Quelles mobilisations pour le 10 septembre ? Pour le retrait total du plan Macron-Bayrou !

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(c) Adobe Stock

Depuis plusieurs semaines circulent des appels pour s’opposer aux budgets 2026 Macron-Bayrou à partir du 10 septembre, pour une séquence interprofessionnelle de lutte sociale. Bien sûr, la question devient « qui y a-t-il derrière cet appel ? ». Comme si ce qui comptait était son nom, prénom et matricule ! La plupart des réseaux sociaux et des journaux ont répondu à cette question sans avoir réalisé les investigations nécessaires. En fait, une réponse sérieuse à cette question est celle d’Emmanuelle Souffi dans Le Canard Enchaîné du 20 août 2025, dans un article intitulé « Les « Bloquons tout » sont à bloc ! ».

 

Nous résumons : un départ en extrême droite minoritaire à la mi-mai, une reprise par un site ultragauche anti-organisations à la mi-juillet domicilié au Canada qui a disparu, puis une partie de la gauche s’organise sur le plan syndical (notamment au sein de la CGT et de Sud), des assemblées de militants ici et là, puis le RN déclare ne pas participer à ce mouvement tellement il est à gauche.

 

Le mouvement social doit se placer à la hauteur des enjeux en développant bien sûr un programme social opposé au plan Macron-Bayrou, mais aussi un programme politique populaire capable de dégager une bifurcation d’avenir. L’expérience internationale nous montre que, sans cette bifurcation politique unitaire, la gauche de gauche peut aller à la catastrophe, d’autant que notre pays est actuellement largement soumis aux États-Unis, à l’Otan, à l’Union européenne.

Grèves reconductibles là où c’est possible !

Déjà, l’Intersyndicale large a transmis un non aux budgets 2026 du gouvernement Bayrou avec une pétition signée par 350 000 personnes. Nous espérons qu’il en sortira une autre stratégie que les manifestations saute-mouton de type « mouvement des retraites 2023 ». La plupart des organisations politiques de gauche ont plus ou moins soutenu ce mouvement du 10 septembre, bien qu’elles tardent à entrer concrètement dans la bataille une fois leurs communiqués envoyés.

Nous avons besoin d’initiatives plus construites de façon unitaire, massive, joyeuse et non-violente !

Mais, sans attendre, des collectifs de Gilets jaunes, plusieurs fédérations syndicales, des syndicats locaux, des collectifs de citoyens et de militants, ne veulent plus de manifestations saute-mouton (une journée de lutte toutes les six semaines, comme pour la bataille des retraites) insuffisantes en termes de rapport de forces face à l’intransigeance du capital. Nous avons besoin d’initiatives plus construites de façon unitaire, massive, joyeuse et non-violente ! Non violente, car la violence sert le pouvoir de l’extrême centre et est favorable à la montée de l’extrême droite ! Pour une préparation à la grève, il faut rencontrer tous les salariés un par un en plus du reste. Cela fait des lustres que les tracts ne suffisent plus. Encore faut-il distribuer aux portes des entreprises et sur les marchés populaires… Les réseaux sociaux ne suffisent pas. Les lignes bougent du côté de la CGT(1)https://www.cgt.fr/actualites/mobilisation/construisons-un-processus-de-lutte-pour-gagner-construisons-la-greve. et de SOLIDAIRES(2)https://solidaires.org/sinformer-et-agir/actualites-et-mobilisations/communiques/greve-et-mobilisations-des-le-10-septembre-pour-une-autre-politique-budgetaire-sociale-et-le-partage-des-richesses/. avec des appels clairs à soutenir le mouvement du 10 septembre et à construire la grève.

L’intersyndicale appelle à une journée de manifestations et de grève le jeudi 18 septembre(3)https://www.cfdt.fr/sinformer/communiques-de-presse/communique-de-presse-intersyndical-les-sacrifices-pour-le-monde-du-travail-ca-suffit., sans parler du 10 septembre ! Cela va chauffer dans les réseaux syndicaux engagés dans la construction du 10 septembre. À nous de dynamiser le mouvement à partir du 10 septembre pour déborder au-delà du 18 septembre.

Assemblées populaires de résistance partout !

Nous ne voulons pas des 44 milliards d’austérité de Macron-Bayrou, mais nous voulons le double, soit 88 milliards de bonus pour les salaires, les conditions de travail, l’école, les services publics et la Sécurité sociale !

