Hommage aux combattants

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Discours du président de l’Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC) de Savigny-sur-Orge (91), à l’occasion du 11 novembre 2021.

Comment rendre hommage aux combattants aujourd’hui disparus de la Grande Guerre ? En défendant avec vigilance et détermination ce que leur sacrifice a permis de sauvegarder : la démocratie républicaine.
La démocratie tout comme la République n’est jamais assurée de sa pérennité. Nous le savons et nous, nous ne l’oublions pas, la défaite française en 1940 fut celle de la démocratie. Elle permit aux adversaires de la République, d’en finir avec la gueuse, grâce au nazisme et à l’extrême droite fasciste qui n’avait cessé de la dénigrer, de la calomnier et aux gouvernements dès 1938 avec Daladier de l’affaiblir. Ce fut Pétain qui s’en chargea. Au triptyque hérité de la Révolution : Liberté, Égalité, Fraternité, le régime de Vichy lui substitua celui de, travail, famille, patrie de l’État français.
La Libération rétablit la République et la démocratie.

Mais nous vivons des temps mauvais

Nous sentons la démocratie menacée, et maintenant la république quand, la volonté de réhabiliter le fossoyeurs de la République Pétain est ouvertement proclamée, et que sont martelées les pires contre-vérités historiques sur son action. Démocratie d’autant plus menacée que cela vient se greffer sur des déclarations que nous avons eu l’occasion de dénoncer, en particulier le 27 mai à l’occasion de l’hommage à la Résistance et qui prône la remise en cause totale de l’œuvre centrale du CNR, et des Jours heureux, elle que les anciens combattant se donnèrent, toutes sensibilitsé politique confondues, au plan démocratique, économique, social.
Ce n’est pas n’importe quelle voix qui portait cette déclaration, c’est celle de Denis Kessler, vice-président du MEDEF, dans Challenges et c’était en 2007. Il s’agit de remettre en cause tous ces acquis. Or la pioche des démolisseurs est à l’œuvre : tentatives diverses de privatiser l’enseignement public, remise en cause de la retraite, de l’assurance chômage, de la sécurité sociale, démantèlement de la fonction publique, privatisation des barrages, de sources d’énergie, des grands moyens de transports, des aéroports, mépris des communes et des départements aux profit d’agglomérations, de métropoles si éloignées du citoyen, marchandisation tous azimut de ce qui relève des services publics, menaces réaffirmées contre la laïcité et la loi de 1905 de séparation, la liste est longue…

Non ne détournons pas notre regard, dépositaires d’une partie importante de la mémoire collective, assumons ce devoir de vigilance que nous impose le sacrifice de ceux auxquels régulièrement nous rendons hommage.
Comment ne serions-nous pas inquiets et alertés quand à la faveur de l’élection présidentielle un candidat auquel on ne cesse donner complaisamment la parole ose, disais-je, réhabiliter le collaborationniste Pétain, nier sa participation active dans la déportation des juifs, comme si le président Chirac n’avait pas acté définitivement en notre nom et pour notre honneur cette infamie de celui qui saluait ceux qui combattait sous l’uniforme allemand sur le front de l’Est avec ultime forfaiture le drapeau tricolore.

Et cette ignoble imposture reçoit peu de désapprobation, des éditorialistes, pire les sondages indiquent, ignorance, amnésie, ou complicité, une adhésion effrayante. Comment en serait-il autrement si l’une des œuvres fondamentales des combattants de la Libération, la liberté de la presse, dont ils voulaient qu’elle soit le quatrième pouvoir n’était pas défaite, de manière insidieuse, par la mainmise des neuf dixièmes des médias par une poignée de milliardaires, de telles révisons de l’histoire ne les dérangent pas.

Comme ne les dérange pas qu’on fasse, et que c’est pitoyable, de de Gaulle le compère de celui qui le fit condamner à mort, en affirmant qu’ils se seraient répartis les rôles. Non l’ARAC ne laissera pas ces faussaires maltraiter l’Histoire par ceux qui, comme le 19 mars débaptisent les voies rappelant le cessez-le-feu, voulu par le général de Gaulle et le peuple français. Oui la démocratie leur pèse, elle leur est insupportable, ils n’aiment pas la République.

