Canicule , inondations, incendies, déforestations

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« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » (1)Une expression juste d’un ancien président de la République française, Jacques Chirac : déclaration prononcée lors du IVe Sommet de la Terre le 2 septembre 2002 à Johannesburg. , ces mots ont émaillé la presse et les journaux télévisés de cet été. Ces phénomènes qui nous paraissent extraordinaires sont appelés à se reproduire de plus en plus selon l’alerte « rouge » lancée par les rapports concordants des scientifiques du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui s’accordent pour attribuer ces événements climatiques extrêmes au réchauffement climatique, réchauffement dont la cause principale relève de l’activité humaine. Il est à noter que le GIEC tirait la sonnette d’alarme dès son 2e rapport en 1995.

Le point de bascule

De fait, ce réchauffement climatique, mieux adapté que l’expression « dérèglement climatique » pour décrire la situation, augmente de 5 à 10 fois la probabilité d’apparition de ces événements qui ne sont plus conjoncturels mais systémiques. Plus grave, selon ces rapports, le point de bascule est atteint autrement dit un point de non-retour et ce dans de nombreux domaines : fonte des calottes glaciaires, élévation du niveau des mers et océans, élévation en moyenne des températures de 1,5°C d’ici 2030 à 2040.

Urgence écologique et sociale

Cependant, des mesures peuvent et doivent être prises pour stabiliser la teneur en carbone d’ici 2050 grâce à des mécanismes compensatoires, grâce à la modification en profondeur de notre modèle de consommation. Les décisions prises dans ce sens devraient permettre d’atteindre à cet objectif. La prochaine décennie et les suivantes seront vitales pour l’avenir de l’humanité car nous sommes à la croisée des chemins pour assurer une adaptation la plus facile possible des générations d’après 2050. La question de la « liberté » s’invite dans le débat : les néolibéraux et de manière générale celles et ceux qui ne veulent rien changer accusent les partisans d’une transition énergétique et écologique de détruire la liberté de consommer comme on veut quelles que soient les conditions sociales de production et l’impact sur l’environnement, la liberté de voyager… Il faudra bien se mettre dans la tête qu’il ne peut pas y avoir de mutation écologique sans une certaine autolimitation. Cela nécessite un débat démocratique, d’y associer le peuple dans son entier à l’opposé de toutes contraintes imposées de haut.

Les décisions concernant le réchauffement climatique pour le maintenir à un niveau soutenable devront prendre en compte la dimension sociale à savoir le souhait d’une partie de l’humanité de parvenir à un niveau de vie décent alors que les régions du monde concernées sont celles qui concentrent la plus grande pauvreté et celles qui contribuent le moins au réchauffement climatique. Ce constat est identique dans les pays riches où la partie de la population la plus pauvre et la plus fragile concourt le moins à ce phénomène mortifère. Dans l’analyse de la situation, il est essentiel de ne pas se limiter aux calculs des émissions de GES par territoire mais d’y inclure les émissions importées au travers des produits. Chaque objet importé peut en contenir jusqu’à 40 %.

La méthanisation ou la course mortifère au nouvel or vert

C’est un procédé qui consiste à produire de l’électricité et de la chaleur à partir des déjections animales dans des méthaniseurs ou digesteurs. Le méthane produit est converti en électricité et injecté dans le réseau. La chaleur dégagée sert à chauffer l’exploitation.

Remettre à sa juste place l’économie

Dans les textes, les diverses COP (Conférence des parties-COP- à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques) les propositions sont plus qu’intéressantes mais non appliquées. Il y a urgence à explorer toutes les pistes pour sortir l’humanité de l’impasse ou du précipice vers lequel nous allons allègrement malgré la multiplication des alertes. L’enjeu est non seulement d’inventer une sortie basée sur la transition écologique mais de faire en sorte qu’elle soit socialement juste et qu’elle se situe dans une optique d’émancipation générale de tous les êtres humains. Cela suppose que le politique au sens noble du terme constitué de débats démocratiques dans un cadre laïque et républicain prime sur l’économie pour que cette dernière soit au service de l’intérêt général humain dans la prise en compte des grands équilibres écologiques planétaires. Il s’agit ni plus ni moins « de reconfigurer l’économie, de la ramener à sa juste place et l’empêcher de déborder de l’espace qui est le sien, de l’assigner à un espace qui lui soit propre et d’en faire un ordre technique, un ordre du savoir-faire et non des finalités » (2)Felwine Sarr, économiste sénégalais, professeur en Caroline du Nord, dans un entretien avec Gaël Giraud, jésuite et économiste, directeur de recherche au CNRS, ancien chef de l’Agence Française de Développement. Cet entretien a été réalisé dans le cadre de l’Institut d’études avancées de Nantes et publié chez Les Liens qui Libèrent..

