Avant de commenter ces derniers résultats, fournissons les résultats globaux. A noter que nous sommes en possession des résultats par branches et secteurs.
Nombre de salariés inscrits | 14 118 287 |
Nombre de votants | 5 398 796 |
Nombre de suffrages valablement exprimés | 5 016 355 |
Taux de participation | 38,24 % |
Organisations syndicales ayant obtenu une audience supérieure ou égale
à 8 % (seuil de représentation nationale) :
Organisations syndicales |
Nombre de suffrages valablement exprimés |
% de voix obtenues |
CFDT |
1 343 055 |
26,77 |
CGT |
1 151 897 |
22,96 |
CGT-FO |
764 329 |
15,24 |
CFE-CGC |
777 |
11,92 |
CFTC |
476 564 |
9,50 |
Organisations syndicales ayant obtenu une audience inférieure à 8 % :
Organisations syndicales |
Nombre de suffrages valablement exprimés |
% de voix obtenues |
UNSA |
300 391 |
5,99 |
Solidaires |
184 513 |
3,68 |
Autres listes (< 1%) |
190 896 |
3,81 |
Audience de la CFE-CGC dans les collèges électoraux dans lesquels ses règles statutaires lui donnent vocation à présenter des candidats : 20,71 %.
Analyse de ReSPUBLICA
D’abord notons une nouvelle augmentation légère mais continuelle de l’abstention. Ensuite que le top 5 des syndicats ayant obtenus plus de 8 % reste le même. Mais ces 5 centrales ont diminué en nombre absolu de suffrages, sauf la CFE-CGC. Ceci marque l’accroissement du nombre de cadres dans le salariat en CDI. Le patronat faisant de plus en plus appel à l’intérim, aux stagiaires, au travail précaire dans les catégories populaires, ce sous-prolétariat participe beaucoup moins aux élections professionnelles.
Si l’écart augmente entre le premier syndicat du privé (la CFDT) et le deuxième (la CGT), cela s’explique par la baisse du nombre de votants pour la CFDT (40.000 voix) environ quatre fois moins important que celui de la CGT (150.000 voix).
En ce qui concerne l’audience générale du salariat (privé et public), ce résultat des élections professionnelles dans le privé conforte la première place de la CFDT dans l’ensemble du salariat, même si la CGT est toujours en tête dans le public, mais d’une très courte tête.
Sur une période longue, ce résultat consacre l’érosion faible mais constante de l’audience du syndicalisme revendicatif face au syndicalisme d’accompagnement du système – bien qu’il ne faille pas croire à l’homogénéité de chaque centrale syndicale. On peut montrer au contraire que la multiplication des structures syndicales a été de pair avec une croissance de l’hétérogénéité de chaque centrale. Chaque centrale syndicale pouvant faire coexister en son sein plusieurs formes de syndicalisme, à savoir le syndicalisme nostalgique du passé, le syndicalisme d’accompagnement du système capitaliste, le syndicalisme de contestation populiste, le syndicalisme revendicatif (qui s’organise pour créer un rapport de forces pour obtenir satisfaction sur des revendications significatives), voire le syndicalisme révolutionnaire.
Autre caractéristique de l’archipellisation du syndicalisme réel : certains syndicats sont globalement à gauche quand d’autres peuvent faire coexister des membres qui vont de l’extrême gauche jusqu’à l’extrême droite. Et pour les syndicats globalement à gauche, la pénétration de la gauche identitaire face à la gauche laïque et sociale est de plus en plus importante depuis que le néolibéralisme est devenu dominant en France dans les années 1982-83.
Ce recul lent mais constant du syndicalisme revendicatif face aux autres formes du syndicalisme favorise le mouvement abstentionniste syndical et politique, principalement dans les couches populaires et dans le sous-prolétariat (précaire, intérimaire et chômeur).
Cela appellera ultérieurement à une refondation-convergence du syndicalisme, tant dans le projet syndical que dans son rapport au salarié, que dans les formes d’action (par exemple les randonnées urbaines une fois par mois jusqu’à épuisement des travailleurs ne rapportent plus rien en termes de satisfaction revendicative alors que se développe la pratique d’aller jusqu’au blocage de l’activité comme méthode revendicative), que dans la formation politique et l’éducation populaire refondée. Mais ceci est une autre histoire…