Services publics ou barbarie

Lier l’utopie socialiste au développement de la démocratie reste un objectif non atteint pour de nombreux militants qui s’interrogent sur l’échec des révolutions du XXe siècle et le passage à des régimes autoritaires et dictatoriaux des pays, généralement peu développés, où elles ont eu lieu.
Ainsi la relecture minutieuse des écrits de Marx, Engels, Jaurès, Rosa Luxembourg, Antonio Gramsci, Georges Orwell (et tant d’autres dont, plus près de nous, Bruno Trentin et Alain Supiot) est-elle un outil pour refonder une utopie créatrice basée sur une théorie robuste et ouverte sur l’avenir.

Ces relectures nous ont entraînés à penser le projet de République sociale et donc de sa pierre angulaire – que Condorcet appelait la sphère de constitution des libertés -, à savoir aujourd’hui l’école, la sécurité sociale et les services publics. Cette sphère de constitution des libertés devait être protégée des influences conservatrices et réactionnaires par un principe d’organisation sociale et politique : la laïcité.

C’est dans cet esprit que Roland Gori, Frédéric Pierru et Bernard Teper ont produit le texte « Pourquoi il faut (re)créer d’urgence les services publics pour (ré)inventer la démocratie » et fait appel à contributions.

L’idée d’un numéro spécial de ReSPUBLICA était née. Rapidement, plus d’une vingtaine de contributions furent reçues par les auteurs. L’espoir d’une relance du débat sur les services publics de l’avenir, son couplage avec un nouveau développement de la démocratie qui avait été « oublié » par ceux qui ont promu les services publics d’hier, nous ont poussés à ouvrir une rubrique « Services publics ou barbarie ».

Rosa Luxembourg rappelait dans un de ses textes célèbres de 1915 intitulé « Socialisme ou barbarie » une phrase d’Engels : « La société bourgeoise est placée devant un dilemme : ou bien passage au socialisme ou rechute dans la barbarie. ». Nous sommes une fois de plus dans ce dilemme. Et le titre du dossier était tout trouvé…

L’actualité sociale de l’initiative du 29 janvier de la Convergence des psychologues en lutte nous a contraints de sortir en priorité trois articles écrits par des psychologues dès le début janvier ((Voir « Le métier de psychologue : un rempart de la démocratie en temps de néolibéralisme » par Marie Bakchine ;  « Mépris du gouvernement envers les psychologues. Les signataires Collectif Pop racontent » ; « Pourquoi la casse du métier de psychologue clinicien est un enjeu démocratique » par Roland Gori.)). Mais nous publions dans cette rubrique « Services publics ou barbarie », à partir de ce n° 997 du 24 janvier 2022 et dans les numéros suivants, tous les textes sur les autres métiers des services publics (justice, police, culture, administration de l’Etat, sécurité sociale, santé, école, recherche, université, etc.) reçus suite à l’appel à contributions. (1)On retrouvera parmi les contributeurs plusieurs signataires de l’Appel des appels – Remettre l’humain au cœur de la société, collectif de professionnels du soin, du travail social, de la justice, de l’éducation, de la recherche, de l’information, de la culture qui s’est fait connaître en 2008. 

Alors que la pandémie de la Covid 19 continue encore et toujours, mettant à rude épreuve les services pour le peuple, en particulier à  l’hôpital, la campagne électorale présidentielle dans l’espace médiatique ignore superbement  le débat contradictoire sur le sujet du « commun ».

Hélas, nous  approchons progressivement  du niveau zéro en matière de confrontation politique dans notre pays. Dans ce climat délétère, nous ne pouvons compter que sur nos propres forces pour reformuler l’avenir de ces services publics. ReSPUBLICA apporte donc sa modeste contribution en tirant un constat, et en indiquant peut-être des pistes pour sortir de la nasse.

Il va de soi que les lecteurs de Respublica  peuvent participer à cette « aventure » et contribuer à cette perspective de refondation des services publics en y participant, soit en nous écrivant (evariste@gaucherepublicaine.org) soit en organisant des réunions publiques sur les sujets liés à l’appel à contributions cité ci-dessus.

 Hasta la victoria siempre !

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 On retrouvera parmi les contributeurs plusieurs signataires de l’Appel des appels – Remettre l’humain au cœur de la société, collectif de professionnels du soin, du travail social, de la justice, de l’éducation, de la recherche, de l’information, de la culture qui s’est fait connaître en 2008.