Plusieurs accidents sont à déplorer provoquant des rejets massifs comparables à une marée noire. La multiplication des méthaniseurs au prétexte de lutter contre le réchauffement climatique dans le cadre d’une stratégie « bas carbone » (3)Grenelle 2007 ; stratégie « bas carbone » et « économie circulaire ». est en réalité une nouvelle manne pour compenser une perte de 1 milliard d’€ avec la nouvelle PAC.

Triple bénéfice a priori : valoriser les effluents et les déchets agricoles, produire un engrais de qualité, assurer un revenu supplémentaire aux agriculteurs grâce à la revente de l’électricité ainsi produite.

Mais ce triple bénéfice est à mettre en rapport avec les aspects négatifs du procédé. Cette image alléchante est ainsi contredite par la production d’un « digestat », un concentré d’azote, de phosphore et de micro-organismes épandus sur les terres en guise d’engrais (économie circulaire), par la Confédération paysanne qui dénonce la financiarisation accrue de l’agriculture avec l’arrivée d’entreprises et de capitaux industriels (syndrome Mille vaches), par des scientifiques qui font état d’un bilan carbone loin d’être glorieux. De plus le méthane a un potentiel de réchauffement 28 fois supérieur au dioxyde de carbone. Imagine-t-on de plus le scénario catastrophe avec la libération du méthane emprisonné depuis des temps immémoriaux dans le permafrost en voie de dégel sans compter le potentiel viral qu’il contient. Le bilan azote est catastrophique. Le protoxyde d’azote est inquiétant du fait de sa volatilité et de sa haute puissance de dispersion dans l’air.

La méthanisation comporte donc des effets négatifs bien réels et constatés :

  • Marées noires : août 2020, le méthanisateur opéré par Engie provoque une grave pollution de l’Aulne et de l’eau potable délivrée à 180 000 usagers ; mars 2021 : 2 000 m3 de lisiers s’écoulent dans l’Orne ; avril 2021 : la Penzé petit fleuve touché par un important déversement de lisiers,
  • Pollution des nappes phréatiques : le digestat bourré d’agent pathogènes s’infiltrent vers les cours d’eau et les nappes souterraines.

Le projet gouvernemental prévoit l’équivalent de trois départements consacrés aux cultures intermédiaires pour alimenter les méthanisateurs. Comme en Allemagne avec la Pologne, quand il n’y aura plus de place, il faudra importer des effluents. Les risques sont multiples et patents : augmentation du prix du foncier agricole, substitution des énergéticiens, via l’apport des capitaux nécessaires, aux agriculteurs du fait du coût des installations de méthanisateurs.

Les transports

Exclure dans les villes de plus de 150 000 habitants les vieilles voitures est dans l’air du temps. Sept voitures sur dix seraient bannies des 45 métropoles françaises à l’horizon 2025 (dixit l’association 40 millions d’automobilistes) et la moitié de la population française est concernée (dixit la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili). Dans les faits ce seront surtout les automobilistes des classes populaires qui seront impactés : celles et ceux qui n’ont pas les moyens d’acquérir un véhicule neuf conforme aux nouveaux critères.

