La double victoire de Mohamed Merah

Mohamed Merah reçoit toujours l’hommage de ses émules, mais, en contre point, des voix venues de la gauche multiplient les explications compréhensives de son geste. C’est la double victoire de Mohamed Merah.
Plusieurs de nos camarades de gauche, souvent doctes, se sont empressés d’expliquer ce comportement par l’injustice, la discrimination raciale, le terreau social… un grand journal a qualifié Merah de « gamin » victime d’une « dérive ».
Ce nouvel épisode d’aveuglement volontaire, trouve son fondement dans un vieux paternalisme caritatif de la gauche française sorte d’inversion de l’esprit colonial de domination. Ce paternalisme est empreint d’un angélisme qui interdit de voir l’autre, dans sa différence lorsqu’elle défie son regard égalitariste à prétention universaliste. Lorsque ce défi lancé par Merah aboutit au crime, le paternaliste s’interdit de chercher des explications dans des cadres de pensée différents des siens, en somme il ne peut voir dans Merah et ses amis des êtres parfaitement conscients et donc responsables. Le paternaliste préfère dévier le regard sur le contexte social et faire retomber la charge de la faute sur la société française qui n’offrirait pas à ces enfants français, fils ou petits fils d’immigrés les conditions de leur intégration sociale.
Certains de ces camarades de gauche sont volontiers complaisants à l’égard des particularismes culturels (même lorsqu’ils sont contraires à la déclaration universelle des droits humains) parce qu’ils voient dans ces descendants d’immigrés, les nouveaux damnés de la terre et surtout les alliés de la Révolution.
Certains de nos camarades de gauche qui restent figés dans une vision essentialiste des dominants et des dominés continuent à placer dans des cases, des groupes sociaux qui n’y entrent pas. Un raisonnement binaire, simplet a fabriqué une langue de bois qui interdit de penser la complexité et l’hétérogénéité des situations de descendants d’immigrés et son inscription dans les courants géopolitiques qui se forgent, avec ou contre, le capitalisme néollbéral.
Il existe pourtant des travaux de sociologie qui éclairent l’univers des descendants d’immigrés ; tel est l’ouvrage de Hugues Lagrange « Le Déni des cultures » ; ce livre dérange les schémas simplistes. L’ouvrage de Malika Sorel « immigration intégration » pointe le paternalisme de gauche qui depuis plus de 20 ans dé-responsabilise, enfants et parents au motif que leurs ancêtres ont été colonisés et qu’ils sont aujourd’hui « les Indigènes de la République » ; et que par conséquent ils ont tous les droits mais pas de devoirs…
À force d’entretenir une posture essentialiste qui a catégorisé les immigrés en alliés révolutionnaires, une certaine gauche « les yeux grand fermés » ignore la force des courants de droite parmi les descendants d’immigrés. Elle ignore la formidable adaptation au capitalisme marchand de diverses couches de cette population et l’importance des liens culturels communautaires et religieux dans le triomphe économique de nombre d’entre eux. Mohamed Merah, ne pouvait se contenter de son métier de carrossier tout en admettant que le patron de son garage était très gentil. Mohamed Merah voulait devenir riche et n’hésitait pas sur les moyens.
Une suggestion à nos amis de gauche qui cèdent à la mode victimaire : consulter le site internet de l’ANELD : association des élus municipaux de la diversité. On y trouve des français descendants d’immigrés, tout à fait décomplexés qui sans doute n’apprécieraient guère le regard paternaliste de nos amis. Les membres de cette association ont séjourné au mois de novembre 2011 à Doha à l’invitation de l’Émir du Qatar ; ils en sont revenus enchantés. Auparavant, au mois d’août ils avaient séjourné une semaine à Washington à l’initiative de l’ambassadeur des États-Unis en France Charles Rifkin. Cet ambassadeur, nommé par Obama a fait de fréquentes visites en banlieue. On trouve sur Wikileaks le compte-rendu qu’il a fait de ces contacts avec les gens de la « diversité » au département d’État.