De nouvelles tâches pour les 7 et 11 février et au-delà

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31 janvier à Paris : le SO du carré de tête. DR

De 1,6 à 2 millions de personnes dans les rues le 19 janvier (voir nos précédents articles à ce sujet : https://www.gaucherepublicaine.org/editorial/19-janvier-pour-le-retrait-du-projet-macron-borne-sur-les-retraites/7432912, https://www.gaucherepublicaine.org/editorial/19-janvier-2023-un-tournant-vers-une-nouvelle-sequence-favorable-au-monde-du-travail/7432975), nous voici de 2,1 à 2,5 millions dans les rues le 31 janvier. Les nouvelles dates fournies par l’intersyndicale sont celles du 7 février et du 11 février. C’est surtout grâce au privé que cette poussée a eu lieu dans la mesure où le public a légèrement fléchi. Forte mobilisation étudiante dans les villes universitaires. Mobilisation lycéenne modeste. Les raffineries ont obtenu un niveau élevé de grévistes à plus de 75 %. Les électriciens ont joué les Robin des bois et ont donc été très bien reçus par l’opinion publique.

Manipulation des chiffres pour minimiser l’ampleur du mouvement

La palme du ridicule qui ne tue plus est pour le cabinet Occurrence qui est censé compter les manifestants pour les médias complaisants au capitalisme. Ce cabinet a réussi le tour de force de ne compter que 55 000 manifestants à Paris contre 87 000 pour le ministère de l’Intérieur avec une réalité de plus de 300 000 ! Là encore, il suffit de noter que cette fois-ci l’intersyndicale a choisi les avenues les plus larges de Paris et il suffirait de revoir la densité de la place d’Italie et le temps nécessaire pour la vider, ainsi que les surfaces des avenues jusqu’à la place Vauban, pour corroborer notre propos.

Prolongement du mouvement

Il est prévu que la journée du 7 février pour tous et toutes aille de pair avec un appel à la grève des cheminots à l’initiative de la CGT et Sud-Rail. Si les raffineries et les transports sont en même temps, cette fois-ci, au rendez-vous de la grève, il se pourrait que des députés de l’extrême centre (1)Pierre Serna, L’extrême centre ou le poison français et de la droite commencent à avoir peur pour leur réélection. Mais pour cela, il faut des conditions nouvelles.

D’abord garder le soutien de l’opinion publique et organiser massivement les caisses de grève à partir des confédérations, fédérations et UD. Ensuite, ne pas perdre son temps dans des meetings de l’entre-soi militant qui ne gagnent aucun manifestant nouveau et privilégier les réunions de formation et d’éducation populaire refondée largement ouvertes au public.
Cela nous rappelle que, déjà en 2005, dans la campagne pour le non au référendum, un débat exista entre plusieurs types de campagnes. D’un côté, ceux qui exigeaient la distribution du traité de Lisbonne à tous les présents à la réunion, puis organisaient une lecture des articles sur diaporama avant la discussion des articles controversés ; de l’autre ceux qui fustigeaient un article sans qu’il puisse être lu par le public. Quand le Réseau Éducation Populaire a vu le jour en 2011-2012, il fut un continuateur des premiers nommés dans ce qu’il qualifia alors d’éducation populaire refondée.

Grève générale : le moment est-il venu ?

La perspective d’une grève générale trotte dans la tête de nombreux acteurs de la mobilisation actuelle. Cette tactique militante faisait déjà l’objet de débats, voire de controverses, dès l’origine des mouvements revendicatifs ouvriers. Jean Jaurès donnait son point de vue, toujours d’actualité, sur la question en parlant de grève générale émancipatrice. De prime abord, une grève générale ne signifie pas forcément que tous les travailleurs, que la totalité des ouvriers soient en grève, mais qu’elle concerne les salariés des corporations les plus importantes, celles qui dominent tout le système économique et qui disposent d’un fort pouvoir de blocage.

La question se pose de savoir si les conditions sont réunies, à savoir :

  • La classe ouvrière, les travailleurs en général doivent se sentir profondément concernés par le motif de la grève générale ;
  • Il faut qu’une grande partie de l’opinion soit convaincue de la légitimité des revendications et que cette opinion soit travaillée et préparée ;
  • Il faut montrer à l’opinion générale que les revendications sont réalisables immédiatement.

Ces conditions paraissent être remplies. La principale difficulté réside dans l’unité syndicale dans la durée et dans le développement d’une démocratie au sein des entreprises et des syndicats entre les travailleurs. Précisons néanmoins qu’une telle grève ne se décrète pas et fait suite à une suite d’événements comme le montre l’histoire des révolutions et autres transformations sociales et politiques. Et que l’histoire sociale montre que les travailleurs ont développé régulièrement de nouveaux modes d’action suite aux débats démocratiques entre travailleurs quand cette démocratie a été installée dans l’entreprise et dans les syndicats. Alors place à la démocratie sociale !

Pour l’émergence de cercles militants transpartisans

Là, il s’agit de faire de même pour les retraites comme le fait le Réseau Éducation Populaire (www.reseaueducationpopulaire.info) en reprenant le projet du Conseil national de la Résistance et des quatre conditions révolutionnaires de la Sécurité sociale de 1945-46, toutes les contre-réformes à partir de celles des ordonnances du général de Gaulle de 1967, la loi Chirac-Seguin de 1987, la loi Balladur de 1993, les lois Fillon de 2003 et 2008, les lois Sarkozy de 2010, et Hollande de 2013, et de montrer la courbe descendante des taux de remplacement moyens (montant de la pension sur le dernier salaire) de 71 % dans les années 80 aux environs de 35 % calculés pour l’année 2070 par le Conseil d’orientation des retraites (COR), de prendre un par un les mensonges du gouvernement (les fonctionnaires et les retraités sont riches, le problème des retraites est un problème principalement démographique, il faut augmenter l’âge légal de la retraite puisque l’on vit plus longtemps, le système est menacé, etc.) en allant au fond des choses et en analysant correctement la réalité des inégalités sociales. Et, bien sûr, montrer qu’un euro de cotisation sociale n’est pas la même chose qu’un euro d’impôt, montrer la réalité de la lutte des classes avec deux schémas : la déformation du partage de la valeur ajoutée et les courbes des revenus de distribution par rapport au revenu primaire (le salaire pour le plus grand nombre) en précisant ce qui relève du droit social, de la charité et du privé lucratif.

Or tout cela peut se faire en montant un cercle militant (voir www.combatlaiquecombatsocial.net) pour débattre, approfondir à partir des articles de ReSPUBLICA.

Hasta la victoria siempre (jusqu’à la victoire finale) !

Notes de bas de page