Une France coupée en deux

Ces mesures avec la mise en place des ZFE, Zones à faibles émissions (4)Article 27 du projet de loi « Climat et résilience » votée à l’Assemblée nationale le 04 mai 2021 et au Sénat le 29 juin 2021. « L’instauration d’une zone à faible émission mobilité est [rendue] obligatoire avant le 31 décembre 2024 dans toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants situées sur le territoire métropolitain. » Dates de mise en place générale : 1er janvier 2023, véhicules essence d’avant 1996, véhicules diesels d’avant 2010. Paris, déjà obligatoire depuis le 1er juin pour les véhicules Crit’Air 4 (véhicules diesels immatriculés avant 2006 et deux-roues motorisés avant juillet 2004)., vont créer de facto deux France : une France citadine de technocrates d’un côté et une France rurale et des banlieues qui doivent subir des mesures déconnectées de la réalité et non débattues. Est nié l’existence de nombreuses zones dans lesquelles la capacité de mobilité est liée à la voiture. Sont montrées du doigt les personnes qui n’ont pas changé de voiture depuis 20 ans alors que ne pas changer de voitures peut être perçu comme écologique. Ces personnes ainsi ostracisées ont envie d’avoir accès à tout le territoire et ce d’autant plus que nous vivons dans un pays qui se dit un et indivisible. Ces ZFE sont discriminatoires et touchent les habitants des communes les plus pauvres, premières touchées alors qu’elles affichent un niveau d’émission de CO² plus bas que la moyenne, leurs voitures étant moins puissantes bien que plus anciennes (7).

On voudrait réamorcer le mouvement des « gilets jaunes » qu’on ne s’y prendrait pas autrement… L’aspect social est éludé, absent des mesures. C’est la répétition du président des villes qui méconnaît la vie des gens vivant à la périphérie.

Réduire la pollution de l’air : une nécessité

Pourtant, il y a nécessité à trouver des solutions pour réduire la pollution de l’air responsable de 40 000 morts prématurés par an liées aux particules d’oxyde d’azote générées à 70 % par les voitures. Les enfants qui grandissent à côté d’une voie à grande circulation ont 30 % de risque en plus de développer des maladies respiratoires tels que l’asthme et ce sont les plus modestes qui vivent dans des logements à proximité des grandes routes. Le tableau ci-dessous (source Airparif, 2018)

montre bien que le transport routier avec le « résidentiel » et les chantiers est l’un des principaux vecteurs d’émission de particules fines et d’oxyde d’azote.

Le bilan des ZFE (5)Zones à faibles émissions : article 27 du projet de loi « Climat et résilience » votée à l’Assemblée nationale le 04 mai 2021 et au Sénat le 29 juin 2021. « L’instauration d’une zone à faible émission mobilité est [rendue] obligatoire avant le 31 décembre 2024 dans toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants situées sur le territoire métropolitain. » Dates de mise en place générale : 1er janvier 2023, véhicules essence d’avant 1996, véhicules diesels d’avant 2010. Paris, déjà obligatoire depuis le 1er juin pour les véhicules Crit’Air 4 (véhicules diesels immatriculés avant 2006 et deux-roues motorisés avant juillet 2004 dans les pays où elles ont été mises en œuvre, soit 13 pays en Europe, n’est pas concluant.

Les véhicules électriques, avec la technologie actuelle, ne semblent pas être la panacée car le gros de la pollution des véhicules électriques n’est pas lié à leur utilisation mais à leur fabrication,

deux fois plus polluante que pour un véhicule thermique. Les émissions sont délocalisées en partie dans d’autres pays comme la Chine. La production d’énergie électrique pose problème dans les pays qui utilisent les centrales à charbon. « Une voiture électrique qui n’a pas encore fait 1 km part avec un impact supérieur de 50 % à celui d’une voiture thermique traditionnelle. » selon Laurent Castaignède, ingénieur, spécialiste des transports. « Sur l’ensemble de son cycle de vie, la consommation énergétique d’un véhicule électrique est globalement proche de celle d’un véhicule diesel. »selon l’Ademe.

D’autres issues que l’utilisation de la voiture ne sont peu ou pas envisagées comme la gratuité des transports publics en commun dans les villes mais aussi de la périphérie vers les lieux de travail ainsi que leur efficacité et côté pratique.

La production alimentaire

Sortir de l’agriculture productiviste est la seule solution à long terme

Nourrir toute la population au travers d’une alimentation saine sans engrais chimiques et pesticides tout en évitant la malbouffe (6)Contre la « Macdonaldisation » du monde : symbole visible du système de l’alimentation industrielle issue d’une agriculture productiviste utilisant abusivement pesticides et engrais chimiques générant une nourriture trop grasse et sucrée engendrant obésité, cancers et des maladies liées aux nanoparticules et aux produits mutagènes. générant des maladies relève du possible. Dans le système actuel d’agriculture productiviste majoritaire, les agriculteurs sont en difficulté car ils ne sont pas rémunérés à un niveau qui leur permette de vivre.