Oui, nous vivons une période qui s’apparente trop à celle de 1938-1939 qui préparait les esprits au pétainisme.

Oui, nous vivons une période qui s’apparente trop à celle de 1938-1939 qui préparait les esprits au pétainisme.

Aujourd’hui on laisse certains stigmatiser toute une communauté, les musulmans apparaissant comme ceux qui nourrissent le terrorisme. À l’ARAC de Savigny, nos amis savent que nous avons été payés au Bataclan pour savoir ce qu’est un attentat mais aussi pour mépriser ce type de rapprochement et distinguer ceux qui nous font la guerre, et ceux dont on fait des boucs émissaires.
Mais cette démarche n’est-elle pas celle de l’avant-guerre quand on faisait des juifs, étrangers et puis français, et – c’était le terme à l’époque – des métèques les responsables des maux qui s’annonçaient en Europe. Cette propagande forgea l’état d’esprit vichyste.

Dès le début de la guerre on emprisonna les anti fascistes et les anti nazis qui après avoir combattu, en Italie et en Allemagne, se réfugièrent en France, pour continuer eux le combat, beaucoup rallièrent le moment venu de Gaulle. Arthur Koestler raconte, dans La Lie de la terre cet accueil, cette hostilité. Il fut incarcéré, à Roland Garros puis au camp du Vernet après les républicains espagnols, avant les juifs et les gaullistes, le camp du Vernet qu’il comparait à Buchenwald.
Alors ne laissons pas se répandre ce poison. Car l’ostracisme, les mesures ségrégationnistes sont rapides à se répandre. On le voit à l’occasion de la lutte contre la pandémie, aux mesures liberticides sans rapport avec la santé viennent s’ajouter maintenant des propos qui rappellent aux associations d’anciens combattant des heures sombres de notre histoire, comme celle de ce journaliste, omniprésent, extrêmement proche du Président, envisager des brigades , disposant d’un fichier, pour se rendre chez les non-vaccinés. Ne manque à sa proposition que le port pour ces brigades de la chemise brune ou noire.

Monument aux morts pour les morts de la Première Guerre mondiale du cimetière d'Ambérieu-en-Bugey.

Devoir de mémoire donc et fidélité à cette volonté exprimée dès la fondation de l’ARAC en 1917, « guerre à la guerre ». Comment là aussi ne serions-nous pas inquiets devant la monstrueuse explosion de la production des armes ? Les armes, on ne les stocke pas, elles doivent être utilisées le plus rapidement possible sous peine d’être obsolètes. Le plus gros producteur nous a entraînés dans le lamentable conflit de l’Afghanistan, Jacques Chirac sut nous éviter l’agression en Irak qui reposait sur l’énorme mensonge de l’existence d’armes de destruction massive. Devrons nous encore être soumis à la politique de l’OTAN et donc à celle des USA, engagés dans une coalition hétéroclite que la guerre froide ne justifie plus. Et que déjà rejetait le général de Gaulle quand malgré les représailles économiques des ISA et de ses affidés, il décida de quitter le commandement intégré de l’OTAN.

Défendre la démocratie par la vérité historique à laquelle la jeunesse a droit, lutter contre les menaces de guerre en préservant notre indépendance, c’est rendre hommage aux anciens combattants de toutes les guerres.

Défendre la démocratie par la vérité historique à laquelle la jeunesse a droit, lutter contre les menaces de guerre en préservant notre indépendance, c’est rendre hommage aux anciens combattants de toutes les guerres.

C’est aujourd’hui, saluer la mémoire de ceux qui furent sacrifiés par la décision de généraux indignes, qui ordonnèrent pour ce qu’ils appelaient l’exemple qu’ils soient fusillés, et voués eux et leur famille au déshonneur, véhiculé par une propagande destinée à masquer la responsabilité du haut commandement : « les fusillés pour l’exemple »