Il a fallu attendre 2025 pour que l’extrême centre nous ridiculise dans le monde
La parole de la France dans le monde n’est plus prise au sérieux. Déjà soumis à l’UE, il est clair que nous le sommes également à l’OTAN. Lors du dernier sommet, Emmanuel Macron a accepté l’ordre martial de Donald Trump selon lequel tous les pays de l’UE doivent porter les dépenses de défense agréée par l’OTAN pour la réalisation de ses objectifs capacitaires. Pour cela, tous les pays doivent y consacrer au moins 3,5 % de leur PIB en 2035. Mais ce n’est pas tout ! Les membres de l’OTAN doivent réaliser des « investissements dans le but notamment de protéger leurs infrastructures critiques, de défendre leurs réseaux, d’assurer la préparation du secteur civil et la résilience, de libérer le potentiel d’innovation et de renforcer leur base industrielle de défense ». Là, il s’agit de 1,5 % du PIB supplémentaire. Soit 5 % en tout. Donc, la France doit passer d’un peu plus de 2 % à 5 % du PIB ! Pour mémoire, le PIB France en volume pour 2024 est de 2 600 milliards d’euros.
Nos lecteurs comprendront qu’avec la stagnation économique actuelle de la France, cette contrainte budgétaire supplémentaire sera financée par la réduction accélérée des dépenses sociales, donc de la Sécurité sociale et des dépenses nécessaires en matière d’écologie. Comme nous le savons actuellement, c’est déjà le ruissellement de bas en haut qui finance les dividendes et les profits (via les aides de l’État aux grandes entreprises et aux niches fiscales pour les ultrariches qui payent beaucoup moins d’impôts que les couches populaires et moyennes). Il va donc falloir augmenter ce ruissellement de bas en haut. D’où le durcissement prévisible du National capitalisme autoritaire (Naca) pour tenter de contenir la pression populaire !
Déni de la réalité par l’extrême centre et médias dominants en soutien
Comme l’extrême centre au pouvoir ne peut pas désigner le réel que nous décrivons ci-dessus, il lui reste le soutien des médias dominants qu’elle contrôle (le service public médiatique) ou qui sont contrôlés par ses amis milliardaires (le service privé médiatique). Ils sont chargés d’organiser la société du spectacle à la méthode Guy Debord+++ et d’organiser le grand bavardage national(1)Le grand bavardage | Le blog de Descartes. dont le dernier conclave des retraites en porte témoignage.
Et comme elle ne peut plus gérer la France grâce à son double jeu (se maintenir au pouvoir grâce au front dit républicain et, une fois réélue, passer un accord avec l’extrême droite), elle prépare l’union de toutes les droites (de l’extrême centre à l’extrême droite). Elle a ainsi réussi à éviter la censure du gouvernement de François Bayrou. Voilà pourquoi la direction du Rassemblement National a récemment dit qu’elle acceptait les conditions des traités européens issus du traité de Maastricht (acceptation du retour à 3 % du PIB de déficit et à 60 % du PIB pour la dette). Tout cela pour accéder au gouvernement ! Rappelons qu’aujourd’hui, s’agissant des deux ratios, nous sommes au double ! Préparez-vous à l’austérité+++ !
Quelques arguments pour la bataille pour une nouvelle hégémonie culturelle
Éducation populaire
Que nous reste-t-il à faire ? D’autant que les directions des organisations syndicales et politiques ne sont pas à la hauteur des enjeux(2)Douze travaux d’Hercule d’une gauche de gauche à approfondir – ReSPUBLICA.. Nous devons donc développer les formations que nous pratiquons à la demande des organisations locales associatives, syndicales et politiques(3)Sur le mois de juin 2025, plus de 42 heures de formation sur les services publics, la Sécurité sociale, l’économie et l’écologie-énergie ont été mises en œuvre.. Mais nous devons également développer les pratiques d’éducation populaire refondée, étant donné que les MJC et les Centres sociaux les ont désertées pour des pratiques de loisirs sans développement de l’esprit critique ou de compréhension du monde qui l’entoure. Mais il faut faire plus !
Équilibre budgétaire
Les baisses d’impôts d’Emmanuel Macron en faveur des électeurs aisés sont responsables de 2 points de PIB de recettes nettes en moins et de 11 points de dette publique en plus.