A long terme, l’avantage pour nourrir l’humanité revient à l’agriculture paysanne non productiviste et biologique qui génère moins de gaz à effet de serre. Cela est particulièrement vérifié entre l’élevage industriel concentrationnaire gros émetteur et l’élevage sur pâturage équilibré en matière d’émission.

Certes l’agriculture productiviste affiche des rendements supérieurs à l’échelle d’une exploitation agricole. Elle ne sera plus, d’ici 2050, en mesure de nourrir 10 milliards d’habitants car elle détruit les sols en les rendant arides. (7)Olivier De Schutter, ancien rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation.

Un nouveau modèle respectueux de l’environnement et de la santé des consommateurs existe : l’agriculture paysanne, biologique et non productiviste avec les procédés de la permaculture (agriculture permanente), de l’agroforesterie respectueuses des sols et des cycles naturels qui ont un meilleur rendement à l’hectare, avec un investissement en travail beaucoup plus important créateur d’emplois, avec le développement d’une agriculture urbaine et des jardins partagés afin que chacun puisse devenir un peu producteur de son alimentation.

Il est indispensable d’avoir plus d’emplois dans la production agricole,2 à 3 % d’une population active travaillant dans l’agriculture c’est très insuffisant. Augmenter la proportion à 10 voire 20 % serait indispensable et suffisant pour organiser une agriculture décentralisée et biologique en s’appuyant sur les technologies actuelles.

Relocalisation et nourriture diversifiée

Il ne s’agit pas de supprimer toute circulation de marchandises notamment alimentaires. Le café, le cacao, les bananes … des produits exotiques exigent toujours des transports internationaux. Ce qui pose problème c’est le transport sur de longues distances de tout et n’importe quoi comme des produits alimentaires pour contourner la saisonnalité, du papier hygiénique, de l’eau minérale, des fleurs coupées (Ethiopie vers l’Europe), des cochons élevés en Bretagne et abattus en Allemagne, du saumon élevé en Ecosse, tranchés en Chine, fumés en Pologne pour retourner vers le lieu d’élevage… Il n’est pas question de s’enfermer dans une sorte d’autarcie mais de refuser les flux inutiles.

Fonte accélérée des glaces partout dans le globe

Cette fonte accélérée des glaces rend inéluctable l’élévation du niveau des mers de plusieurs mètres. Déjà tout au long du XXe siècle, la hausse a été de 15 cm. Actuellement, il est constaté une hausse plus rapide de 3mm/an sous l’effet du réchauffement climatique dont les causes principales sont :

  • Les océans étant plus chauds, les molécules d’eau occupent plus de place sous l’effet de la dilatation soit une « contribution » de 33 %,
  • La fonte des glaces des montagnes et des calottes glaciaires contribue, à parts égales, pour les deux autres tiers.

Les perspectives d’une fonte totale du Groenland préfigurent une hausse de 7 mètres du niveau de la mer et celle, totale, de l’Antarctique de 60 mètres. Le point de bascule se situerait à +1,5°/2°C par rapport aux seuils préindustriels soit les seuils minimaux de l’accord de Paris. (8)Gaël Durand, glaciologue, directeur de recherche au CNRS

Dès quelques centimètres, des territoires entiers pourraient définitivement disparaître comme la Charente-Maritime, le triangle formé par Calais, Dunkerque et Saint-Omer, les zones sous le niveau de la mer soit 900km² et 500 000 habitants. Si nous n’empêchons pas ces mètres d’élévation du niveau des mers, un phénomène identique concernerait la Gambie, les 2/3 du territoire du Sénégal. (9)Pascal Peduzzi, directeur du GRID-Genève

Cela aboutirait à des conséquences dramatiques avec 143 millions de « migrants climatiques » pour les prévisions les plus optimistes et un commerce international bouleversé du fait que l’essentiel de l’activité humaine se trouve à proximité des côtes. Les mégapoles côtières et tous les ports sont des lieux menacés.

Cela pourrait conduire à un repli des économies vers l’autonomie régionale et la frugalité ce qui n’est pas a priori un aspect négatif si cela correspond à un changement de paradigme dans notre mode de consommation.

