Vivez avec nous une séquence politique singulière mais terriblement intéressante !

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Pour la rédaction de ReSPUBLICA, il est important de travailler en commun avec nos lecteurs. Deux raisons à cela :

– D’abord, nous souhaitons analyser avec vous l’actualité, syndicale, politique, économique qui se déploie devant nous. Car nous souffrons de voir les stratégies perdantes à l’œuvre dans les différentes gauches. Comme l’article de Philippe Hervé « Antivax, anti-pass… »  nous a valu quelques courriels intéressants pour le débat politique, nous y reviendrons dans les numéros suivants de septembre.

– Puis, après notre dernier éditorial, nous souhaitons vous parler de notre travail sur le discours contre-hégémonique indispensable à toute transformation sociale et politique. Ce travail publié régulièrement par ReSPUBLICA est concomitant du travail de formation et d’éducation populaire refondée des intervenants du Réseau Éducation Populaire et de Combat laïque-Combat social, fédérer le peuple. Le débat se poursuit bien au sein des mouvements sociaux lorsque des structures locales associatives, syndicales et politiques le décident ainsi.

Réflexions sur l’état de la France en ce début de campagne présidentielle

La France va mal, les inégalités croissent au sein de l’Union européenne comme dans notre pays (voir l’Observatoire des inégalités de Louis Maurin dont nous avons déjà parlé dans ReSPUBLICA). D’un côté des pays à balance commerciale positive (en milliards d’euros) : l’Allemagne (+ 228,3 en 2019, + 182,4 en 2020), L’Irlande (+ 61,5 et + 71), Les Pays-Bas (+ 65,2 et 67,9), l’Italie (+ 56,1 et 63,6), la Belgique (+ 17,2 et 21,5), la Pologne (+ 1,2 et 12), la Suède (+ 1,4 et 5,7) et les pays à balance commerciale négative : l’Espagne (- 34,6 et -15,8), la Grèce (- 22 et -17,9), la Roumanie (-1 7,6 et -18,7) et la France (- 74,7 et -82,5).

Voilà le résultat de la désindustrialisation de la France organisée par le patronat et par la droite jusqu’en 1981 et par l’union de la gauche dite plurielle à partir de 1983, tout aussi néolibérale que la droite). Allez une petite devinette : qui était président de la République quand le taux d’exploitation des travailleurs (PV/V chez les marxistes) a connu la plus forte augmentation ? François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande ou Emmanuel Macron ? (1)Il s’agit de François Mitterrand…

En ce début de campagne présidentielle, la première question à poser est la suivante : les Français iront ils tout simplement voter ? Traditionnellement et de manière unique, l’élection du président de la République connaît un fort taux de participation, en 2017, il fut encore de 77,77 % au premier tour. Pour 2022, rien n’est moins sûr, tant la classe politique dans son ensemble est rejetée par le plus grand nombre des citoyennes et de citoyens. Car depuis 2017, la morgue et la violence sociale de Macron, et en réaction les mouvements des gilets jaunes et celui de la défense des retraites, sont passés par-là. Même le mouvement antivax/ anti-pass, très contestable par ailleurs comme nous l’avons écrit dans le précédent numéro de ce journal, démontre le dégoût généralisé qui monte du pays profond. Une faible participation aurait bien sûr des conséquences assez imprévisibles, en tous les cas pour le moment, sur le résultat final.

Pour ce qui concerne la gauche, les chaînes d’information continue se régalent de la primaire écologiste dans un débat apaisé mais relativement ennuyeux vu que les questions valises posées par les journalistes appellent des réponses peu précises. Sinon, l’émiettement croissant de la gauche, son incapacité à concevoir un réel plan commun de rupture (sur les plans économique, démocratique, laïque, social, écologique, féministe (et pas néo-féministe), antiraciste (et pas communautariste et racialiste), son européisme grandissant (même Mélenchon a abandonné sa formule, par ailleurs discutable, de 2017 mais qui avait fait une partie de son succès : « l’UE, on la change ou on la quitte »), la poussée de la gauche identitaire, la mise en berne de la bataille sociale, son incapacité d’intéresser la majorité des Français formés par la jeunesse et la classe populaire ouvrière et employée (abstention aux dernières élections des jeunes de 18 à 24 ans à 87 %, 83 % pour les 25-34 ans, 70 % pour la classe populaire), et d’être tombé dans le piège de la division tendu par Emmanuel Macron avec la campagne vaccinale, met la gauche dans une situation difficile.

Le conflit droite–droite devient alors de plus en plus violent. L’arrivée possible et probable dit-on du polémiste d’extrême droite Zemmour dans l’arène change la donne car cela affaiblit Marine le Pen en vue de son accession au deuxième tour et donc redonne des chances aux candidats de la droite installée qui savent qu’ils peuvent battre Macron grâce au dégagisme ambiant, si c’est eux qui sont au second tour contre Macron. La direction de LR tente alors d’éviter la primaire de tous les dangers par un sondage auprès des militants. Car une primaire de la droite peut devenir sanglante comme par le passé (rappelez-vous l’épisode Fillon par exemple).

