Un homme
Il avait 39 ans
Il était soudanais
Il était seul contre trois policiers
Un couteau contre trois armes à feu
Il a été tué lundi à Lorient
La veille du 11 novembre
Un seul homme soudanais contre trois policiers français
Des bruits secs ont claqué
Une femme est sortie précipitamment de chez elle, il titubait
Une dernière inspiration, le froid et les paupières lourdes
Il s’est évanoui, adieu la vie
L’homme soudanais est tombé
Sous le soleil lundi à Lorient
Déjà condamné par le passé pour « violences aggravées », l’homme soudanais devait faire l’objet d’une expertise psychiatrique, selon le parquet
Le maire de Lorient a exprimé son « soutien » aux trois policiers
Le ministre de l’Intérieur a salué leur « courage »
Pas un n’a salué le courage de l’homme soudanais encerclé par trois policiers français
Une autopsie sera menée et des analyses toxicologiques sont en cours, pour savoir les causes du décès, son sang est-il noir ?
Hommes soudanais dépigmentez-vous ou peignez-vous en blanc si vous voulez échapper aux policiers
La police des polices va enquêter
Mais les trois policiers seront relaxés
Il avait 39 ans
Il était titulaire d’une « carte de séjour temporaire »
De quoi souffrait-il ? On ne le saura jamais
Il était temporairement sur terre
Il a été tué lundi à Lorient, pas à Khartoum.
L’armée et les milices tuent au Soudan
Il aurait pu être tué mille fois au Soudan
Mais non c’est à Lorient qu’il a été tué au lieu d’être soigné
La veille du 11 novembre
Il avait 39 ans
Il s’appelait…
Il s’appel…
Il s’ap…
Il s’…
Il…
… Un homme, exilé, battu, massacré.