Un cercle vicieux

Les glaciers alpestres pourraient disparaître au cours du XXIe siècle. Comme le débit des cours d’eau tels que celui de l’Isère et du Rhône dépend des glaciers à partir du mois d’août quand les stocks de neige sont fondus, cet apport indispensable en eau va faire défaut en septembre quand les besoins en arrosage des cultures sont importants et les précipitations insuffisantes. (10)Antoine Rabatel, glaciologue à l’Université Grenoble Alpes.

La diminution de la surface de la banquise réduira d’autant le renvoi de l’énergie du soleil vers l’espace et donc contribuera à l’accélération du réchauffement global.

Est-ce que les Etats sauront mettre en avant une attitude vertueuse, le souci du bien commun, s’opposer aux puissances économiques qui lorgnent avec concupiscence les métaux rares que recèlent l’Arctique et le Groenland (25 % des réserves mondiales) pour contourner le monopole chinois.

Un accès à l’eau de plus en plus problématique

Le Qatar, Israël, le Liban, l’Iran, la Jordanie, la Lybie, le Koweït, l’Arabie saoudite, l’Erythrée, les Emirats arabes unis, Saint-Marin, Bahreïn, le Pakistan, le Turkménistan, Oman, le Botswana, l’Inde  vivent déjà en stress hydrique très grave (World Ressources Institute en 2019).

Notre planète est recouverte à 72 % d’eau mais seulement 2,8 % du volume total en eau douce (2,1 % des glaces et des neiges permanentes et 0,7 % des cours d’eau, des réserves naturelles et artificielles et des eaux souterraines).

L’eau douce est à 70 % consommée par l’agriculture et l’élevage, à 22 % par l’industrie et à 8 % par l’utilisation domestique.

Selon les Nations Unies : 5,7 milliards d’humains seront en manque d’eau une fois/mois d’ici 2050.L’alerte est lancée par la voix de Volkan Boznir président de l’Assemblée générale de l’ONU: C’est un « échec moral et mondial de vivre dans un monde avec des niveaux d’innovations techniques et de succès aussi élevés tout en continuant à laisser des milliards de personnes sans eau potable ».

Pour préserver le peak water ou « la quantité maximale d’eau potable qui peut être prélevée sans nuire au renouvellement de la ressource vitale », des solutions parmi d’autres sont déjà mises en œuvre qui, pour certaines, pourraient être généralisées et, pour d’autres, relèvent de faux remèdes :

  • Au Brésil, des cultures de plantes moins demandeuses en eau (sorgho plutôt que maïs) sont cultivées et sont associées à des systèmes d’irrigations plus efficaces.
  • La brume est une ressource sous exploitée voire inexploitée. C’est la transformation du brouillard en source alternative d’eau potable capturée par des filets d’acier structurés comme des ruches (11)Au Maroc : 17 000 m² de filet récoltent quotidiennement plus de 35 tonnes d’eau pour 16 villages. C’est un procédé supervisé par Jamila Bargach, dirigeante de l’association Dar Si Hmad, lauréate du prix Terre des femmes 2020.
  • Le stockage de l’eau de pluie avec des filtres à charbon, en céramique ou à ultraviolet.
  • Les eaux des puits équipés de filtres performants.
  • Recycler les eaux usées : douches en circuits fermés, WC basse consommation, toilettes sèches à compost (écoquartier Vauban à Besançon, Molière aux Mureaux),
  • Réutiliser des inventions anciennes telles que le bélier hydraulique. (12)Système produit par le seul fabricant, la société française Walton, qui permet, sans autre énergie que la force de l’eau, de faire monter le liquide de plusieurs mètres de haut.
  • Supprimer l’usage des plastiques à base de pétrole et substituer des plastiques à base chanvre économe en eau et dont la culture permet de capturer une grande quantité de CO² (13)C’est toute l’industrie de l’emballage qui doit se transformer et l’une des solutions les plus simples serait d’utiliser ce fameux plastique de chanvre. « Pourquoi abattre des arbres centenaires et épuiser les mines qui ont mis d’innombrables années à se former, si nous pouvons récolter annuellement leur équivalent grâce à la culture du chanvre ? » aurait affirmé Henri Ford..
  • La désalinisation de l’eau salée qui est un remède pire que le mal car elle est très polluante et exigeante en électricité.
  • Récupérer l’eau de pluie pose problème en raison de la pollution de l’air par les gaz, faire bouillir l’eau insalubre n’est pas sûr à 100 %.
  • Etc.