Les baisses d’impôts d’Emmanuel Macron en faveur des électeurs aisés sont responsables de 2 points de PIB de recettes nettes en moins et de 11 points de dette publique en plus d’après Christian Chavagneux d’Alternatives économiques(4)https://www.alternatives-economiques.fr/christian-chavagneux/baisses-dimpot-ont-coute-11-points-de-dette-publique/00115193., sans aucune contrepartie sur la baisse du chômage et l’augmentation des investissements étrangers et français. Déjà, Paul Champsaur et Jean-Philippe Cotis dans leur rapport sur les finances publiques avaient écrit : « Depuis 1999, l’ensemble des mesures nouvelles prises en matière de prélèvements obligatoires ont ainsi réduit les recettes publiques de près de 3 points de PIB, […], en l’absence de baisses de prélèvements, la dette publique serait environ 20 points de PIB plus faible aujourd’hui qu’elle ne l’est en réalité »(5)https://www.vie-publique.fr/files/rapport/pdf/104000234.pdf..
Notre ministre Eric Lombard a déjà déclaré qu’il respecterait ce que souhaitent les entreprises, à savoir « la limitation des prélèvements et la stabilité fiscale ». Là au moins, on est sûr que la dette ne va pas diminuer, que les services publics, l’école et la Sécurité sociale vont régresser, que les inégalités vont progresser !
Fausse bonne idée : la fiscalisation de la Sécurité sociale. Et dire que même une partie de la gauche syndicale et politique est pour la fiscalisation de la Sécurité sociale !
Et voilà, la TVA antisociale est appelée de nouveau à la rescousse des capitalistes, alors que c’est le prélèvement le plus injuste, puisqu’il est payé par tous les consommateurs, mais touche proportionnellement beaucoup plus les couches populaires (12 % sur le budget pour le premier décile) que les plus riches (4,7 % pour le 10e décile). C’est donc un impôt régressif. Mais le gouvernement veut encore augmenter la TVA antisociale afin d’accroître les exonérations de cotisations pour la Sécurité sociale en faveur du patronat. De 92,2 % du financement de la Sécu par les cotisations sociales en 1990, nous en sommes à 49 % actuellement. Et dire qu’il y a encore une partie de la gauche syndicale et politique qui est pour la fiscalisation de la Sécurité sociale. Au secours ! Déjà, le montant de la TVA affectée à la protection sociale a été, en sept ans, multiplié par 5 pour un montant de plus de 57 milliards d’euros.
Le tour de passe-passe est donc le suivant : on remplace une cotisation progressive en fonction des revenus par un impôt régressif en fonction des revenus !
Mais l’utilisation de la TVA antisociale a même touché la suppression de la taxe d’habitation : les plus modestes ont donc été contraints de payer la TVA antisociale, alors qu’ils auraient pu bénéficier d’un dégrèvement de taxe d’habitation. En fait, Emmanuel Macron est bien le président des riches, puisque ce sont les seuls qui ont disposé des baisses d’impôts. Et s’il y a une période d’inflation, les prix augmentent et la TVA également (163 milliards en 2017, 222 milliards en 2025). Et c’est tout bénéfique pour les riches et de plus en plus insupportable pour les plus modestes.
Les inégalités sociales progressent en France et dans chaque pays du monde
Les inégalités se sont accrues depuis le début du capitalisme néolibéral dans tous les pays du monde, notamment dans les pays anglo-saxons, dans les BRICS+, en Russie et en Europe. Le développement des 10 pays des BRICS+ a permis une légère baisse des inégalités Nord-Sud si on compte les BRICS+ dans le Sud, ce qui est critiquable. Tout cela pour dire que le Sud global sans les BRICS+ et ceux qui sont dans leur liste d’attente connaissent en général une situation dramatique. Les quatre chercheurs du World Inequality Lab(6)Convergence alone won’t fix global inequality by 2050 without ambitious redistribution – WID – World Inequality Database. ont étudié les projections en 2050 de toutes les inégalités dans le monde et dans chaque pays selon plusieurs scénarii.
