Sur la démocratie, le militantisme et les primaires

Reçu de Christian Gauthier – Le militant : un “citoyen” utile à la démocratie

1) La démocratie fonctionne (tant bien que mal) à de multiples conditions : élections de représentants ; engagements citoyens dans des associations, des syndicats, des partis ; manifestations, grèves. Quel que soit le cadre, la “dispute”, le conflit, les oppositions, avis différents sont utiles à la démocratie.
2) La démocratie peut fonctionner mieux par une remise en cause des traités européens, une réforme des institutions, le renforcement des syndicats, le changement de pratique des partis. Ce que l’on appelle les “corps intermédiaires” sont indispensables à la démocratie : syndicats et partis sont des formes d’organisation qui s’inscrivent dans le temps long (expérience, mémoire). Ils mobilisent un citoyen particulier fort utile à l’évolution de nos sociétés : le militant.
3) Or, insidieusement, depuis plusieurs années, cette démocratie sociale que j’appelle de mes voeux est combattue par une volonté “d’hégémonie culturelle” libérale dont les campagnes sur une Europe “de paix” préalable à une construction européenne a-démocratique est l’aspect le plus visible. Mais, cette confiscation de pouvoir touche aussi les syndicats : “on” (y compris au PS) ne cesse de les prétendre peu légitimes, “on” poursuit et condamne des militants… Cette confiscation touche aussi les partis, du moins ce qui fonde leur force, c’est à dire un mode d’organisation (qui peut-être à l’adresse de classes sociales exploitées par exemple) qui inscrit ses actions en s’enrichissant d’expériences et de mémoires. 
4) Il est de bon ton aujourd’hui d’invoquer sans cesse le citoyen et la démocratie directe (en méconnaissant souvent ce que recouvrent ces deux termes). Mais, plutôt que de multiplier des primaires, qui sont, de fait, anti-démocratiques et privilégient les élections à toutes autres formes d’expression, il serait de bon ton de faire fonctionner réellement la démocratie en confiant plus de pouvoir aux usagers et aux associations, à commencer dans les services publics. Plus de pouvoir aux syndicats, une meilleure représentation des classes sociales dans toutes les instances.
Il est urgent de réhabiliter, certes le citoyen, mais aussi le militant. Il est temps aussi de parler de ce qui fâche. La tâche est difficile ; elle implique de combiner éducation populaire et action. Les primaires sont l’inverse de cette tâche.

A propos de ceux qui ont jugé bon d’aller voter aux “primaires de la droite et du centre” et sans rentrer dans le débat (qui n’a pas d’intérêt selon moi sauf à prôner la proportionnelle et la fin de la monarchie présidentielle), pour ceux qui ne le saurait pas : un précédent.

Un commentaire de Pierre Mascomère (rédaction de ReSPUBLICA) sur les primaires

On se rappellera que, pour l’élection présidentielle de 2012, le PS a jugé bon d’organiser des « primaires ouvertes ». Le PDG (ex, aujourd’hui) de la société d’assurance AXA, Henri de Castries, a participé tout à fait publiquement à ces primaires ouvertes du PS. Il a aussi fait un don – le maximum possible – de 7 500 euros ! Il n’a jamais caché pourtant ses idées de droite et présidé le think tank (très libéral économiquement) qu’est l’Institut Montaigne, créé et financé largement justement par AXA.
Henri de Castries a participé aux primaires du PS « parce qu’il a fait partie de la même promotion de l’ENA que celle de François Hollande », mais surtout afin que « Martine Aubry ne soit pas désignée ».

Aujourd’hui, Henri de Castries est un soutien déclaré de François Fillon…