Le patronat a déclenché une lutte des classes féroce et il faudrait, pour les belles âmes, que les ouvriers l’acceptent sans rechigner. Que nenni !

Qu’est-ce que la lutte des classes pour les médias complaisants, pour le grand patronat, pour la bourgeoisie, pour l’extrême centre gouvernemental, la droite installée et l’extrême-droite ? C’est de faire en sorte que la plus-value créée par les travailleurs soit accaparée par l’oligarchie capitaliste et leurs alliés. C’est 2 milliards pour les actionnaires de Total, un PDG qui s’augmente son salaire de 52 %, des ouvriers dont le salaire réel baisse du montant de l’inflation galopante, voilà qui apparaît une répartition juste de la valeur ajoutée pour l’oligarchie capitaliste. La classe populaire ouvrière et employée décide de passer à l’offensive car elle n’est pas d’accord. Et elle a raison. Voilà donc la vraie vie qui recommence. Fini la société du spectacle médiatique soutenue par la gauche identitaire et essentialiste qui a tenté de nous faire croire que la question sociale n’était plus la question centrale. Comme les « Gilets jaunes », ces grèves remettent cette question dans l’actualité. Nous sommes bien au cœur de l’affrontement de classe entre capital et travail et de la lutte permanente pour la répartition de la plus-value, avec comme chaque fois la résistance du patronat à augmenter les salaires, la complaisance du gouvernement pour celui-ci et les tentatives pour discréditer les grèves et les revendications des salariés auprès de la population.

Oui, la direction de Total et les médias dominants mentent comme d’habitude en faisant une moyenne à 5000 euros avec le PDG à près de 500 000 euros par mois et l’ensemble des cadres supérieurs qui ne sont pas soumis aux accords salariaux !

Oui, seule la vérité est révolutionnaire : les premiers coefficients de la proposition patronale (de 130 à 200) sont en dessous du SMIC. Les consolistes sont au coefficient 230 avec un salaire brut de 2275,67 euros, les remplaçants chefs opérateurs sont au coefficient 250. Les chefs opérateurs oscillent entre 310 et 340 soit au maximum 2995,92 euros brut.

Oui, les revendications salariales sont légitimes et ce n’est que dans l’action que l’histoire s’écrira. Oui, la réquisition ordonnée par Macron, Borne et consorts est illégale. Déjà, le Comité pour la Liberté Syndicale de l’Organisation internationale du travail (OIT) établissait en 2010 au sujet des raffineries que :

« les réquisitions ont frappé un secteur qui n’entre pas dans la définition de services essentiels au sens strict du terme et dans lequel une réquisition ne saurait être ordonnée en dehors d’une situation d’urgence d’ordre public, […] les installations pétrolières ou encore la production, le transport et la distribution de combustibles ne constituent pas des services essentiels au sens strict du terme, |…] les considérations économiques ne devraient pas être invoquées pour justifier des restrictions au droit de grève ».

Mais un tribunal administratif réuni en référé n’a pas tenu compte de l’avis de l’OIT !

Oui, le projet de loi sur la réforme de l’Assurance chômage voté à l’Assemblée nationale – qui vise à instaurer une modulation des allocations-chômage en fonction de la conjoncture économique et l’instauration d’une « présomption de démission » en cas d’abandon de poste – est proprement scandaleux. C’est un nouveau recul à combattre !

Les ouvriers de huit centrales nucléaires ont rejoint le mouvement de grève pour l’augmentation des salaires. Dans la centrale nucléaire de Gravelines, dans le Nord, les employés se sont mis en grève le 12 octobre dernier à l’appel de Force Ouvrière (FO) et de la CGT pour réclamer une augmentation de 5 % de leur salaire brut. Ainsi ouvriers et employés de la plus grande centrale d’Europe occidentale rejoignent donc le mouvement après ceux du Tricastin (Drôme), Cruas (Ardèche), Bugey (Ain) et Cattenom (Moselle) notamment. Ces grèves sont susceptibles de causer des retards dans les travaux préalables au redémarrage de certains réacteurs. Il est possible que le mouvement de grève fasse tache d’huile.
Face à cette situation, et le danger pour le patronat d’une généralisation des grèves sur les salaires, Total semble brusquement changer de ton et propose maintenant un « bonus exceptionnel » d’un mois de salaire… c’est un premier recul mais ce n’est en rien une « vraie » augmentation des salaires, avec les cotisations sociales patronales à la clé (en particulier l’impact sur les caisses de retraites, etc.) C’est bien dans la généralisation du mouvement pour l’augmentation des salaires que nous pourrons envisager une bifurcation politique et sociale. C’est le moment !

C’est bien dans la généralisation du mouvement pour l’augmentation des salaires que nous pourrons envisager une bifurcation politique et sociale. C’est le moment !

Pour l’instant, Exxon veut négocier en dessous de ce qui est attendu et Total tente la négociation séparée avec la CFDT et la CFE-CGC. Pendant ce temps-là, le gouvernement et Ursula Von der Leyen organisent un spectacle et nous proposent une taxation ridicule de 200 millions sur tous les superprofits des firmes des énergies fossiles et des entreprises de logistique soit 100 fois moins que le réel possible.

Tout doit être fait pour tenter la généralisation du mouvement pour l’augmentation des salaires y compris des caisses de solidarité populaire pour les grévistes.

Par ailleurs, au Parlement, l’amendement, proposé par le MoDem et voté en première lecture par une majorité de députés de la Nupes, du RN, et de 19 membres du groupe Renaissance, apparaît, malgré son caractère limité, comme une sorte de revers pour le gouvernement Macron-Borne. Cet amendement vise, dans le cadre du budget 2023, à dissuader, interdire aurait été mieux, les grandes entreprises de distribuer des résultats exceptionnels en « superdividendes » par le truchement d’une majoration temporaire d’une taxe. Évidemment, le gouvernement s’est fendu de l’antienne habituelle de l’attractivité du pays pour refuser toute hausse conséquente et tout prélèvement supplémentaire sur les superprofits. Encore faut-il que l’essai soit transformé à son passage au Sénat. Seule la poursuite d’une mobilisation sociale d’ampleur, unitaire et rassembleuse pourra pousser les parlementaires à confirmer et inscrire dans le budget l’application de cet amendement.

Chacun à son poste pour la généralisation du mouvement de grève pour l’augmentation des salaires.