Pour les assemblées populaires de résistance, il faut inviter au plus large ! Ces mouvements sociaux ne veulent plus de la mascarade du « conclave des retraites », des « dialogues sociaux sans lendemain », de l’augmentation de la pauvreté, des inégalités sociales, des 211 milliards d’aides de l’État aux grandes entreprises sans contreparties, uniquement pour augmenter les dividendes versés aux actionnaires, l’augmentation de la mortalité infantile, le retour du scorbut(4)Lire l’article d’Olivier Nobile dans ce même numéro : https://www.gaucherepublicaine.org/respublica-societe/respublica-crise-sanitaire/sante-plan-dausterite-bayrou-2026/7438818., la désertification des services publics, l’austérité pour la Sécurité sociale, une école à plusieurs vitesses, une société d’héritiers, des morts au travail, etc. Nous ne voulons pas des 44 milliards d’austérité de Macron-Bayrou, mais nous voulons le double, soit 88 milliards de bonus pour les salaires, les conditions de travail, l’école, les services publics et la Sécurité sociale !

C’est pourquoi, dans les discussions, on parle de blocage conséquent de l’économie, de 1936, de 1968, du 16 janvier 1994 (déjà face à Bayrou avec 1 million de manifestants à Paris), de 1995, où, à chaque fois, répétons-le, cela a démarré de la base et non du sommet des organisations. Même si nous ne savons pas si le peuple se saisira ou pas de cette initiative pour en faire une initiative massive et nationale, ces mouvements ne veulent plus de l’ancienne stratégie promue par des directions syndicales et politiques qui n’ont accumulé que des défaites depuis 30 ans. Car le dernier mouvement des retraites a montré que ce gouvernement d’extrême centre n’a pas desserré l’étau, malgré une opposition de 90 % des actifs et des deux tiers de la population et de 3 millions de manifestants, à sa contre-réforme des retraites. Il faut donc en faire plus !

C’est pourquoi nous estimons que cette date du 10 septembre pourrait permettre d’ouvrir partout des mouvements de grèves et d’AG dans les ateliers, dans les services, mais aussi dans des assemblées populaires de résistance, dans des réunions publiques, dans des collectifs divers, la perspective de mouvements plus construits et plus forts que les mouvements précédents.

Avec ou sans Bayrou, généralisons la lutte partout !

Le 8 septembre, Bayrou « risque » de ne pas avoir la confiance de l’Assemblée nationale. Et donc de présenter la démission de son gouvernement. Quelle que soit l’option retenue par Macron, demander à Bayrou un autre gouvernement, chercher un autre premier ministre, solliciter pour mieux le piéger le NFP (Nouveau Front Populaire), dissoudre l’Assemblée nationale (sans doute l’option la plus vraisemblable).

Il est nécessaire de construire un Programme Politique Populaire qui donne des perspectives positives au mouvement et qui renvoie l’extrême centre, les droites (RN compris) dans les cordes.

Le mouvement social en construction doit aussi parler politique. Il est nécessaire de construire un Programme Politique Populaire qui donne des perspectives positives au mouvement et qui renvoie l’extrême centre, les droites (RN compris) dans les cordes. Imposer dans le débat public des axes sur les salaires, le logement, les transports en commun et des réformes fiscales, sociales et écologiques favorables à l’immense majorité des salariés (public, privé), chômeurs, précaires, jeunes, retraités, etc., sera le bon moyen de faire reculer les idées de division portées par les réactionnaires et leurs médias.

Les conditions pour gagner

Mais il y a des conditions pour gagner. D’abord, ne pas se poser les questions inutiles. Par exemple, quelle organisation va pouvoir structurer le mouvement ? Inutile, puisque nous savons déjà qu’il n’y en a aucune. Pourquoi ? Parce que la gauche politique et syndicale est trop fracturée et éclatée. Parce qu’aucune ne pratique la double besogne(5)Travailler à des conquêtes sociales et ouvrir des perspectives politiques de sortie du capitalisme. qui était déjà dans la charte d’Amiens du syndicalisme en 1906 !  

Ensuite, travailler à centrer sur l’essentiel de la séquence, à savoir uniquement sur l’objectif central du retrait total du plan Macron-Bayrou ! Que ce travail associatif, syndical et politique se fasse dans l’unité la plus large possible, même avec des gens avec qui il y a des désaccords. Terminons-en avec les « je sais tout » groupusculaires !

Enfin, structurer les débats sur les questions essentielles et sur les contenus politiques. Toutes les études d’opinion montrent que la majorité du peuple met en tête de gondole de leurs souhaits les salaires, les conditions de travail et le développement. La majorité revendique une amélioration de la sphère de constitution des libertés (école, services publics, Sécurité sociale). Tiens, on va fêter dans les semaines qui viennent les 80 ans de la Sécu (660 milliards de budget). Et bien, non à la simple commémoration du passé, mais oui à la lutte pour mettre fin à l’austérité, et oui au développement économique et social des citoyens, des assurés sociaux et de leurs familles avec l’instauration d’une Sécurité sociale intégrale qui assure l’universalité des droits !

Et le tout dans une démarche unitaire, massive, joyeuse et sans violence !