Vote du PLFSS 2026, une nouvelle séquence sociale et politique

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Le vote en deuxième lecture de l’Assemblée nationale française du budget de la Sécurité sociale le 9 décembre dernier nous pousse à préciser la nature du réel social et politique d’aujourd’hui sur lequel nous devons déterminer les tâches politiques de notre action.

Comprendre le vote du 9 décembre 2025 sur le budget de la Sécu

Ce vote serré (pour 247, contre 234, abstentions 93) montre plusieurs enseignements :

– d’abord que la gauche NFP a éclaté : 90 voix contre, 67 pour et 37 abstentions. L’éclatement est patent sur un vote de cette importance pour le budget institutionnel le plus important, supérieur de plus de 150 milliards au budget de l’État, tous ministères confondus ! D’autant plus que c’est un budget d’austérité sévère qui est voté. Un peu moins sévère que prévu par Macron, mais le but historique de la gauche n’est pas seulement de faire seulement moins pire que la droite ! Dans les « contre » se retrouvent, LFI, Debout ! L’Après et une grande majorité de communistes (un seul communiste s’est abstenu). Cet éclatement va se répercuter sur les municipales, bien qu’il sera plus fréquent aux prochaines municipales de voir LFI seule au premier tour. Et pourtant, nous savons que la gauche globale, qui ne représente aujourd’hui qu’environ 30 % des votants, ne peut prétendre obtenir de bons résultats qu’unie. Il y a possibilité aux municipales de fusionner au second tour. Espérons que le sectarisme du jeune député Boyard (LFI) à la dernière élection municipale partielle de Villeneuve-Saint-Georges (94) ne soit pas contagieux !

– L’extrême centre a également éclaté. Horizons et LR se sont majoritairement abstenus, ce qui a obligé les socialistes à voter un budget avec l’extrême centre, confortant la ligne stratégique de François Hollande, qui cherche une recomposition des socialistes avec l’extrême centre. Les 54 voix en abstention d’Horizons et de LR ont été remplacées par 63 voix socialistes dans les « pour ». Il est à noter que les députés Les écologistes ont également permis la victoire de l’extrême centre avec leurs 26 abstentions contre une très légère et insuffisante augmentation de l’Objectif national des dépenses d’assurance-maladie (ONDAM).

– L’avancée des plaques tectoniques prônant l’union de toutes les droites est donc dans un mouvement lent, complexe, mais malheureusement net avec les évolutions chez Horizons et LR. La dernière prise de parole de Nicolas Sarkozy expliquant qu’il combattra le « front républicain » contre l’extrême droite est également un nouveau pas vers l’union de toutes les droites.

– Il est à noter que l’extrême centre a dû, après son accord avec les partis socialiste et écologiste, consentir un transfert de 4,5 milliards du budget de l’État vers le budget de la Sécurité sociale pour ramener le déficit prévisible de la Sécu à 19,6 milliards. Bien évidemment, cela va manquer au budget de l’État. C’est pourquoi le gouvernement Macron-Lecornu a d’ores et déjà demandé à Bercy de préparer la loi spéciale au cas où le budget de l’État ne puisse pas être voté avant la fin de l’année. En fait, le but de l’extrême centre de gagner du temps avant d’aller aux urnes pour des élections nationales a une fois de plus réussi. L’avenir nous dira si c’est ou pas une victoire à la Pyrrhus pour lui. Par contre, pour la France, ce sera un recul.

Concrètement, où en est le PLFSS 2026 ?

Un seul droit nouveau :

  • le congé de naissance d’un à deux mois pour chaque parent, portant le total à quatre mois maximums par foyer de façon simultanée ou successive, à condition d’une ancienneté minimale dans l’entreprise et d’une utilisation du congé dans les neuf mois après la naissance. Le cumul est possible avec le congé paternité ou maternité, ce qui peut porter le soutien parental à six mois continus. L’indemnité devrait, par décret, être fixée à 70 % du salaire net journalier de base pour le premier mois et de 60 % pour le deuxième mois. Espérons que cela freinera la baisse du taux de fécondité des femmes en âge de procréer !

D’autres petites ou fausses avancées ou reculs provisoires !

  • Quelques centaines de milliers de personnes gagneront trois mois de retraite grâce au décalage de l’application de la réforme scandaleuse de l’extrême centre sur les retraites. Pour tous les autres actifs, la contre-réforme s’appliquera sans changement.
  • Pour le reste, ce qui est annoncé comme « compromis » par les médias dominants complaisants, ce n’est que l’application de la tactique parentale de l’extrême centre. On promet le pire et on fait un compromis sur un « chouia » un peu moins pire, leurre grotesque dans lequel le Parti socialiste et Les écologistes ont essayé de faire croire à des avancées.

Pour être clair sur la suite institutionnelle, ce texte repartira au Sénat, qui, probablement, pourra le refuser en bloc pour gagner du temps et le texte reviendra à l’Assemblée nationale pour le vote définitif, qui ne devrait pas beaucoup varier avec ce que nous disons ici.

Rien de sérieux n’est fait sur les cinq branches de la Sécu (Santé-Assurance-maladie, ATMP, retraites, Famille, Autonomie)

Bien sûr, rien ne sera fait de sérieux contre la marche de notre pays vers le podium européen de la mortalité infantile (4,1 décès sur 1 000 naissances) ou du nombre de décès au travail (plus de trois par jour). Il manquera quelques dizaines de milliards à la branche Autonomie pour rendre une fin de vie digne aux personnes âgées dépendantes. Idem pour le développement des soins palliatifs au budget de l’assurance-maladie. Rien de sérieux n’est fait pour permettre à la branche des Accidents du travail et des maladies professionnelles (ATMP) de se mettre à la hauteur des enjeux. Rien n’est fait de sérieux sur les petites retraites, sur la décroissance programmée par les néolibéraux de droite et de gauche du taux de remplacement des retraites, sur la pénibilité, contre le scandale de beaucoup de retraites féminines. Rien n’est fait pour permettre à la branche famille d’être à la hauteur des enjeux sur le logement, sur la dynamisation de l’action sociale et culturelle, contre la croissance de la pauvreté, de la misère, du nécessaire service public de la petite enfance organisée autour des crèches publiques et familiales.

Et ce n’est pas l’application de la tactique de l’extrême centre sur l’Ondam (voir ci-dessus) avec Les écologistes qui suffiront pour permettre enfin un accès aux soins correct dans le système de santé, car le taux minimal d’augmentation tendancielle des dépenses de santé est de plus de 4 %. Nous le disons ici, il faut au moins pendant plusieurs années une augmentation de l’Ondam de plus de 5 % (hors inflation) pour, petit à petit remettre à flot l’hôpital, supprimer le manque de centres de santé, pour faire respecter un accès aux soins digne à tous les habitants de notre pays. Sinon, l’austérité augmentera !

Conditions minimales pour résorber ces situations austéritaires

Mais tout cela n’est possible qu’avec une suppression progressive des exonérations (80 milliards) et des exemptions (15 milliards) de cotisations sociales. Il est indispensable de mettre en place une nouvelle justice sociale et fiscale qui supprime toute possibilité pour les plus riches de payer moins d’impôts ou de cotisations sociales que les classes populaires et moyennes. La taxe Zucman est un minimum non suffisant !

Cela dit, nous ne participons pas à l’idée des gauches irréconciliables, car, sans la gauche unie, rien ne sera possible du côté de l’émancipation. Il nous faudra bien, face à l’éclatement des gauches que nous constatons, reprendre l’objectif de la recherche de la majorité absolue, la seule majorité qui vaille, par une union des gauches !