Dans un scénario de statu quo, l’inégalité globale des revenus mondiaux restera largement inchangée en 2050 par rapport à aujourd’hui. En l’absence de changements significatifs dans les politiques de redistribution actuelles, l’augmentation des inégalités au sein des pays continuera de profiter de manière disproportionnée aux 1 % les plus riches de la planète, qui continueront de recevoir 17 % du revenu mondial. Dans le même temps, la croissance rapide des pays en développement n’augmentera que légèrement le revenu moyen des 50 % les plus pauvres de la planète, leur part passant de 10 % à 12 %.
Effets des politiques redistributives avant et après impôt : vers un écart de 1 à 10
La « redistribution avant impôt », par le biais de mesures réorganisant la distribution des revenus du travail et du capital jouera un rôle essentiel dans le remodelage des inégalités à l’avenir.
Les politiques progressives de « redistribution après impôt », sous forme d’impôts et de transferts en espèces au niveau national, sont importantes, mais n’auront probablement qu’un impact limité sur la répartition mondiale des revenus.
En revanche, la « redistribution avant impôt », par le biais de mesures réorganisant la distribution des revenus du travail et du capital (par exemple, l’augmentation des dépenses publiques en matière d’éducation et de santé, et les politiques de salaire minimum), jouera un rôle essentiel dans le remodelage des inégalités à l’avenir.
Si tous les pays alignaient leurs politiques de redistribution avant et après impôt sur celles du pays le plus progressiste de leur région, la part des 50 % de revenus les plus faibles pourrait doubler d’ici à 2050, pour atteindre près de 20 %. Une telle convergence des politiques pourrait suffire à compenser l’effet de quatre décennies d’augmentation des inégalités au sein des pays. Il faut donc augmenter fortement la redistribution et les efforts de redistribution (y compris en France) avant impôt pour assumer l’objectif de Thomas Piketty d’un écart de revenu de 1 à 10.
Effet négatif du changement climatique sur les inégalités
Le changement climatique risque d’aggraver encore les inégalités existantes. Dans un scénario à fort impact climatique, les 50 % les plus pauvres de la population mondiale pourraient voir leur part de revenu chuter à des niveaux jamais atteints depuis 1980. C’est ce groupe qui sera le plus impacté par les chocs liés au climat, absorbant près des trois quarts des pertes totales de revenus relatifs.
La voie est ouverte vers un démantèlement du service public postal déjà bien fragilisé
Le gouvernement se prépare à des coupes budgétaires dans le financement des missions de service public de la Poste. Le gouvernement Bayrou a saisi le Conseil constitutionnel afin de déclasser la loi relative au Service Universel Postal au statut de simple décret. Le Conseil constitutionnel y a fait droit dans une décision du 12 juin 2025 à la demande du Premier ministre !
Cette décision donne désormais au gouvernement toute latitude pour définir les missions confiées à La Poste, leur durée et leur exécution, sans plus aucun débat et consultation de l’Assemblée nationale et, de fait, sans plus aucune consultation des représentants du personnel. Le gouvernement pourra donc détruire sans débat les quatre missions de service public que l’État lui a confiées par la loi du 2 juillet 1990 et qui forgent son identité : le service universel postal, la contribution de La Poste à l’aménagement et au développement du territoire, la mission d’accessibilité bancaire de La Poste, le transport et la distribution de la presse.
Déjà, l’Alliance de la presse d’information générale a écrit au ministère de la Culture pour l’alerter des effets d’une possible hausse des tarifs postaux.
Notes de bas de page
↑1 | Le grand bavardage | Le blog de Descartes. |
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↑2 | Douze travaux d’Hercule d’une gauche de gauche à approfondir – ReSPUBLICA. |
↑3 | Sur le mois de juin 2025, plus de 42 heures de formation sur les services publics, la Sécurité sociale, l’économie et l’écologie-énergie ont été mises en œuvre. |
↑4 | https://www.alternatives-economiques.fr/christian-chavagneux/baisses-dimpot-ont-coute-11-points-de-dette-publique/00115193. |
↑5 | https://www.vie-publique.fr/files/rapport/pdf/104000234.pdf. |
↑6 | Convergence alone won’t fix global inequality by 2050 without ambitious redistribution – WID – World Inequality Database. |