Un impératif : réduire la consommation d’eau

Parmi toutes les options pour faire face au manque d’eau qui se fait déjà sentir dans de nombreuses régions du monde, il en est une à combattre : c’est celle de la spéculation financière sur le cours de l’eau. (14)Depuis 2020, via Chicago Mercantile Exchange et le Nasdaq.

Autre point sensible : énergie verte ou renouvelable et énergie nucléaire

Les uns refusent de classer la production à partir des centrales nucléaires dans les énergies vertes et d’autres considèrent que le nucléaire est une solution qui évite l’émission de GES et qui permet de faire face à la demande accrue d’électricité notamment avec les nouvelles normes concernant les véhicules.

De toute évidence, en fonctionnement, l’énergie nucléaire ne participe pas au réchauffement climatique. Cela ne doit pas empêcher de souligner ses inconvénients : enfouissement des déchets toxiques pour des dizaines de milliers d’années voir des centaines, l’extraction de l’uranium dans des conditions exécrables pour les travailleurs et mortifères pour l’environnement, l’assèchement et le réchauffement des rivières.

L’abandon « précipité » du projet de centrales de 4e génération

L’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques (OPECST) a dans son dernier rapport regretté l’abandon du projet ASTRID (Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration) proposé par le Commissariat à l’Energie Atomique au début 2010. (15)Saisi par le député communiste André Chassaigne, rapporteurs Thomas Gassilloud (MoDem) et Stéphane Lenoir (LR). De nombreux parlementaires de tous bords inquiets de l’abandon ou du report de cette technologie (réacteur nucléaire à neutrons rapides) « à la fin du siècle » et du gouffre financier de l’EPR – coût multiplié par 5 soit 19,1 milliards d’euros selon la Cour des comptes. Cela aurait permis selon leurs auteurs de doter la France d’un des tout premiers réacteurs de 4e génération et de prendre de l’avance sur ses concurrents en « capitalisant » ou préservant 70 ans de recherches scientifiques françaises. Ce type de réacteur a l’avantage d’être plus économe, d’être plus sûr, d’utiliser comme liquide de refroidissement du sodium, de produire moins de déchet, et d’exploiter les déchets actuels comme l’uranium recyclé. Ce dernier point permettrait de résoudre en partie le stockage des déchets quand on sait que les piscines de La Hague arriveront à saturation d’ici 2030.

Economie d’énergie : l’autre solution

D’autres pistes pour répondre aux besoins en énergie de l’humanité doivent être explorées au premier rang desquelles les économies d’énergie dans la production, dans les habitations en termes de chauffage et refroidissement en période de canicule ou de froid par des isolations performantes et une ventilation type « puits canadiens ou provençaux ». (16)Le puits canadien, ou provençal, est un système géothermique permettant de capter la chaleur (canadien) ou la fraicheur (provençal) du sol à quelques mètres, afin de préchauffer ou de refroidir l’air neuf arrivant dans la maison.

Rendre désirable la conversion écologique

La question écologique est une question sociale quand les uns cumulent pauvretés et nuisances et les autres richesses et protections. La mutation écologique doit s’organiser autour d’une mutation égalitaire pour la justice sociale grâce à l’action collective. Cette mutation suppose une transformation de notre mode de vie qui implique certes des sacrifices mais aussi des satisfactions en sortant de la course à la réussite sociale et financière, en vivant plus doucement, en meilleure santé, en jouissant de la beauté du monde, en devenant les « jardiniers de la Terre ». « Après nous le déluge » est une position éminemment et scandaleusement immorale d’une part et intenable d’autre part. Proposons plutôt de redécouvrir la joie de la transmission d’un monde commun, objet de luttes et de délibérations politiques.

Le nouveau paradigme à imposer consiste à conjuguer justice sociale, impératif écologique et démocratie

Le rapport du GIEC est un nouveau coup de semonce pour alerter.Limiter le réchauffement à +1,5°C tel que le préconise le rapport de Paris est encore à notre portée techniquement et économiquement à condition d’adopter les mesures rapidement. Les peuples doivent prendre conscience des risques que l’inaction fait peser sur la planète et l’avenir de l’humanité et contraindre les gouvernements à agir et non à faire semblant.