Rien n’est joué mais la roue tourne vite comme le montre la consternation de la droite et de la gauche européistes devant les déclarations sur la politique migratoire de l’ex-négociateur européen du Brexit, Michel Barnier (2)https://www.lesechos.fr/monde/europe/michel-barnier-provoque-la-consternation-en-europe-1345190#utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_lec_18h&utm_content=20210910&xtor=EPR-5020-[20210910].

Premières pistes pour travailler le discours contre-hégémonique

Dans  ce numéro nous vous proposons la deuxième partie de l’article paru sous la plume de notre ami Pierre Hayat, professeur de philosophie sur les réformes dites Blanquer pour l’école. Parce que tout ce qui relève de la sphère de constitution des libertés (école, services publics et Sécurité sociale) représente pour nous des pierres angulaires du  projet politique révolutionnaire de la République sociale.

Sans compter  une analyse  pointue du colonialisme et de l’esclavage dans l’île de La Réunion de notre ami Quang Ho. Important pour nous car les républicains sociaux dont nous sommes les héritiers ont toujours combattu l’esclavage et le colonialisme contre les républicains colonialistes, et cela depuis la Révolution française.

Suivront des articles sur la nécessaire réindustrialisation de la France sous transition énergétique et écologique, par notre ami Arnaud de Morgny, sans laquelle aucun processus de transition n’est possible.

Nous continuerons à critiquer la gauche identitaire comme nous l’avons fait dans le dernier éditorial de ReSPUBLICA. Mais aussi les partisans de l’universel abstrait qui veulent nous faire croire que le combat laïque peut être victorieux sans liaison avec le combat social. Jamais dans l’histoire cela n’a été le cas. Comme nous l’avons déjà écrit (3)https://www.gaucherepublicaine.org/respublica-laicite/respublica-combat-laique/mesurer-les-reculs-incessants-de-la-laicite-depuis-la-loi-de-1905/7405805

https://www.gaucherepublicaine.org/respublica-laicite/respublica-combat-laique/combattre-les-feux-croises-contre-la-laicite/7425528
, la droite et l’extrême centre macroniste n’ont jamais été laïques. Il suffit de voir la pitrerie de la dernière campagne de Blanquer avalisée par la présidente du Conseil dit des sages et contestée par Catherine Kintzler, membre du dit Conseil !

Hier comme aujourd’hui, nous revendiquons haut et fort l’universalisme concret contre les deux déviances de l’universalisme abstrait des pseudo laïques d’une part et du relativisme culturel et communautariste de la gauche identitaire d’autre part, tous les deux  largement compatibles avec le capitalisme. Nous reviendrons ultérieurement sur ces points.

En dernier lieu, nous considérons la République sociale comme un processus visant à rompre avec le capitalisme pour reprendre la marche vers l’émancipation, la conscientisation, l’augmentation de la puissance d’agir aux fins de devenir, individuellement et collectivement, acteur et auteur de sa propre vie. Pour cela, nous reprendrons l’idée révolutionnaire de Jean Jaurès (lâchement abandonné deux jours après son assassinat par la direction du Parti socialiste) à savoir que la gauche devra remettre en cause une partie du droit de propriété (en dehors de la propriété d’usage) lorsqu’elle reprendra le pouvoir (et ne pas faire l’erreur de la révolution de 1848 de ne pas toucher au droit de propriété) afin que la démocratie ne s’arrête plus à la porte des entreprises et des services publics ! Ce n’est pas une formule vague de démocratisation qui peut mobiliser mais la démocratie pleine et entière. Nous y reviendrons en partant de la formule de Jean Jaurès :

« J’étais donc toujours dirigé par ce que Marx a nommé magnifiquement l’évolution révolutionnaire. Elle consiste, selon moi, à introduire dans la société d’aujourd’hui des formes de propriété qui la démentent et qui la dépassent, qui annoncent et préparent la société nouvelle, et par leur force organique hâtent la disparition du monde ancien. »  (« République et socialisme », La Petite République, 17 octobre 1901).

Et nous reprendrons le chantier de la Cité du travail de Bruno Trentin dans son livre préfacé par le professeur au Collège de France Alain Supiot, car le XXIe siècle devra être le siècle de la remise en cause du salariat (pensée par Marx et Jaurès), du fordisme et du taylorisme. Nous reviendrons sur les analyses de Marx, Engels, Jaurès, Rosa Luxembourg, Gramsci et plus près de nous de Bruno Trentin. Même si nous proposons une rupture avec le fordisme et le taylorisme largement adulés par beaucoup – y compris les sociaux-démocrates –  mais aussi par Lénine et Trotsky. Tout simplement parce que les conditions d’une bifurcation économique et sociale ne sont pas les mêmes dans les pays sous-développés que dans les pays développés.

À bientôt !