Rentrée sociale et politique: les enjeux

Un seul slogan des médias à l’échelle internationale : “La crise est surmontée, la confiance revient, nous avons agit beaucoup plus vite qu’en 1929, la fin de la crise est proche“. Pourtant, seul l’effondrement bancaire et financier de septembre 2008 est stoppé grâce aux fonds publics et à l’épargne populaire.

En réalité, nous avons affaire à une stabilisation, précaire, à un niveau économique moindre qu’avant la crise, mais les conséquences sociales sont terribles. Pour exemple : alors que le Pôle emploi prévoit 639.000 chômeurs de plus en France pendant l’année 2009, si nous comptons toutes les catégories de demandeurs d’emploi, nous serons en fait plutôt entre 800.000 et 1 million de chômeurs supplémentaires. Un autre exemple est celui de l’affaissement du pouvoir d’achat pour une partie importante du salariat, avec un début de spoliation de son épargne.

L’avenir sera donc lié, d’une part, aux prochaines bulles spéculatives qui ne manqueront pas d’exploser, vu que les dirigeants du monde n’ont pas touché aux causes réelles de la crise qui a démarré à l’été 2007 (et donc bien avant le krach bancaire et financier). Ces mêmes causes produiront donc les mêmes effets, mais seront également liées au niveau d’acceptation et de réaction des salariés face à la nouvelle période.

D’autre part, au niveau européen, le résultat du vote des Irlandais au traité de Lisbonne pèsera sur la suite de la construction européenne.

Quant à l’hexagone : la rentrée sociale sera marquée, entre autres, par la riposte sociale contre la privatisation de la Poste. Le comité national contre sa privatisation, pour un débat public et pour un référendum, organise une votation citoyenne le samedi 3 octobre 2009. Il n’est pas impossible que l’unité qui règne dans le mouvement syndical à la Poste entraîne un mouvement de grève important et les fédérations des élus PS, PC et Verts semblent décidées à se mobiliser pour la votation citoyenne. Des motions en ce sens seront débattues dans les conseils municipaux à leur séance de septembre. C’est la tâche N°1.

L’importance des débats du 49e congrès national de la Confédération générale du travail (CGT), prévu en décembre 2009, donnera des indications sur les évolutions en cours dans la première centrale syndicale française. La politique anti-sociale, prévue dans le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale, risque de susciter dès la deuxième quinzaine d’octobre des débats houleux. Et il faut que cela le soit ! C’est la tâche N°2.

Pour le champ politique, la préparation des élections régionales de mars 2010 va accaparer toutes les énergies. Le débat sur le maintien ou l’élargissement du Front de gauche au NPA va avoir quelque importance. Il sera beaucoup lié au fait de savoir si le Front de gauche proposera uniquement des majorités techniques (non participation aux exécutifs régionaux, promesse de vote pour faire élire un exécutif de gauche, indépendance des votes ensuite) au Parti socialiste et aux écologistes pour battre la droite, ou s’il acceptera une majorité de gestion (promesse de solidarité de vote) avec eux. Il va sans dire que la donne ne peut changer que si il y a élargissement « le plus large possible » du Front de gauche (avec le NPA mais aussi au-delà), seule possibilité pour que la gauche de la gauche puisse passer en tête de cette même gauche au premier tour. Pour cela, il faut que l’accord puisse se faire autour des majorités techniques. Tout autre solution redonnera les mains libres aux sociaux libéraux et écolo-libéraux, et donnera une chance supplémentaire à la droite néolibérale qui est en train de faire un tour de force pour s’allier de façon pragmatique avec Chasse, Pêche, Nature et Traditions et les amis de Philippe de Villiers. C’est la tâche N°3.

Par ailleurs, il faut continuer à combattre la confusion idéologique et politique qui règne à gauche et qui l’empêche de combler le fossé qui s’est creusé entre les couches populaires (ouvriers, employés, représentant la moitié des ménages) lors des dernières élections du 7 juin dernier. Pour cela, il faut oeuvrer à une stratégie à front large : il est nécessaire de globaliser d’une manière anticapitaliste claire les combats sociaux, politiques, démocratiques, laïques, écologiques et féministes autour des réponses aux intérêts de ces couches populaires. C’est la tâche N°4.

Quand on regarde le contenu des universités d’été du PS, du PC, du PG, du NPA, de la Fédération, des Alternatifs, des écologistes, du MPEP, d’ATTAC, on remarque que les militants sont appelés à débattre de choses intéressantes en soi. Cependant, ils n’interviennent pratiquement pas sur l’éradication du chômage, sur la lutte contre la précarité, ou pour une protection sociale et des services publics solidaires, sur la laïcité, ou sur le problème des logements décents pour tous. Dommage !, car ce sont des solutions à ces difficultés qui intéressent les couches populaires (ouvriers, employés). Une campagne d’éducation populaire tournée vers l’action est sans doute nécessaire.

Voilà les quatre tâches que nous vous proposons à la rentrée. Pour en débattre, contactez-nous!