendaire contre eux.

 

L’exigence de justice sociale et d’égalité

D’abord cette exigence demande une progressivité différentielle dans les augmentations de salaires et de prestations et bien sûr aussi une progression tout aussi différentielle (mais à l’envers de la précédente) des prélèvements de cotisations ou d’impôts.

Puis, elle demande un effort tout particulier sur le développement le plus hardi possible de la sphère de constitution des libertés (école, services publics et Sécurité sociale) qui elle, doit être séparée des marchés et uniquement soumis à la délibération démocratique et collective des citoyens y compris pour son financement.

Enfin, elle demande le plus haut niveau possible de réindustrialisation massive avec la plus forte transition énergétique et écologique possible. Car on ne peut partager que ce que l’on a produit (aujourd’hui tous les besoins hors des produits de première nécessité ne sont pas obligatoirement aliénants). Et il faut en finir avec l’idée de l’obligation de faire la transition énergétique et écologique uniquement par ce que sinon la fin du monde est pour demain matin à 8 h 30. La transition écologique et énergétique est d’abord une nécessité impérative pour le droit à l’égalité et à la justice sociale.

La nécessité d’un débat sur un modèle et un projet de société

Beaucoup de militants font comme si un programme suffisait comme horizon. Un programme est un ensemble de mesures que l’on s’engage à réaliser après l’accession au pouvoir pour une organisation politique et que l’on s’engage à revendiquer et à se battre pour lorsque l’on est une organisation syndicale ou associative. Nécessaire mais pas suffisant pour nourrir l’imaginaire citoyen. Car cela ne définit pas les principes philosophiques constitutifs du modèle de société souhaité, les ruptures à effectuer dans le processus constituant, des exigences indispensables à sa réalisation, du fonctionnement du dit modèle politique et de la stratégie pour y parvenir. Et un fois de plus de lier le combat laïque et le combat social comme une des conditions de l’adhésion des couches populaires dans un bloc historique qui reste à constituer par la convergence des combats !

Conclusion provisoire
Aux aguets des enseignements de l’actualité, il faut être ! Mais pas seulement ! Des cycles de débats diversifiés en assemblées populaires sont nécessaires sur tous les sujets que nous avons abordés. Voilà l’objet de la nécessaire éducation populaire refondée et articulée aux luttes en cours. Et si on en débattait ensemble ?