Le MEDEF est aux anges, il peut faire couler le champagne. En une demi-année, voilà le troisième plan de rigueur et d’austérité de l’ordolibéralisme français. Les ménages et notamment les couches populaires (53% de la population française) et les couches moyennes intermédiaires (24% de la population française) seront les principaux payeurs, alors qu’ils ne sont en rien responsables de la triple crise actuelle. Le capital, qui est la cause de la triple crise, ne sera appelé à contribuer que de façon très minime et seulement après les présidentielles…
Et, de surcroît, les mesures annoncées manifestent le mépris des citoyens et de la démocratie.
Rendez-vous compte, la négociation entreprise par entreprise sera supérieure à la loi, c’est la destruction de la possibilité de l’émancipation par la loi. C’est ouvertement anti-républicain.
Après avoir attribué la délivrance du permis de construire aux communes – ce qui est une des causes de la ghettoïsation depuis 1982 -, voilà que l’ordolibéralisme supprime le permis de construire pour toute construction supplémentaire inférieure à 30% de l’existant. Les communes ne peuvent s’y opposer qu’en votant ouvertement contre ! C’est donner un pouvoir exorbitant à 13 millions de propriétaires contre les représentants élus au suffrage universel. C’est un déni de démocratie. Nous ne sommes plus en République.
Quant à la banque pour l’industrie, la mise de fonds de l’Etat est très faible et la taxe sur les transactions est repoussée après la présidentielle.
Mais le point capital est l’augmentation de 1,6 % de la TVA et de 2 % de la CSG sur les revenus financiers, le tout pour supprimer une partie importante de la cotisation sociale. La mission Bur (du nom du député UMP qui souhaite supprimer les cotisations sociales) voit ses conclusions mises en route. Tout est fait pour pousser au maximum l’avantage pour le MEDEF et les deux déciles les plus riches avant la présidentielle. Le Front national tente de s’y opposer mais son programme vise aussi à la fiscalisation de la protection sociale; quant aux socialistes, ils critiquent fortement mais sans trop entrer dans les sujets car ils sont aussi pour la fiscalisation de la protection sociale mais via la CSG (avec fusion, de plus en plus lointaine, avec l’impôt sur le revenu) au lieu de la TVA.
Toute l’offensive de l’ordolibéralisme aujourd’hui vise à détruire les institutions salariales et à intégrer le budget de la Sécurité sociale (supérieur de plus de 30% au budget de l’Etat) dans le budget de l’Etat. Et cela en vue de faire reculer la seule alternative (initiée par le Conseil national de la résistance, lire à ce sujet le texte de Denis Kessler, ancien n° 2 du MEDEF le 4 octobre 2007 dans la revue Challenges où il dit qu’il faut “défaire méthodiquement tout le programme du Conseil national de la résistance”) qui vise à développer les institutions salariales (dont la Sécurité sociale) à partir des besoins sociaux. Même en cas de changement de majorité, tout ne sera pas perdu car en général les socialistes au pouvoir gardent 80 % des mesures régressives de la droite (1988 et 1997 sont des exemples).
Pour nous, partisans de la République sociale, la ligne stratégique est claire : il faut d’abord chasser Nicolas Sarkozy et le futur allié de la droite néolibérale, le Front national. Pour cela, il faut deux choses : un vote Front de gauche le plus haut possible et une discipline républicaine sans faille pour gagner au deuxième tour. Et pendant ce temps-là, il faut faire auprès des citoyens le travail d’éducation populaire tournée vers l’action nécessaire pour qu’une victoire de la gauche tout entière n’aboutisse pas aux mêmes résultats qu’en 1988 et en 1997 mais, au contraire, que la mobilisation de la société pousse la gauche tout entière à rompre avec les politiques régressives (comme en 1936). C’est le mouvement social qui alors sera la clé. Nous reviendrons sur tous ces points.
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Jean-Luc Mélenchon a reçu une équipe de 4 personnes de RESPUBLICA dont deux vidéastes pendant près d’une heure pour nous entretenir de plusieurs sujets en répondant à nos questions. Les sujets sont variés : laïcité, république, nouveaux droits dans l’entreprise, l’école, les services publics, la santé et l’aménagement du territoire, la planification écologique, etc.
Nous avions pris la décision de laisser libre cours à Jean-Luc Mélenchon pour lui permettre d’aller plus loin dans le discours sur certains points précis.
Nous publierons ces vidéos deux par deux dès la semaine prochaine pendant 5 semaines. Puis, vous pourrez les revoir en allant sur notre site www.gaucherepublicaine.org