par Akiva Eldar
Traduction ; Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
Quelques rappels “douloureux” à Benjamin Netanyahou (comme ses fameuses « concessions » ?) , sous forme d’une lettre (ironique et fictive) de Mahmoud Abbas.
Benjamin Netanyahou a tout à fait raison. « Une construction modérée et restreinte en Judée et Samarie dans l’année qui vient n’affectera en aucune sorte la carte de la paix » , a-t-il déclaré.
Car après tout, il ne s’agit que du simple problème humanitaire de quelques milliers de jeunes couples qui veulent avoir un toit. Qu’est-ce qu’ils veulent de nous, que nous ordonnions un gel du taux de natalité au-delà de la ligne Verte ? Que nous interdisions les crèches et les écoles ? Peut-on concevoir que des goys interdisent à des Juifs d’ériger une synagogue dans la cité des Patriarches ? Est-ce pour cela qu’un Etat juif a été créé ? Pour qui se prend-il, cet Hussein Obama ? Pense-t-il pouvoir nous acheter avec ses armes et ses garanties ? Attend-il de Bibi qu’il renonce à « une construction modérée et restreinte en Judée et Samarie dans l’année qui vient, qui n’affectera en aucune sorte la carte de la paix » pendant 60 jours pleins en échange d’un contrôle à long terme sur la sécurité dans la Vallée du Jourdain ? Si j’étais le president Mahmoud Abbas, j’écrirais sur-le-champ à Bibi la lettre suivante :
« Monsieur le Premier ministre, je vous comprends. Quel besoin d’en faire des tonnes pour quelques centaines d’appartements en plus pour des jeunes couples et une poignée de crèches ? Moi aussi, j’ai des enfants et des petits-enfants. Après tout, dans un an, nous serons en train de signer un accord sur la fin des colonies et les frontières définitives. Vous l’avez dit. Alors oublions les violations par Israël de ses engagements officiels (la feuille de route, vous vous souvenez ?) de geler la construction dans les colonies, y compris pour répondre à une croissance naturelle.
Je veux bien, même, ne pas tenir compte des colonies sauvages que vous avez construites sur la terre de paysans pauvres. Soit dit en passant, j’ai retrouvé dans mes archives le fait qu’en janvier 2006, vous aviez promis, dans votre discours d’Hertzliya, que si le gouvernement Sharon décidait d’évacuer les colonies, le Likoud voterait pour. Dans votre discours de Bar-Ilan, vous avez dit que vous comptiez démanteler les colonies sauvages. D’après les chiffres de Shalom Arshav, plusieurs dizaines de caravanes et de maisons préfabriquées, même de bâtiments en dur, s’y sont rajoutées depuis. Sous le nez de l’armée et de l’Administration civile.
Je ne poserai qu’une condition : Au lieu de suspendre la construction pour les Juifs, reprenons la construction pour tous les habitants de Cisjordanie. Y compris en zone C, que, dans notre grande naïveté, nous avons accepté de remettre sous votre contrôle. Cela, en plus du vieux tour que vous avez appris des Ottomans – la qualification de « terres d’Etat , où environ un million de doums des terres ont été confisqués et transformés en terres juives. Vous vous souvenez certainement qu’en 1995, quand nous avons signé les accords d’Oslo, qui plaçaient entre vos mains 60% de la Cisjordanie occupée, on nous avait promis que ce n’était que provisoire.
Vous vous souvenez certainement qu’en 1998, Yasser Arafat et Bill Clinton ont signé avec vous l’accord de Wye qui stipulait que 13% des terres de la zone C devaient passer sous notre contrôle. Mais que, là encore, les colons vous ont fait plier et que cet accord a été jeté aux oubliettes. Au bout du compte, vous n’y aviez rien gagné et perdu le pouvoir. Sans alternative, ils bâtissent sans permis, puis l’administration civile démolit ces bâtiments. Car j’ai du nouveau pour vous : il y a aussi un taux de natalité à Ramallah !
Pendant toutes les années de votre domination, vous n’avez pas construit un seul village dans les territoires. Et maintenant que nous sommes en train de construire notre première ville près de Ramallah, vous avez peur des colons et refusez de laisser passer dans la zone C la route menant à Rawabi.
Mon peuple à Jérusalem Est dit que leurs conditions de vie (en fait, vos conditions de vie, après tout c’est vous qui dites que les mêmes règles s’appliquent à Jérusalem comme à Tel-Aviv) se font dans une telle surpopulation que Jérusalm-Est commence à ressembler à Gaza. Nir Barkat [le maire de Jésusalem, ndt] distribue plus volontiers aux Palestiniens des décrets de démolition que des permis de construire. Le manque de logements à Jérusalem-Est est estimé en dizaines de milliers. Même votre Haute Cour a tancé le ministère de l’éducation pour le manque criant de classes.
Comment avez-vous dit, cher Monsieur ? Tout ce dont nous nous occupons, c’est “d’une construction modérée et restreinte en Judée et Samarie dans l’année qui vient qui n’affectera en aucune sorte la carte de la paix”. Je suis convaincu que vous ne pensiez pas seulement aux enfants juifs. Alors, allons-y ! Construisons pour tout le monde, partout. D’ailleurs, comme vous dites, dans un an, nous serons en train de faire la paix. »