Des incertitudes pour 2023 et quid de la gauche de gauche face à l’oligarchie capitaliste ?

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INCERTITUDES

La récession va donc se généraliser sur la planète. Cette récession entraînera donc l’approfondissement de la crise économique et bien sûr financière malgré les dires des thuriféraires médiatiques des oligarques.

Mais nous vivons comme tous nos concitoyens dans de nombreuses incertitudes. Car notre environnement se modifie à grande vitesse. Si nous percevons bien la tendance forte, difficile de prévoir le court terme. Donc pan sur le bec à ceux qui privilégient la tactique à la stratégie. L’année 2022 fut l’année la plus chaude avec des amplitudes climatiques rapides dans de nombreux domaines. C’est un mauvais présage pour l’avenir. L’inflation menace le globe et les augures pour 2023 ne sont guère réjouissants. La crise énergétique n’en est qu’à son prodrome. La guerre Russie versus Ukraine et Otan risque de durer. De nombreuses tensions guerrières se développent ici et là. Les budgets militaires augmentent, la vente d’armes progresse exponentiellement. Le libre-échange néolibéral est terrassé par la nouvelle géopolitique intra-impérialiste. Malgré les politiques austéritaires, les taux de profit dans l’économie réelle baissent. La récession va donc se généraliser sur la planète. Cette récession entraînera donc l’approfondissement de la crise économique et bien sûr financière malgré les dires des thuriféraires médiatiques des oligarques.

Tout cela développe des incertitudes pour le plus grand nombre d’autant que le nombre de pauvres augmente, que les inégalités sociales progressent de façon indigne. Ces incertitudes sont perçues par les travailleurs du monde entier : au Royaume-Uni comme dans l’Union européenne. Nous reviendrons sur ce point dans le ReSPUBLICA du 16 janvier 2023. Alors que la bourgeoisie intellectuelle et médiatique (y compris de gauche) ne fait que des commentaires pour noyer le poisson, pour développer un mépris de classe envers la majorité travailleuse, pour essayer de maintenir l’hégémonie culturelle capitaliste, les travailleurs renouent avec la seule arme qui leur reste, le développement de la lutte et des mouvements sociaux en utilisant (ou malheureusement pas) les organisations syndicales revendicatives.

une oligarchie CAPITALISTE QUI pratique le changement pour que rien ne change

Face à cela, l’oligarchie capitaliste est obligée de faire semblant de changer, car la colère monte. Dès novembre 2022, la Commission européenne a maintenu la suspension des règles absurdes du Pacte de stabilité et de croissance nées lors du Conseil d’Amsterdam en 1997(1)Renforcées par le TSCG en 2012 par la règle d’or du maximum de 0,5 % ou de 1 % du déficit structurel selon que sa dette est en deçà ou excède les 60 % du ratio dette/PIB.. Ce coup-ci, ce n’est plus à cause du coronavirus, mais à cause des modifications géopolitiques dont nous avons parlé ci-dessus et du temps nécessaire (deux ou trois ans environ au minimum) pour obtenir un accord des 27 pays. Mais tous les analystes sérieux savent que cette augmentation de marge de manœuvre n’est qu’une nécessité pour la survie du capitalisme européen et non une avancée pour le plus grand nombre. Elle revient à maintenir les critères de 3 % sur le déficit et de 60 % sur le ratio dette/PIB. Cependant, on estime que l’on ne calcule plus à partir des dépenses publiques, mais seulement des dépenses primaires (hors intérêts de la dette et dépenses d’assurance chômage). On accorde aussi quatre années de plus aux pays pour y parvenir voire trois années de plus encore s’il y a des crises ou des guerres ou de nouveaux investissements indispensables. Pour autant, les fondamentaux du corset des traités de l’UE sont maintenus(2)La stratégie budgétaire doit être acceptée par la Commission européenne et le Conseil européen, la procédure sur les déficits européens est renforcée, le refus de toute harmonisation sociale et fiscale, et donc de toute aide pour y parvenir, sont des vérités révélées dogmatiques de la religion ordolibérale européenne, pour une majorité de pays de l’UE (les pays dits frugaux et leurs alliés, les paradis fiscaux européens, les pays adossés sur les États-Unis)..

Si on regarde concrètement les fondamentaux de l’économie française, il y a de quoi conforter le pessimisme grandissant des ménages (selon l’INSEE). La petite croissance française de 2022 n’est absolument pas due à la consommation des ménages et des administrations, mais à l’amélioration de l’investissement (formation brute de capital fixe ou FBCF) et du taux d’investissement des entreprises non financières dopés par les aides publiques de 2022. Mais ce sera de courte durée, car ce n’est pas grâce à la construction et à l’industrie, mais grâce aux services et à la communication. D’autant que le recul de la balance commerciale (exportations moins importations) constaté en 2022 ne demande qu’à s’accroître à cause de l’inflation, de la crise énergétique, de la destruction d’EDF par les néolibéraux français et européens, et de la stagnation de la productivité puisque l’État a préféré subventionner les entreprises selon la volonté de l’oligarchie plutôt que d’investir dans l’industrie et la recherche-développement.

une gauche de gauche qui tarde à éclore

La gauche telle qu’elle est aujourd’hui en France est dans l’incapacité de rouvrir le chemin de l’émancipation, car elle ne développe pas les conditions d’émergence d’un bloc historique populaire majoritaire indispensable pour construire une République sociale. Elle doit se refonder par un sursaut salutaire. Nous avons ces derniers mois par nos articles dans ReSPUBLICA mis sur la table des éléments à débattre pour construire une gauche de gauche. Cela implique de retrouver une analyse du primat des questions économiques et sociales et de la lutte des classes face aux tentations des politiques identitaires au sein de la gauche. Cela passe par l’acceptation d’un rassemblement d’une gauche de gauche via un processus de convergence démocratique face à la segmentation maladive de la gauche actuelle. Cela passe par l’acceptation d’un débat sur le contenu du processus de République sociale de ses principes constitutifs, de ses exigences indispensables, de ses ruptures nécessaires et d’une ligne stratégique claire.

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Renforcées par le TSCG en 2012 par la règle d’or du maximum de 0,5 % ou de 1 % du déficit structurel selon que sa dette est en deçà ou excède les 60 % du ratio dette/PIB.
2 La stratégie budgétaire doit être acceptée par la Commission européenne et le Conseil européen, la procédure sur les déficits européens est renforcée, le refus de toute harmonisation sociale et fiscale, et donc de toute aide pour y parvenir, sont des vérités révélées dogmatiques de la religion ordolibérale européenne, pour une majorité de pays de l’UE (les pays dits frugaux et leurs alliés, les paradis fiscaux européens, les pays adossés sur les États-Unis).