Le nouveau paradigme à imposer consiste à conjuguer justice sociale, impératif écologique et démocratie dans un cadre républicain qui associe représentation au travers des élections et participation citoyenne dans la cité et sur les lieux de travail.

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Une expression juste d’un ancien président de la République française, Jacques Chirac : déclaration prononcée lors du IVe Sommet de la Terre le 2 septembre 2002 à Johannesburg.
2 Felwine Sarr, économiste sénégalais, professeur en Caroline du Nord, dans un entretien avec Gaël Giraud, jésuite et économiste, directeur de recherche au CNRS, ancien chef de l’Agence Française de Développement. Cet entretien a été réalisé dans le cadre de l’Institut d’études avancées de Nantes et publié chez Les Liens qui Libèrent.
3 Grenelle 2007 ; stratégie « bas carbone » et « économie circulaire ».
4 Article 27 du projet de loi « Climat et résilience » votée à l’Assemblée nationale le 04 mai 2021 et au Sénat le 29 juin 2021. « L’instauration d’une zone à faible émission mobilité est [rendue] obligatoire avant le 31 décembre 2024 dans toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants situées sur le territoire métropolitain. » Dates de mise en place générale : 1er janvier 2023, véhicules essence d’avant 1996, véhicules diesels d’avant 2010. Paris, déjà obligatoire depuis le 1er juin pour les véhicules Crit’Air 4 (véhicules diesels immatriculés avant 2006 et deux-roues motorisés avant juillet 2004).
5 Zones à faibles émissions : article 27 du projet de loi « Climat et résilience » votée à l’Assemblée nationale le 04 mai 2021 et au Sénat le 29 juin 2021. « L’instauration d’une zone à faible émission mobilité est [rendue] obligatoire avant le 31 décembre 2024 dans toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants situées sur le territoire métropolitain. » Dates de mise en place générale : 1er janvier 2023, véhicules essence d’avant 1996, véhicules diesels d’avant 2010. Paris, déjà obligatoire depuis le 1er juin pour les véhicules Crit’Air 4 (véhicules diesels immatriculés avant 2006 et deux-roues motorisés avant juillet 2004
6 Contre la « Macdonaldisation » du monde : symbole visible du système de l’alimentation industrielle issue d’une agriculture productiviste utilisant abusivement pesticides et engrais chimiques générant une nourriture trop grasse et sucrée engendrant obésité, cancers et des maladies liées aux nanoparticules et aux produits mutagènes.
7 Olivier De Schutter, ancien rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation.
8 Gaël Durand, glaciologue, directeur de recherche au CNRS
9 Pascal Peduzzi, directeur du GRID-Genève
10 Antoine Rabatel, glaciologue à l’Université Grenoble Alpes.
11 Au Maroc : 17 000 m² de filet récoltent quotidiennement plus de 35 tonnes d’eau pour 16 villages. C’est un procédé supervisé par Jamila Bargach, dirigeante de l’association Dar Si Hmad, lauréate du prix Terre des femmes 2020.
12 Système produit par le seul fabricant, la société française Walton, qui permet, sans autre énergie que la force de l’eau, de faire monter le liquide de plusieurs mètres de haut.
13 C’est toute l’industrie de l’emballage qui doit se transformer et l’une des solutions les plus simples serait d’utiliser ce fameux plastique de chanvre. « Pourquoi abattre des arbres centenaires et épuiser les mines qui ont mis d’innombrables années à se former, si nous pouvons récolter annuellement leur équivalent grâce à la culture du chanvre ? » aurait affirmé Henri Ford.
14 Depuis 2020, via Chicago Mercantile Exchange et le Nasdaq.
15 Saisi par le député communiste André Chassaigne, rapporteurs Thomas Gassilloud (MoDem) et Stéphane Lenoir (LR). De nombreux parlementaires de tous bords inquiets de l’abandon ou du report de cette technologie (réacteur nucléaire à neutrons rapides) « à la fin du siècle » et du gouffre financier de l’EPR – coût multiplié par 5 soit 19,1 milliards d’euros selon la Cour des comptes.
16 Le puits canadien, ou provençal, est un système géothermique permettant de capter la chaleur (canadien) ou la fraicheur (provençal) du sol à quelques mètres, afin de préchauffer ou de refroidir l’air neuf arrivant dans la maison.